Canada & Etats-Unis

Du soleil, des canyons et des amis ! 

Hello !

Ça y est, nous avons passé le col ! Notre premier 3000m à vélo pour les enfants et moi. Marion, elle, a déjà traversé la Cordillère des Andes. Mais malgré ses précédents exploits avec Lulu, la montée a été rude pour toute la famille. Faut pas rêver, ça grimpe, il y a moins d’oxygène, il fait froid et sur les 20 derniers kilomètres il n’y a pas de bande cyclable et beaucoup de camions de chantier (ceux qui refont les gravels roads et qui roulent très vite en convoi … on adore). 

Heureusement les paysages sont encore une fois sublimes et surtout le passage du col est synonyme pour nous d’une grosse descente. Après 35km de chute libre, dans un magnifique canyon, nous avons perdu 1300m d’altitude et GAGNE 13 degrés ! Le bonheur. 

Nous profitons de la douceur et d’une journée de repos à Cedear City. Au programme : cours de danse collectif au parc et théâtre. La ville accueille une compétition de Shakespeare sur 3 jours. 120 écoles et leur troupe de théâtre viennent performer sur 10 minutes. Nous avons pu profiter de la session danse (ou team building) de l’une de ces écoles et assister à 3 représentations. On aurait aimé des sous titres en français mais on a adoré l’ambiance dans la ville et les mises en scène délirantes.

Après ce premier break de repos, nous décidons de réduire notre boucle dans l’Utah, en l’amputant de sa partie Ouest dans la Pine Forest. Cette partie nous promettait trois jours à plus de 2000m avec les températures qui vont avec. Mais comme on dit: « Tout arrive pour une bonne chose ! » Notre nouveau trajet nous offre une rando merveilleuse dans le canyon de Kanara. Les pieds dans l’eau, la tête dans les couleurs d’automne et les méandres des falaises, jusqu’aux cascades.

Un petit tour sur l’autoroute interstate 15 s’avère inévitable pour finir de descendre la vallée qui nous conduit dans les environs de St George. On ne ferait jamais ça en France ! Mais là c’est l’Amérique ! L’autoroute est gratuite, elle peut donc constituer l’unique route pour traverser un territoire et est, pour cette raison, autorisée aux cyclos. C’est quand même bien pensé. Clairement on n’a pas aimé, mais la sensation de danger n’est pas plus élevée que sur certaines départementales à fort trafic de Gironde sans bande cyclable. 

Après ces quelques kilomètres à sensation, nous retrouvons avec joie Paul et Suzanne qui nous avaient accueillis à Calgary. Amoureux de vélo, de rando, de l’Utah et des Rocheuses, ils nous avaient chouchoutés pendant 5 jours, conseillés sur notre sortie de la Great Divide, et sur l’intérêt de passer un mois en Utah.

Julien a lâché le clavier pour faire un cours d’espagnol. Je reprends donc. Nous passons 4 jours fantastiques au côté de Paul et Suzanne. Nous avons l’impression de les connaitre depuis toujours. Ils sont en vacances pour un mois et nous avons programmé de nous recroiser. Ils nous ont livré le nouvel équipement vélo pour Anna, nous leur sommes vraiment reconnaissants. Jeux de société, repas partagés, balade vélo et visite à Zion ont rythmé nos 4 jours ensemble. Lors des promenades, pensées pour les copines de Grain de blé’s avec des grenades bio par dizaine dans les arbres non ramassées par les habitants ( si y’a pas de plastique, on ne mange pas…). Nous, perso, on en a fait une cure. Je vous envoie un petit colis ?

Le cœur serré, nous repartons sur nos montures, direction St George où nous sommes hébergés chez Felix, Judith et Pete. Halte technique de 4 jours : réparation tente/ matelas, installation du nouvel équipement de la ch’tiote (elle en profite pour sortir sa première dent, le chantier dans la tente la nuit … Agathe, pendant ce temps en perd une, beau méli-mélo de dents !) ; achat de nouvelles affaires (quand on ne peut pas les recoudre ou que la taille est vraiment trop trop petite). Pas de tout repos cette halte entre devoirs/ achats / dent qui perce… mais nécessaire avant notre entrée au Mexique. Nous sommes tout de même aller nous balader à Snow Canyon, on ne va pas se laisser aller !

Nous avions des fourmis dans les jambes après cette pause ! Une tente qui ferme, de belles shoes aux pieds, une beauté de refaite, et on repart de plus belle. Sand hollow, coral sand sur la route. Nous sommes autant gâté par la route que par les personnes rencontrées. La vie est belle !

Les Etats-Unis, c’est bientôt fini…Mais avant, on se ferait pas un dernier petit plaisir ? Allez tous en selle, on vous emmène au Grand Canyon ! Photos à suivre !

See you!

Le coin des anecdotes. 

– La rencontre avec la vieille chouette ! Juste avant de prendre l’autoroute, une cycliste qui venait de nous doubler, nous interpelle depuis le bas côté. On s’arrête et s’en suit la conversation habituelle sur notre voyage. Quand elle nous demande notre direction, nous lui indiquons le Sud et … la seule route existante est une autoroute (conseillée par Adventure Cycling). Là, la conversation détendue devient … tendue ! Elle nous invective de ne pas prendre l’autoroute. Nous répondons « on n’a pas le choix. Il n’y a pas d’autres routes ». Elle nous traite alors de mauvais parents, qui vont tuer leurs enfants. Et finit par gentiment nous insulter quand nous coupons court à la conversation. Nous avons rencontré notre première vieille peau du voyage après trois mois de périple. On s’en sort pas trop mal, niveau mauvaise rencontre.

–  Pensée pour le jumelage Erkheim – St Hilaire. Judith, nous hébergeant à St George est allemande. Gamine, elle faisait un jumelage avec des musiciens de … Montargis ! 

