Mois : avril 2024

La Turquie, le paradis !

Bonjour,

Nous revoilà, un peu plus grassouillets grâce (ou à cause ?) de la délicieuse nourriture et des nombreux repas partagés avec les charmants turcs rencontrés sur notre route.

Alors reprenons notre récit au 24 mars. Nous fêtons comme il se doit les 7 ans d’Agathe et les 9 ans d’Antoine. Jour de repos dans la maison de la communauté cyclo d’Eskişehir où nous sommes hébergés. La veille au soir, nous avions fait la fête avec ces belles personnes à notre arrivée avec barbecue, musique, … Le lendemain, le jour J, nous nous rendons tous les 5 dans un parc avec jeux en plein air et resto à la clef. Les enfants sont ravis (et surexcités) et nous aussi. Il nous tenait à cœur de faire quelque chose de différent le jour de leurs anniversaires. Nous resterons 2 jours de plus à Eskişehir, laissant la vague de froid passée. Cela nous permet de visiter le superbe musée de sciences (prix dérisoire de l’entrée : 35 lires turques soit 1 euro).

Nous remontons par la suite sur nos vélos, continuant dans les montagnes. Les champs d’oliviers ont laissé place aux bergers (qui montent sur un âne) avec qui on papote lors de nos pauses pique-nique. On aura le plaisir de goûter leur bon fromage et d’apprendre qu’il y a des loups et des chacals dans les montagnes. On comprend mieux la présence systématique de deux chiens de troupeau avec les moutons. On aura même la chance lors d’un bivouac, d’entendre une meute de chacals contourner notre campement en aboyant.

Un soir, nous nous arrêtons pour chercher une petite supérette. On demande à Yüksel notre route ; on finira par camper dans son jardin et Süheyla, sa femme, nous apprendra à faire du pain. Les enfants devaient faire leurs devoirs, le thème sera … travaux pratiques. Le soir, après la rupture du jeûne (nous sommes encore dans le mois du ramadan), nous partageons leur repas, véritable festin. Le lendemain, du lait frais nous attend. Ils ont été traire les vaches de la tante habitant à côté pour qu’on se régale.

Cela fait 6 jours que nous roulons sans pause et avec nos 600 m de dénivelé positif quotidien, les jambes ont besoin de repos et d’un peu de confort malgré des spots de bivouacs sauvages magnifiques.

Quand tu cherches un hôtel indiqué sur Google Maps et que tu ne le trouves pas, tu demandes ta route. Cumhur nous indique que l’hôtel est fermé mais que sa maison, elle, est grande ouverte ; cela crée encore une jolie rencontre ! Les parents d’Aydin et Medine, qui eux vivent en France (merci à eux pour les traductions via Whatsapp vidéo !) nous ouvrent grand les portes de leur maison et nous offrirons une journée de repos dans la maison de vacances d’Aydin en partageant temps et repas avec toute sa famille. Ils nous emmèneront même visiter une ville souterraine datant de 2700 ans !

Nos journées sont chaudes mais dès 18h, il fait très froid, nous sommes en altitude. Nous refusons parfois des invitations car nous voulons poursuivre tout de même la route ! Nous avons en vue la Cappadoce ! Nous quittons le Sufi trail pour rejoindre Beysehir où nous attend Mustafa, un homme chaleureux et très attentionné dont nous avons eu le contact via le réseau warmshowers. Responsable du club de vélo de la ville, il  nous annonce que le sponsor du Club nous offre 2 nuits d’hôtels avec petit-déj et nous offre 4 superbes t-shirt de vélo ! Il fait 2 degrés, on le regarde tout sourire, les enfants le remercie avec grande joie !

Nos vélos sont laissés dans le garage de l’hôtel. On a décidé de louer une voiture durant 1 semaine et de troquer nos vélos pour nos sacs à dos pour se rendre en Capadoce (la route entre Konya et Gorême est assez monotone avec 300 kms de ligne droite dans une plaine désertique et nous ne voulons pas arriver trop tard en Grèce pour la chaleur). Nous partons donc faire de l’itinérance mais à pied cette fois-ci.

On partage le cadeau d’anniversaire des enfants avec émotion : un tour de montgolfière au milieu d’une centaine de montgolfières (lever très matinal à 4h30 du matin !). Féérique ! Nos bivouacs sauvages nous permettent d’admirer les cheminées de fées et les montgolfières, seuls au monde. Nous faisons aussi de l’histoire en visitant : un caravansérail, lieu où les caravanes de marchands faisaient jadis étape sur la route de la soie ; une ville souterraine de 18 étages de plus de 3000 ans (dédale de tunnels impressionnant) ; village troglodyte où turcs musulmans et grecs chrétiens cohabitaient ; château troglodyte,…

Et puis, nouvelle aventure, nous partons avec nos sacs à dos en itinérance mais à pied cette fois-ci avec nos 3 loulous dans un canyon dans la vallée d’Ihlara. Même en mode minimaliste, nos sacs à dos sont bien remplis mais tout le monde joue le jeu. Belle expérience que nous souhaitons renouveler sur certaines parties du parcours restant. Bref, une semaine hors du temps ! 

