Mois : novembre 2023

Lettre à mes enfants

Mes enfants, au-dessus de vos berceaux, nous vous avons fait la promesse, de vous emmener percevoir la magie de notre planète.

Voyager, vous ouvrir l’esprit, plus d’aventures, de rencontres, plus d’épreuves aussi. Notre richesse à nous : le temps passé ensemble, tous les 5, s’apprivoiser, se comprendre, et respecter autant que possible les émotions et rythmes de chacun.

On voudrait parfois nous présenter le monde comme un endroit hostile. Il n’en est rien, soyez rassurés. C’est un joyeux fouillis, et évidemment, il n’y a pas que des anges, loin de là. Personne n’y est parfait, nous les premiers.

Nous avons eu la chance, lors de nos précédents voyages, de faire de belles rencontres, gravées à jamais dans nos mémoires. Une porte ouverte, une main tendue, un repas partagé après des journées avec des parcours difficiles ou une météo hostile. En tout cas, nous sommes revenus la tête dans les étoiles avec un optimisme à toute épreuve. Avec bonheur, nous observons que cela est en train de déteindre sur vous.

J’espère que nous sommes en train de vous apprendre, au cours de ce voyage, qu’il n’y a pas plus beau trésor dans cette vie que de se reconnaître dans tous les hommes et femmes que nous croisons et qui sont pourtant si différents.

Nous avons des convictions fortes : continuer les randonnées, les périples à vélo, les bivouacs avec vous 3, vous transmettre notre passion du voyage, profiter d’une vie d’amour et d’eau fraîche et minimaliste.

Mais quand vient l’heure de s’engager dans le désert après 4 mois de voyage, que la mécanique des couches, de la nourriture et des nuits parfois difficiles s’ajoutent au dénivelé et à la météo, nos certitudes s’évaporent. Comment ne pas douter aussi devant les codes de parentalité que la société a placés sur notre route ?

Alors que le doute s’installe et que nous replanifions notre voyage, vous avez le sourire du soir au matin, vous allez vers les autres et vous nous offrez volontiers votre énergie et joie de vivre. 

C’est en partageant du temps avec vous, en vous observant que nous trouvons nos propres réponses, non sans faire quelques détours en chemin …

Anna, Agathe, Antoine, ce soir, je voulais vous dire merci pour votre enthousiasme et de nous dire au quotidien que nous avons fait le bon choix.

Alors 1,2,3, que l’aventure continue !

Votre maman qui vous aime.

Les Mexicains et leur accueil hors du commun

Bonjour à tous,

En route pour nos derniers jours américains. Nous voici face au Grand Canyon, où on se sent bien petit ! Nous en prenons plein les yeux et pour couronner cette journée sublime, Ann et Greg nous accueillent dans leur maison de façon incroyable ! Le lendemain, ils nous emmènerons même sur le lieu de travail d’Ann, un refuge pour animaux sauvages. On a regardé de près les ours noirs et grizzlis que nous avons tant voulu garder à l’écart les mois précédents. 

C’est sur ces beaux moments que nous quittons les États-Unis par San Diego. Notre cher camion U-haul nous a permis de parcourir les derniers kilomètres américains afin de passer la frontière dans les temps, avant l’expiration de notre visa, le 29 novembre, après 3 mois jour pour jour passés aux États-Unis.

Nos copains cyclos-suisses retrouvés sur la route, deux tourniquets nous obligeant à tout dépaqueter au passage de la frontière et hop… nous voici à Tijuana.

Changement de décor avec des enfants faisant la manche (et beaucoup de questions de nos enfants par conséquent), du bruit partout, des routes bondées, de la musique dans les rues et des sourires et klaxons nous étant adressés tout au long du chemin.

Nous n’empruntons pas la même route avec les Suisses. Eux prennent la 1D, une highway normalement interdite aux cyclos mais avec une superbe bande d’arrêt d’urgence. Le seul problème, si les policiers te croisent et décident de ne pas te laisser passer, tu dois faire demi-tour. Nous ne pouvons pas nous le permettre, du fait de notre faible allure et 50 kms à faire pour sortir de Tijuana au plus vite et dormir à Rosarito en zone safe. Nous voilà donc sur la road 1, busy est un faible mot… Deux kilomètres après l’avoir empruntée, Mauricio se met en warning derrière nous. Nous nous arrêtons pour Anna et lui disons que nous avons nos gilets et que nous faisons attention. Il ne veut pas en démordre, il nous escortera à ce rythme durant plus de 2 heures et demi ! Un merci n’est pas assez grand Mauricio et ton histoire nous a touchée au plus haut point.

A Rosarito, nous arrivons chez une warmshower qui n’est pas là mais qui accueille quand même dans son jardin…11 cyclos ! Nos copains suisses, un allemand et Maflang, taïwanaise. Pas très rassurée de faire la route seule, elle se rallie à notre équipage. 