– La rencontre en or de la semaine sera celle avec Johan et Tom. Nous arrivons au seul camping des environs, en plein désert. Ce dernier est plein. Amoureux de la pêche, Johan et Tom sont ici car il y a un superbe lac. Ils nous invitent à planter la tente à côté de leur camping-car avec une gentillesse et bienveillance qui fait chaud au cœur. Nous papotons. S’en suivra, avec les yeux émerveillés des enfants, des chamallows grillés au feu de bois, un petit-déjeuner américain préparé avec amour et un tour de bateau pour les loulous. Un merci ne suffit pas, on emmène un bout de votre belle gentillesse dans nos cœurs !

La dune du Pyla version Utah : une couleur de sable légèrement changeante et possibilité de faire du snow dessus ! En prime, partage de temps avec une famille en or. 4 des 9 enfants étaient présents. Du home school, des enfants talentueux et tellement gais. Avione et Chelsea, nous avons tellement pensé à vous en passant du temps avec la Bryan family !

Explore – Dream – Discover

Après plus de 1800 kms sur une Great Divide éprouvante physiquement mais au combien merveilleuse, nous quittons comme prévu cet itinéraire mythique pour rejoindre l’Utah et ces paysages grandioses. La neige allait tomber, nous avions des températures négatives depuis plusieurs semaines la nuit et il commençait à faire (très) froid la journée aussi.

Nous avions également fait le choix sur les conseils avisés de Paul et Suzanne, de privilégier l’Utah et sa géologie à couper le souffle par rapport au Wyoming désertique et venteux. La dernière journée, quelle surprise ! Des rangers nous arrêtent, un ours brun est sur la route. Nous aurons la chance de le voir ! On apprendra d’ailleurs que les rangers et d’autres agents du wildlife service nous protègent depuis le début. Ils tiennent éloignés les ours attirés par l’homme, les déplacent puis abattent les ours récidivistes. D’où l’importance de ne pas les attirer en laissant accessible notre nourriture. 

Le soir venu, Anne et Ien nous accueillent et nous passerons au final pas 1 mais 4 nuits chez eux, à Wilson (village magnifique de 1200 âmes) dans le Wyoming. Ils nous proposent même de rester un mois, incroyable ! Cela nous a permis de planifier la suite du voyage, de régler quelques soucis techniques et de photographier toutes les maisons sympas de la ville pour faire les plans d’une future maison. Un conseil : c’est mieux de jouer au paparazzi avec un bébé dans le dos, ça fait moins repérage de cambrioleur. Merci à vous 2 et merci pour cette incroyable soirée internationale ! Merci aussi au directeur de l’école primaire de Wilson d’avoir laissé les enfants participer à un cours de sport avec les enfants de l’école et de les avoir laissés jouer dans la cour de récré. Pour info à destination de nos copains instits, le cours de sport débute par une sortie de la classe en passant par la fenêtre. On adore. Et ce n’est pas pour un plan attentat, mais bien pour la motricité. 

Nous voilà repartis sur les routes à bord d’un … camion de déménagement pour réaliser près de 1000kms et nous rendre dans l’Utah. Nous devons quitter les États-Unis au plus tard le 29 octobre pour le Mexique (date d’expiration de notre visa). Nous avons donc décidé de faire deux sauts de puce en camion de déménagement (on a dormi soit dans le camion soit dans la tente à côté. Et c’est mieux dans la tente). Premier saut jusqu’à Escalante effectué !

Deux places devant, mesures de sécurité absolument non respectées ; nous n’en sommes pas fiers mais c’était la seule solution pour un one-way. Et puis on faisait comme ça avant dans les années 60 : pas de ceinture, pas d’appui tête, pas de sièges bébé… mais promis on n’a pas fumé avec les fenêtres fermées dans le camion. Les enfants ont été incroyables ! Ils ne se sont pas plaint de l’exiguïté. Ils sont curieux de tout et ont pris leur mal en patience quand il fallait avancer, même pas très bien installés. Nous avons même été conviés, au hasard d’un stop, à une party d’une centaine d’américains parlant tous français ! Hots dogs délicieux, merci de ce partage ! Et à bientôt à St George.

Nous voici dans le désert de l’Utah, avec des degrés en plus ! Ces degrés sont non négligeables avec nos 3 loulous et surtout Anna. Adieu les changes complets à 3h du mat sous la tente quand il gèle dehors. Nous voilà repartis sur nos montures pour environ 1000 kms qui devraient se finir au Grand Canyon.

Rencontre fabuleuse avec 2 artistes, Isabel et Jean-Charles que nous avons rejoint au parc de Kodachrone Bassin.

Par la suite, nous avons réussi à nous retrouver avec nos copains cyclos suisses à Bryce Canyon, quel plaisir avant de se retrouver de nouveau au Mexique. Nous pouvons échanger sur nos itinéraires, joies et galères qui se ressemblent inévitablement. 

Les parcs et la route sont absolument magnifiques ! Des canyons aux hoodoos, un vrai cours géologique grandeur nature ! Merci Paul de nous avoir mis sur ce chemin ! Pour ceux qui ont cinq minutes, jetez un coup d’œil avec google street view sur la route 12 entre Boulder et Escalante. C’est une América Scenic Drive Way. Et quand les Américains disent Scenic, ils ne parlent pas de notre voiture familiale que le monde entier nous envie !