Nous repartons maintenant  pour notre deuxième stage montagne de Turquie, dans les monts Taurus cette fois ci. 400 kms et pas moins de 6000m de dénivelé pour traverser puis longer cette chaine de montagnes sur la côte Lycienne. Ça devrait être magnifique, riche en patrimoine historique, et un peu dur aussi …

A bientôt, la French Family

Le coin des anecdotes

A Eskişehir, on nous demande si on peut nous interviewer. Nous acceptons et passons une soirée mémorable de fous rires. Il ne doit pas y avoir trop de bruit pour le son (reportage vidéo) : cela commence par Anna qui fait cogner la gourde contre la table, puis une meute de chiens qui aboie pendant 30 minutes, un train de marchandises qui passe, des avions de chasse en plein entrainement puis Antoine et Agathe qui en ont marre et commencent à jouer en faisant un max de bruit, sans oublier l’appel à la prière. Cela devait durer 15 minutes, on en a eu pour 2h30. On a finit par prendre l’apéro tous ensemble le temps que le calme revienne. 

Dédicace à nos coiffeuses de tout temps (Maryse, Claudine, Ghuilaine et Coralie) :  tu oses demander à tes hôtes si le lendemain, un rendez-vous chez le coiffeur est possible. Et bien, on vient de finir le repas et le thé, il est 22h et ils te disent : les hommes, vous partez au salon de coiffure ; les femmes, vous, vous allez partir chez la voisine (les femmes se font toujours coiffer à la maison). Antoine et Julien partent au salon avec Cumhur : le salon est ouvert tant qu’il y a du monde. Poêle à bois dans le salon, une théière posée dessus, coiffeur avec la clope au bec. On a remonté le temps et c’est génial. Des ambiances comme ça n’existe presque plus chez nous. Concernant les filles, nous partons avec Kezban, sa fille et sa belle-sœur chez la voisine (dans la salle de bain de la voisine pour être tout à fait exact) dans un espèce de tuc-tuc. Heure de la coupe de cheveux sans que cela ne pose le moindre problème : 22h30. Vive les Turcs, leur sens de l’accueil et leur gentillesse. On a beaucoup ri avec Agathe quand la coiffeuse nous dit : la coupe vous plaît ? Bah… on ne sait pas, il n’y a pas de glace…

Petit instant émotion pour finir l’article (si vous versez une petite larme et que cela vous brouille la vue, au moins vous aurez tout lu).

Le contexte : problème de roue sur le Trek + problème de manette de frein sur le Pino = on s’arrête à un magasin de vélo. Il est 14h30 ; on repart du magasin à 17h, il nous faut sortir de la ville pour trouver un lieu de bivouac. Une voiture se met en warning, un homme nous interpelle. Comme Anna dort dans la remorque, Julien lui dit : « désolé, le bébé dort,  je ne m’arrête pas. » Je m’arrête à sa hauteur : Hassan nous demande de dormir chez lui. On lui dit que pour nous tout est ok, qu’on ne veut pas déranger. Hassan me dit que ce n’est pas une question, qu’une invitation ne se refuse pas et me met son téléphone dans la main en me disant de le garder car il y a son adresse indiquée sur Google Maps. Nous les suivons et 30 minutes plus tard, nous apprenons leur histoire.

Hassan et Selver sont originaires de Malatya. Ils ont tout perdu lors du tremblement de terre ayant frappé leur ville il y a un an. Selver était alors enceinte de 8 mois et leur premier enfant avait à ce moment là 2 ans. Ils ont été pendant 1 mois dans la rue et ont décidé de déménager loin de cette ville avec leurs 2 mamans. Ils sont traumatisés et ne veulent plus jamais retourner là-bas. Leur histoire  nous laissent sans voix et très émus. Ils se font une joie de passer du temps avec nous alors qu’ils n’ont plus rien. Cette leçon de vie, de partage et de courage !

Nous découvrons avec eux une nouvelle religion, l’alévisme. Cette population était à l’époque nomade ou semi-nomade, ce qui explique nos repas pris avec eux par terre autour d’un grand plateau. Bravo pour ce que vous êtes et ce que vous dégagez Hassan et Selver. Ils ont donné comme nom à leur petite fille : Güneş, qui signifie soleil en français.