En route pour Ensenada où nous voudrions fêter le « dia de los muertos  » le 1er novembre au soir. Eh bien, notre souhait a été exaucé. Et plus encore. Rencontre sur la route de Yiyos, connu à travers toute la baja, restaurateur et présent dans diverses associations. Un regard pétillant, et une femme, Olimpia, ancienne professeur d’anglais et adorable. Ils s’arrêtent à notre hauteur et nous font promettre de venir chez eux. On veut bien mais …nos copains suisses sont devant nous et on voudrait rester avec eux, cela va faire beaucoup. Et bien non, au contraire, plus il y de monde, plus on est heureux ! Rdv est pris pour le lendemain. A notre arrivée, Yiyos met les petits plats dans les grands et cuisine pour nous sa spécialité : tortillas aux crevettes et poissons, un délice ! Et ils nous emmèneront à la fête des morts.

Lors de ces fêtes, il y a des autels avec les photos des défunts, accompagnés de choses qu’ils aimaient et des bougies. De la musique, de la nourriture traditionnelle, des fleurs et…des sourires et de la joie car c’est ce que les défunts voudraient. Quel bain culturel. Yiyos, lorsqu’il nous a croisé revenait des funérailles de son frère. Lors de la fête, il nous l’a présenté devant l’autel. Devant nos mines sérieuses, ils nous a pris par la main, nous a dit de sourire et de danser pour son frère. Quelle leçon de vie ! Mauricio a fait 3h de route aller/retour pour nous retrouver à cette fête avec sa famille !

Nous sommes repartis de chez Olympia et Yiyos les larmes aux yeux. Nous partons pour une traversée de désert où nous penserons de nombreuses fois à la vuelta familia qui a fait cette traversée au mois d’août. Waouh ! Cela monte mais les températures sont agréables. Le paysage est sublime, sauf si tu regardes les détritus sur le bas côté de la route…

Une chaîne de solidarité s’est établie grâce à Yiyos. Nous sommes invités à dormir/manger à différents endroits de la Baya. Ils sont tous ravis de nous accueillir et débordent d’une joie communicative. Nous apprenons avec grand plaisir l’espagnol (pourquoi avons-nous fait allemand première langue alors que tous les allemands parlent anglais?…) et espérons nous faire comprendre d’ici peu.

La nourriture est excellente, nous mangeons des tortillas dans la rue et apprécions de ne pas cuisiner à tous les repas. Nous avons rarement vu un peuple aussi accueillant et prévenant. Anna est une star à elle toute seule. Les Mexicains lui adressent de grands sourires, la prennent dans les bras. Suivant l’heure qu’il est, elle réagit en éclatant de rire, en souriant ou… en pleurant ! Les grands ne sont pas en reste, ils repartent toujours avec quelques mots adorables, un petit gâteau ou un câlin qu’ils rendent avec joie. Merci pour votre joie communicative pour cette entrée au Mexique. L’acclimatation à votre culture nous est beaucoup plus facile par cette manière.

Nous retirons de l’argent à la pharmacie, allons chercher de l’eau potable dans les petits magasins avec nos poches à eau (l’eau n’est pas potable à travers tout le Mexique), mettons le papier toilette dans la poubelle car les tuyaux des toilettes sont trop petits,…bref, nous nous habituons à notre nouveau quotidien.

Nous sommes désormais à San Felipe en bord de mer de Cortés pour un repos de plusieurs jours dont nous rêvions depuis quelques semaines. Nous profitons de nos copains suisses et nos copains bretons qui sont en van. Un air de vacances flotte ! Nous avons croisé ces deux familles tout au long de cette dernière semaine, vraiment chouette pour les enfants et… les parents !

Un point sur ces quatre premiers mois de voyage est fait. Nous prenons la décision de ne pas faire la Baja à vélo, notre logistique ne suit pas, notamment pour l’eau dans le désert. Nous sommes arrivés à nos limites et avec lucidité, travaillons sur notre nouveau parcours. Un vol interne vers le Mexique continental à partir de La Paz sonne comme une évidence. Merci à Léa et Aurel et Helo pour leur aide précieuse.  Et merci à A2 de changer tes plans.

Le coin des anecdotes

– Comme les Moustachouze à Québec, nous nous sommes vu obliger de faire une étude sociologique sur les happy meal au McDo aux States. Là bas, pas de potatoes, que des frites. Et fruit obligatoire pour l’happy meal, pas de glace.

-Mauricio, notre « escort » de Tijuana fait parti d’un club de pêche. Il a diffusé notre lien Facebook (très populaire au Mexique). Et notre site s’est diffusé… dans plusieurs familles de la Baja. La french family est donc invitée à divers endroits de la Baja et les invitations ne se refusent pas !

-N’ayant plus Mauricio pour nous escorter et la route 1 étant vraiment trop dangereuse à cause du trafic, nous demandons au péage l’autorisation de prendre la route 1D. Autorisation accordée. A l’approche d’Ensenada, les sirènes de police retentissent. C’est pour nous… Arrêt obligatoire. Plus le droit de continuer… On fait comment alors ? On débute l’espagnol et essayons de nous faire comprendre avec la garde nationale… Les paramedics arrivent, la docteur parle anglais. Il nous restait 12 kms de descente avant la fin de l’autoroute. Nous les ferons… en ambulance et nos vélos sur 1 camion de dépannage…(gratuitement). Les gardes et les paramedics étaient adorables et voulaient simplement assurer notre sécurité.