Nous sommes restés plus longtemps à Bryce Canyon, bloqués par le mauvais temps (grêle et neige fondue) ! Nous nous sommes réjouis trop vite pour les températures ! Nous sommes entre 2500 et 3000m, de la neige est annoncée. Il nous a semble préférable d’attendre 1 journée de plus pour avoir une température plus clémente à vélo. Nous n’avons pas très chaud, les curseurs de notre tente ne tiennent plus, nous devons faire de la couture mais il nous faut de nouveaux curseurs, introuvables depuis 15 jours. La remorque d’Anna n’est plus adaptée pour notre type de parcours. Avec le froid, nous sommes vraiment vulnérables lorsque nous vivons dehors. L’énergie et le sourire de nos enfants nous donnent la force d’avancer et de croire à cette incroyable aventure malgré notre fatigue. Et puis quand le moral baisse, les voisins de camping nous offrent des croissants et du gâteau d’anniversaire (notre voisine était boulangère dans la seule boulangerie française à 500 kms aux environs !) On a fait leur connaissance en leur proposant notre litre de SP95 qui ne nous était plus d’aucune utilité pour le réchaud depuis qu’on nous avait offert un adaptateur et des bouteilles de gaz. Comme plan drague, c’est foireux mais pour du gâteau et des croissants ça marche. 

Et puis nous rencontrons à la laverie où nous étions réfugiés pour avoir 1h de chaud des Bretons avec leurs deux enfants du même âge qu’Antoine et Agathe ! Nous passerons finalement la journée ensemble ! Virginie, Cédric et leur deux loulous confirment la réputation chaleureuse et bonne vivante des Bretons. On adore la Bretagne et les Bretons. 

Nous avons hier franchi la barre des 2000 kms et… la journée la plus dure du voyage. Peine perdue pour une meilleure météo, de la neige fondue nous est tombée dessus toute la journée. Agathe a aujourd’hui été au bout de ses limites, persévérante jusqu’à ce que la neige et le froid s’intensifient. Elle a craquée, elle était glacée et a même fini dans la remorque d’Anna. 44 kms et enfin un village. On s’arrête au premier motel : complet. Mais la femme nous offre chocolat chaud / thé / café et sucreries aux enfants. Elle appelle sa sœur qui tient un autre motel. Quelques minutes plus tard : une baignoire remplie d’eau chaude pour Antoine qui a serré les dents toute la journée sans jamais se plaindre, pour Agathe qui aura dépassé ses limites et séché ses larmes et Anna qui a toujours le sourire en toute circonstance. Un dessin animé et deux lits queen size plus tard (avec une sacrée discount sur le prix de la chambre, on devait faire peine à voir !), les voilà tous les 3 au pays des rêves. Et nous revoilà avec notre carte et les prévisions météo pour mettre nos 3 loulous au chaud au plus vite !

Demain, nous passons notre col à 3000m ! Nous dormons en dur et le soleil a réchauffé le cœur et le corps de chacun !

Le coin des anecdotes

Près de 1000 kms à faire avec notre camion de déménagement. Il nous en reste 20 à faire quand tout à coup, retentit derrière nous, la sirène du sheriff… la poisse. Je descends avec Anna dans les bras. Il me crie de rentrer de suite dans la cabine, la main sur son gun. Pendant ce temps, Agathe et Antoine se collent à la paroi entre les 2 sièges du camion. Il arrive à la fenêtre conducteur. Julien lui demande de parler moins vite car nous ne comprenons pas s’il parle trop vite. Au final, il nous explique simplement que dès qu’il y a un créneau pour se garer sur la droite, nous devons laisser les voitures qui vont plus vite. Nous, tellement absorbés par la route magnifique, ne regardions pas si des voitures nous suivaient. Les pulsations sont bien montées! A 5 dans un camion pour 2, nous ne faisions pas les malins !

Nous sommes à Kodachrone avec Isabel et Jean-Charles. Nous partons à 18h30 faire un petit trail à vélo. Agathe reste au camp avec Isabel pour dessiner. A notre retour, il commence à faire nuit, un groupe est installé à notre campement. Nous étions en overflow et la ranger nous avait placé là par erreur… Nous devons aller à un autre camping à 20h ; il fait nuit noire, avec nos frontales. Agathe a assuré : au lieu de dessiner, elle a tout simplement rangé tout notre campement et à tout remis dans les bonnes sacoches sous l’œil attendri d’Isabel et Jean-Charles qui lui donnaient un coup de main quand besoin. Merci à vous 3 ! La soirée aurait été vraiment galère sans vous !

Nous sommes à Hatch et devons prendre la décision de passer ou non un col à 3000m pour faire notre itinéraire prévu. Il fait un froid glacial. Décision prise de passer ce col si nous logeons en dur. Murray (qui nous avait hébergé à Helena) nous vient en aide et nous dégote gratuitement un lodge 5 étoiles ! On n’en croyait pas nos yeux ! Thanks Murray (star power!)

Le coin des naissances

On souhaite la bienvenue à un futur petit baroudeur,… Anna et toi, petit Mahé, vous avez des moyens de locomotion différents mais votre première année sera remplie de souvenirs itinérants ! A bientôt petit baroudeur ! Nous avons hâte de faire ta connaissance.

L’aventure dans l’aventure.

Oh la gadoue la gadoue la gadoue, nous susurrent gentiment à l’oreille Jane et Serge. Au bout de 500m, un pick-up s’arrête et nous dit : la piste va être grasse. Et bien… ce que dit un Américain de bon matin, s’avère vrai sur le chemin ! La boue nous empêche littéralement d’avancer ! On démonte les gardes boues sur un vélo, on coupe une partie des gardes boues au couteau pour les autres vélos… on avait l’impression de monter l’Alpe d’Huez tellement on devait s’employer pour avancer.

Moralité:  les gardes boues, c’est bien mais c’est mieux sans, en fait …

Et pour pimenter le tout, on est sans ravitaillement pendant 200kms et notre réchaud rend l’âme. Plus de gaz et impossible de le faire marcher à l’essence pour cause de fuite. Nous n’avons dans nos sacoches que de la nourriture se faisant au réchaud…

En prime, nous avons du faire 1 stop d’une journée pour cause de pluie, que nous n’avions pas prévu dans notre planif nourriture. On appelle cette accumulation de galères, « la loi des séries ».

Heureusement, une autre loi contrecarre cette première ou plutôt les valeurs humaines d’entraide et de bienveillance font que « quand tu es vraiment en galère, quelqu’un te tend la main pour t’aider ».  Dans un hameau constitué de quatre maisons, à l’annonce d’une journée de pluie intense, des fermiers nous ont ouvert une chambre dortoir dans leur ranch et nous ont offert pain-compotes et yaourts pour pouvoir manger sans réchaud pendant 3 jours sur la piste! Merci Keyssie !

Pour le soir, semoule froide ok. Mais la purée lyophilisée froide, on en parle ? « Ah bah là, c’est vraiment l’aventure comme ça » nous dira Antoine. Si tu le dis p’tit gars !

Sur cette piste, made in cold cooking, nous avons été les gardiens du cimetière de Lakeview. Impeccables les voisins, les premiers colons d’Amérique, nous ont laissé dormir tranquille ! Le panneau d’informations du cimetière nous a permis de faire un cours aux enfants sur la colonisation de l’Ouest sauvage.

Le lendemain, soleil, terre sèche, on repart comme sur des roulettes ! Et le soir, petit feu de bois pour manger chaud la fameuse purée ! L’apprentissage du feu de bois fait partie intégrante du programme scolaire des enfants cette année !

Comme dit si bien Sylvain Tesson, « il existe un rapport proportionnel entre la rareté des choses que l’on possède et l’attachement qu’on leur porte. » Pour ma part, ce sera un attachement sans commune mesure pour notre réchaud en état de marche ! 6 jours sans réchaud (impossible de trouver du gaz dans le village de Mac Inn).

Notre sauveur apparaît sur une piste nous menant au Yellowstone ! Impensable mais vrai. Vince travaille comme garde forestier. Nous avions ramassé des cèpes la veille et c’est la 20e personne que Julien arrête pour savoir si ces cèpes sont comestibles. On papote et on lui demande si on peut trouver du gaz avant l’entrée au parc de Yellowstone. Il nous dit, avancez sur la piste, je reviens.

Et là, tel un dieu-réchaud, il revient avec un adaptateur qui se connecte à notre réchaud et 2 bouteilles de propane. Yaouhhh !!! On lui fait tous la bise ! Et en plus les cèpes sont comestibles. Vince, on pense à toi à tous nos repas !

Nous arrivons le lendemain au Parc de Yellowstone. Après la solitude des montagnes, nous nous attendons à prendre un bain de foule. Au final, nous prenons une piste cyclable et ensuite une voie en travaux où seuls les cyclos peuvent passer. Nous profitons seuls au monde, des troupeaux de bisons. A la pause pique-nique et au bivouac, nous entendons des loups hurler. Féerique ! On en prend plein les yeux au niveau géologique avec des geysers et des hots springs.

Nous faisons à 90% du camping sauvage avec confort sommaire mais cela est interdit dans les parcs nationaux. Donc niveau campground dans le parc : 1 bivouac seuls au monde dans un campground back country (accessible uniquement à pied ou vélo) puis 1 accueil par Neil un après-midi, qui offre aux enfants des glaces et à nous un poulet pour le soir.

Par contre,  Anna aura dormi le jour de ses 8 mois dans des toilettes … mais des toilettes d’Américains quand même ! On vous raconte : on a passé un col à 2600m, 50 kms dans les jambes et quand on arrive au camping prévu, il est… fermé. Il est bien trop tard pour aller au prochain. Le gardien du camping fait une ronde et nous aperçoit. Il nous dit que ce n’est pas possible de camper car nous sommes dans un parc national. Mais si personne ne nous voit, on peut rester ; mais que lui ne sait rien. Et il nous désigne discrètement les toilettes qui ont été nettoyées de fond en comble. Pas le choix … Vélos cachés côté femmes, nous dormons coté hommes, face aux urinoirs. Glamour, je sais… Le matin, petit dej vite fait dans les toilettes avant de déguerpir sans que les rangers nous voient… Un grand merci à toi, gardien du GrantVillage Campground d’avoir fermé les yeux sur notre venue. Anna a été notre joker ! (je rigole toute seule devant mon écran en imaginant la tête de dégoût de ma maman en lisant ces dernières lignes !).

Une grande pensée pour Neil, Nancy, Phil, Garry, coups de cœur de ces derniers jours, pour vos sourires, gentillesse et bienveillance. Des popcorns offerts aux enfants dans une caravane au moment d’une averse à un petit bout d’emplacement prêté pour mettre notre tente sur un spot complet ; et on en passe… On est parti découvrir une partie du monde et le partage avec des gens de tout horizon nous comble. « It’s amazing » est la phrase que les gens nous disent le plus souvent dans la journée mais c’est en rencontrant des personnes comme vous que cette phrase prend tout son sens dans notre aventure.

En plus des rencontres, on en a pris plein les mirettes et cela a continué bon train à notre entrée au parc du Grand Téton.

Niveau température, il commence à faire très froid (cela fait 10 jours que l’on ne dort pas en dessous de 2000m) et on met toutes les couches que nous avons. Anna me rejoint dans mon duvet à plusieurs reprises, notamment quand il gèle pour être sûr qu’elle ne souffre pas du froid. Les enfants ne se plaignent jamais, sortent de la tente joyeusement et jouent de bon matin. On fait du feu tous les soirs. Les affaires mettent un peu de temps à sécher. Le plus fatiguant est de concilier la pluie avec les règles pour les ours. Cela nous oblige à mettre un tarp pour manger car on ne peut manger sous la tente. La logistique est beaucoup plus lourde mais la chance est avec nous : il fait plus froid qu’il ne pleut. Heureusement car avec 3 enfants sur cette route merveilleuse mais physiquement éprouvante, la logistique est déjà coriace !

Pour Anna, toujours un peu long de l’habiller/déshabiller avec des écarts de température entre la journée et la pluie d’environ 25 degrés.

Mais elle se marre donc on considère qu’elle ne souffre pas du froid, cette petite sœur « Patagonia  » comme disent Antoine et Agathe. 

On fait les devoirs quand la fatigue n’est pas trop présente ; les enfants ont appris l’histoire de Lewis et Clark et de la colonisation de l’Ouest. On est hors programme, ne faites pas de signalement à l’inspection académique svp… Nous voyons pas mal de choses sur le vélo : tables de multiplications, apprentissage de syllabes, révisions de l’imparfait, calcul mental ou encore initiation à la mécanique vélo et orientation via cartes ou GPS. Certaines fins d’après-midi, on se pose 30 minutes pour que les enfants fassent des devoirs écrits. On ne néglige pas les récréations avec les séances craquages des enfants. Ni la séance de sport : pompes, squats, gainage…

Nous sommes actuellement à Colter Bay au parc national du Grand Téton et avons repris la route de notre chère Great Divide. Feu de bois allumé tous les soirs car le froid est bel et bien là. On a parfois le wifi dans certains magasins, on récupère tous les messages/mails et on les lit tous ensemble en faisant chauffer les chamallows. Merci pour tous ces encouragements et vos nouvelles de France, du Canada et des États-Unis. 

Le coin des anecdotes

La forêt est remplie de cèpes. On en salive d’avance surtout vu l’état de nos sacoches nourriture. Mais on ne sait pas si il y a des variétés toxiques en Amérique du Nord. On demande à 2 cow-boys, puis à 1 chasseur, puis à 1 caissière de supermarché, puis à plein de monde si ils sont comestibles. Ca permet de belles rencontres ! Notamment avec le chasseur à l’arc (le physique et le look d’un nain dans le seigneur des anneaux) qui a fait un topo à Antoine et moi (dixit Ju) sur la chasse au chevreuil à 21h. Il a failli  réveiller Anna en voulant nous faire la démo de son appeau pour les chevreuils. Par contre pour les cèpes… la seule  chose qu’il en savait, c’est que la montagne en est couverte. Mais on a piqué son intérêt et l’on s’est quitté en disant que s’ils étaient comestibles, il mangerait des omelettes aux cèpes en pensant à nous. 

On n’était pas plus avancé pour les déguster. Et comme nous l’a résumé un cyclo américain, qui avait voyagé en France et qui comprenait ma frustration de Français de ne pas pouvoir manger ces cèpes : « ici, si ce n’est pas emballé, ce n’est pas comestible ». On a même provoqué, lors d’une pause lunch, un bouchon de quads sur une piste, pour savoir si ceux qu’on venait de trouver en préparant les sandwichs étaient comestibles. Une pin-up dans un des quads nous regarde d’un air dégoûté quand elle apprend qu’on voudrait les manger. Fou rire garanti !

On a découvert le principe du parc national en drive : tu ne descends pas de ta voiture. Tu t’arrêtes, tu baisses ta vitre, tu prends ta photo, tu remontes ta vitre et tu repars. Ça nous a valu une belle frayeur quand des voitures bloquent les deux voies de circulation pour prendre en photo, depuis l’habitacle, le troupeau de bisons, qui lui veut traverser la route, avec nous au milieu entre les deux files de voitures.

Nous sommes parfois l’attraction. Au parc de Yellowstone, beaucoup de touristes nous prenaient en photo quand nous faisions un stop sans même nous dire bonjour ou nous demander la permission de nous photographier. Je vous l’avoue, j’ai fait des sourires aux gens qui nous demandaient la permission et… j’ai fait des grimaces sans que les enfants me voient aux autres.

Monsieur le Directeur de Super U, impossible pour nous de manger du bison. Nous sommes des rangers juniors et nous avons prêté serment. Nous devons protéger cette espèce !

Le coin des naissances

Ces dernières semaines, la Terre a accueilli 4 petits êtres en plus que nous aimons déjà et on aimerait leur souhaiter la bienvenue ! On vous souhaite tout le bonheur du monde les petits bouts : 

– Margot, tu devrais, au vu du déroulement de ta naissance, préférer comme ta maman le vélo à la piscine ! La maman est ma copine Lucie avec qui j’ai traversé certaines routes du monde sur nos vélos, Pedro et Hilario, il y a 12 ans. Grosse pensée pour vous trois !

– Achille, Côme et Louis, on pédale pour vous donner toute notre énergie pour que vous puissiez rejoindre au plus vite vos supers mum’s à la maison ! Prenez plein de forces ! Antoine dit que vous allez faire une superbe équipe de foot et bien sur, aimerait être dans votre équipe !

Vive le vent, vive le vent, vive le vent d’enfer !

Bon matin (comme disent nos amis québécois),

Nous repartons d’Helena, capitale du Montana. Encore une ville où il ferait bon vivre. La capitale compte 35 000 habitants et ils ont une mentalité très décontractée (on peut prendre le café avec le gouverneur au capitole, c’est dire !). Helena est magnifique avec ses blocs de vieilles maisons, ses rues arborées, ses parcs, sans oublier qu’elle est entourée de montagnes. Encore un paradis pour ceux qui ne veulent pas choisir entre ville et nature.

Nous repartons gonflés à bloc grâce aux bons petits plats cuisinés par Samy et Murray (qui n’a jamais mangé une tarte aux pommes de Murray, ne sait pas ce que c’est une tarte aux pommes !). On fêtera avec eux nos 1000 kms au compteur. Un tour en train de la ville et un musée plus tard, nous revoilà sur nos montures.

Nous partons confiants, le dénivelé est moindre. Mais… nous avancerons sur plusieurs jours, péniblement à 8km/h avec un vent de face terrible. Un soir, Etien, nous voyant les traits tirés et avançant péniblement sur un chemin pas évident, nous propose gentiment la guesthouse accolée à sa maison avec 1 petit déjeuner 4 étoiles à la clef ! Ça requinque !

Les endroits de bivouacs sont moins évidents mais toujours aussi magiques, nous obligeant parfois à parcourir 55 kms en montagne. Nous sommes étonnés : pas de râles ni de pleurs des enfants. Antoine est même ravi de faire tomber son record de kilomètres. Et Agathe trouve le moyen de courir à côté du vélo avait son rire malicieux.

Nous passons nos nuits le plus souvent en bivouacs sauvages ou campground, seuls au milieu de cette nature si impressionnante et nous rendant si petits (soleil sans coin d’ombre, orage, vent, froid nous demandent vigilance et d’établir nos journées en fonction de la météo). Nous prenons également plaisir à passer du temps avec les Américains et en apprendre plus sur leur quotidien et culture. Les enfants adorent aller dans les stations-service (cela nous permet de remplir nos gourdes notamment sans avoir à filtrer notre eau) et regarder le va et vient incessant des Américains au rayon sodas. Ils se servent par litre des sodas ou des glaces pillées de toutes les couleurs, ont le choix entre dix cafés différents, qu’ils agrémentent avec dix sirops différents.

Les enfants hallucinent. On en profite pour les sensibiliser au problème du diabète. C’est comme en France pour les campagnes contre la consommation de cigarettes : quand tu veux une glace, tu as en prime la campagne de com anti-diabète.

Nous avons été invités dans diverses habitations, de niveau de vie très différents. Nous passons de repas confectionnés avec soin à des repas en mode auberge espagnole, à des prières en début de repas ou encore à des repas où 3-4 langues se mélangent… Nous avons passé deux soirées mémorables chez John, à Butte, qui accueille jusqu’à dix cyclos. Nous apprécions ces moments  de vie au sein de cette « communauté cyclo ».

Les enfants en redemandent. Ils jouent avec ces inconnus sans se faire prier, les submergent de questions, les inondent de câlins au moment des adieux. 

Ils ne font jamais aucun commentaire sur le lieu où on va, passent de lits confortables à leurs matelas à même le carrelage. Leur adaptabilité est appréciable, sans préjugé ni jugement. Si cette graine de respect pouvait continuer à germer dans leurs cœurs par la suite…

Nous avons fait de nouveaux cols et avons bivouaqué à 2300m et même 2500m (sortez couverts !). Nous arrivons dans des zones plus désertiques avec de la nourriture tous les 200 kms. Alors on planifie, on calcule, on … recalcule, on fait une liste et … on refait une liste, on cherche des lieux de bivouacs sauvages sur Google Maps, on interroge les locaux qui trouvent parfois cela « crazy » et en profite pour filmer les petits Français.

Mais la partie la plus sauvage du Montana ne nous a pas résisté. On a même eu la chance, après une journée très froide (Agathe avait legging-doudoune-cagoule- moufles …), de profiter d’un bon bain dans une source d’eau chaude. Les 2 premières leçons de bébés nageurs pour Anna se sont bien passées ! 

Il a fallu 40 kms pour passer à une montagne plus aride et plus désertique. Le vent est de plus en plus fort, on a dû alourdir les sacoches d’Antoine pour ne pas qu’il s’envole !

Et on devrait s’offrir un petit détour de 200km pour … aller rouler avec des bisons au mythique parc de Yellowstone. On s’est fait attrapé par les récits d’autres cyclos et ça donne vraiment envie. Affaire à suivre… nous sommes à Lima si vous avez une carte sous les yeux.

Le coin des petites anecdotes :

  • Un soir, 21h30, Agathe me pose une énième question de la journée. « Ecoute, Agathe, ce n’est plus l’heure, on verra cela demain ». Réponse : « Et bien si vous voulez pas répondre à nos questions, vous n’aviez qu’à pas nous faire ! »…
  • Liniment épuisé pour Anna. Impossible d’en trouver en magasin. Le côté écolo des américains ne nous a encore pas sauté aux yeux … Il n’y a que des lingettes nettoyantes en stock. Un blender emprunté, de l’huile d’olive, de l’eau et un citron plus tard, le tour est joué ! 
  • A croire que le boulot manque à Ju. Il s’est  remis à monter des planches … pour mettre la nourriture sur le toit des toilettes en béton des campgrounds. Ça va plus vite que de la hisser dans un arbre! Et ses gardes de nuit doivent lui manquer, il étudie certains soirs l’itinéraire jusqu’à 2h du mat… Il nous fait cela aux petits oignons, et prévoit même les itinéraires bis !
  • On a voulu aller voir un vieux pont, on laisse Antoine vous raconter mais on ne sait pas comment ils ne nous ont pas maudits … mais il était beau ce pont !

On vous souhaite une belle rentrée à tous, petits (et particulièrement à Aubin, Néha, Margaux, Elsa et Martin pour leur grande première) et grands (et oui on a pas mal de potes instits). 

Prenez soin de vous ! A bientôt sur les ondes!

La french family

La French Family

15 jours, 6 cols dont 2 à plus de 2000 mètres, deux coyotes, un ours et quelques (nombreuses) gouttes de sueur plus tard, nous revoilà !

Voici quelques photos des configurations possibles avec nos montures. On pense avoir tout essayé désormais ! Le changement a permis d’éviter les pleurs et que tout le monde ait le moral au beau fixe. Pour info, le tire vélo a été utilisé sur 3 km en fin de col mais Antoine préfère pédaler seul.

Niveau logistique : plus on est nombreux, plus on est lourd, plus on est lent, plus on doit prévoir nourriture et eau. Du coup on est encore plus lourd, donc encore plus lent et on doit prendre encore plus de nourriture et d’eau … Bref c’est un cercle vicieux.

À l’inverse, être léger est un cercle vertueux. Pour l’eau, nous filtrons de l’eau dans les rivières (nous avons avec nous 3 poches d’eau MSR de 4L, 6L et 10L). Les applications GPS « Osmand » et « Google Maps » en mode hors ligne nous permettent d’analyser le tracé et les rivières précisément afin de remplir nos poches à eau de façon opportune. Autant vous dire que lorsque les 3 loulous sont couchés après un bon feu de camp (qu’ils préparent eux-même désormais), nous étudions carte et itinéraire.

Les enfants nous bluffent. On se posait la question pour un des cols à 2000m. On leur a laissé le choix entre la route et la gravel road avec un dénivelé 2 fois plus important (on est tout de même de gentils parents). Et ils ont voulu partir sur les chemins caillouteux de montagne. On ne s’est pas fait prier! 

« If you loose faith in humanity, just grab in bike, and travel. » Et effectivement, nos rencontres sont source d’inspiration : arrivés à Seeley Lake après 6 jours dans les montagnes, seuls au monde, on se fait héler au niveau du marché. Une femme nous offre 4 énormes muffins au chocolat. Miam ! S’ensuit une discussion avec elle et son mari, et ça papote ça papote. 30 minutes plus tard, notre tente est plantée dans leur jardin. Et une rencontre fabuleuse se réalise.

Avione et Chelsea ont 5 enfants de 2 à 12 ans. Chelsea fait l’école à la maison, excellente cuisinière et boulangère, elle vend ses pains et pâtisseries au marché ; Avione travaille le bois, répare et revend toute sorte de matériels. Les enfants font beaucoup de travaux manuels dans la journée (le plus grand, par exemple, travaille le bois et vend des planches à découper au marché). Les enfants se débrouillent pour tous les gestes du quotidien : faire à manger, créer, entraide entre eux, aller nourrir les chevaux en quad, … Bref on a rencontré la famille de Capitaine Fantastique ! 

Nous traversons en ce moment des villages où seules les stations services peuvent nous nourrir à coup de barres chocolatées, chips, glaces, sans aucun fruit, légume ou féculent (autre que du pain de mie). Cette superbe famille nous permet de repartir avec fruits et légumes.

Nous passons des heures à discuter et les enfants à faire du trampoline et des batailles d’eau ensemble. Nous avons l’impression de nous connaitre depuis toujours. Nous repartons de chez Avione et Chelsea le cœur serré (bon… Anna ne compte pas, elle ronflait…), avec la chair de poule et les larmes aux yeux de les quitter. Merci à vous 7, vraiment, pour ce partage, ces fous rires, ces recettes (et nourriture saine dans nos sacoches), et émotions ! Comme dit Avione, ce n’est pas une coïncidence de s’être croisés!

Deux jours plus tard, nous ferons un lunch chez sa sœur et son beau frère habitant sur le chemin de la great divide ! Une autre rencontre magnifique. Quelle famille !

Niveau nuits insolites, nous avons été servi : dans une ancienne prison à Ovando (on a été pris en excès de vitesse aux jumelles) et dans une cabane de trappeur chez Barbara et John.

Ce couple accueille chaleureusement tous les cyclistes de la Great Divide depuis 16 ans. Ils n’acceptent aucun don ou argent. Ils partent du principe que la générosité qu’ils nous offrent à ce moment de vie, nous la retransmettrons à d’autres personnes dans le futur. Quelle magnifique philosophie, on espère que cela aura planté une graine dans le cœur de nos enfants ! 

Anna est élue le bébé le plus jeune passé sur cette route. La palme était jusqu’alors détenue par un bébé âgé de 10 mois (Olivier, s’agissait-il de Paul ?).

La route empruntée croise des villages ou de très petites villes. Les autres cyclistes nous font de la pub. Partout où on arrive, tout le monde nous attend, nous offre nourriture ou logement. On nous appelle la « French Family ». 

Nous partons vers Helena, chez Scott et Murray, rencontrés à Ovando et qui nous ont invités chez eux.

Le coin de la petite anecdote :

Dans un col de montagne, nous plantons notre tente. Vers 23 h, du bruit dans les buissons environnants, comme dans Jurassic Park quand le T-rex arrive en couchant les arbres !

Shoot d’adrénaline assuré ! Ce n’est pas une petite biche mais bien un ours !

Julien, en tant que bon chef de famille hurle (je n’ai pas bien compris ce qu’il disait), tel un guerrier, faisant déguerpir l’ours. Armés de nos 2 bombes à ours et de la lance « fait maison » de Ju, nous ouvrons la tente pour vérifier : RAS.

Nous avions respecté à la lettre les consignes de sécurité. 15 mn après, nous nous rendormons sur nos deux oreilles.

Tout va bien pour nous, le Montana mérite vraiment sa réputation.

Lorsque nous avons du wifi (environ 1 fois par semaine), nous faisons un moment « messages » dans la tente où nous lisons tous vos messages. Cela fait vraiment plaisir, merci !

A bientôt et prenez bien soin de vous.

La French Family

L’Amérique !

Spéciales dédicaces !!

– à nos merveilleuses rencontres de la semaine : Chris le menuisier, Loïc et Lou (rdv au Mexique et encore désolé de vous avoir emmené sur ce chemin caillouteux mais heureusement le bonheur était au bout du chemin!), Denis responsable d’un camping en bord de lac nous ayant offert la nuit et qui a gâté les enfants comme jamais, John (merci pour la super tenue Trek, tu fais désormais parti du voyage!), Valerie et Kevin qui nous ont accueillis comme si nous étions de leur famille ;

– à Aude qui voulait un audio des enfants mais aussi des parents ;

– à Lulu et Benoît pour le choix de la musique (on la chante à longueur de temps sur nos vélos désormais ! On verra demain en montant le col si cela chantonne encore !) ;

– à Marion et Alice, les premières leçons sont données ! On suit précieusement vos conseils ;

– à Joe Dassin évidemment (Pierrot, tu crois que cela fait collier à boules ?)

– et à vous tous : 1000 mercis de nous transmettre votre énergie et vos ondes positives !

À bientôt !

Bises de nous 5 (désolé, la bise d’Anna est un peu baveuse, elle fait ses dents …)

On s’baladait sur la Great Divide… le cœur ouvert à l’inconnu !

Après les questions sur la communauté indienne et les ours est venu le temps de nous pencher sur les mines. Traversant Sparwood, ville minière depuis 1900, nous avons pu nous y intéresser de près.

Nous avons ensuite été hébergés à Fernie par Lisa et Randal. Quel accueil et quel plaisir de partager de nouveau du temps avec une famille canadienne. Leur petite ville entourée de montagnes est magnifique. Belles maisons individuelles en bois avec de jolis jardins arborés, ordonnées à l’anglo-saxonne : avenue pour l’axe Nord-Sud, street pour l’axe Est-Ouest. Une ville à taille humaine avec tout ce qu’il faut pour être  heureux : piscine, cinéma, bike parc et terrains de sport, des circuits VTT, 1 rivière où il fait bon se baigner, des montagnes, un centre historique, une brasserie  et un bon glacier. La ville idéale ! 

Nous avons repris la gravel road. Linka, une slovaque, et Miha, un tchèque, ont partagé avec nous la fin d’une étape (un peu dure car 34km en chemin avec pas mal de dénivelé). Antoine est parti avec eux devant pour trouver un spot pour la nuit. En règle générale ,le paysage est sublime mais comme les règles de grammaire françaises il y a une exception. Nous concernant, ce sera la higway 3 prise entre Sparwood et Fernie, trop, trop de trafic …

Quelques informations générales en vrac : nous pouvons avoir des variations de température d’environ 25 degrés sur 24h, nous avons établi une liste de courses nous permettant d’être autonomes 5 jours en nourriture (sachant qu’on filtre l’eau et que nous en trouvons partout). Les emplacements dans la tente et le chargement sur nos vélos sont désormais établis. La nourriture et notamment les fruits et légumes sont hors de prix. Il y a des canadiens vraiment friendly.

Pour les enfants :

  • Antoine est épatant sur son vélo, il aime écrire dans son cahier de bord et acquière tous les jours de l’autonomie sur le montage du camp. Il est encore en forme le soir pour se baigner, jouer, … Notre petit Robinson Crusoé. 
  • Agathe pédale quand elle le veut, elle est d’une grande aide dans les grosses montées pour pousser nos montures les unes après les autres, nous organise la tente aux petits oignons, est très autonome sur les tâches quotidiennes et commence ses leçons de lecture avec plaisir. Nous avons gagné un temps fou pour son choix de vêtements chaque matin ! Sa garde-robe étant bien plus restreinte.
  • Anna : elle sourit à tout le monde, sait désormais se tenir assise et se retourner sur le ventre. Une belle relation est installée avec son frère et sa sœur qui jouent souvent avec elle au moment des pauses et des bivouacs. Elle observe plantes, insectes et autres animaux durant de longues minutes. Et … ne fait toujours pas tout à fait ses nuits.

Il y a une réelle inertie avec 3 enfants que nous acceptons. Nous partons souvent le matin à 11h30 mais profitons tous les 5 tranquillement. Nous faisons des rencontres superbes, prenons plaisir à parler anglais et prenons, comme nous le voulions du temps pour nos enfants. Pour nous, parents, nous avons pris nos marques, nous nous sentons très bien et sommes juste heureux !

Nous quittons le Canada pour les States après avoir passé 3 nuits et 2 beaux jours de repos à Moon Lake avec Emilie, Loïc et leurs 2 enfants, Augustin et Achille, des cyclos suisses. Rendez-vous pris ensemble pour la Baya California au Mexique.

Le coin des anecdotes :

  • j’étais dans un supermarché avec Antoine et Agathe qui étaient un peu excités et une employée fait 1 annonce micro en anglais. « Elle a dit quoi maman ». « Qu’elle voyait 2 enfants faire un peu les fous et que si ils continuaient, ils allaient devoir sortir sans avoir fait les courses avec leur maman ». Je ne leur ai jamais dit mais impeccable, ils ont été par la suite d’une sagesse impressionnante !
  • Un cyclo nous double et lance en anglais à Julien qui roulait  avec Anna en porte bébé : « je vais être papa dans 1 mois, je veux juste être comme toi après ! »
  • Une dame nous interpelle au bord de cette fameuse highway3. Elle nous arrête et nous tend 4 petits cartons. Ce sont des bons cadeaux pour avoir des glaces. Elle nous a doublé, elle a trouvé notre convoi « amazing « , est allée au magasin de glaces et est revenue sur la route pour nous offrir les bons. Les glaces étaient délicieuses, merci madame ! Nous sommes désolés pour vous, Happy Cow,  n’a que deux magasins,  tous deux dans les rocheuses!!!! Pas de vélo, pas de glaces happy cow ! Mais on en dégustera pour vous!

Rubrique matos, pour ceux qui savent calculer le développement d’un braquet :  Loïc a électrifié leurs deux vélos de voyage avec un kit Canadien de chez Green technologie. Et il recharge une batterie en 5h de soleil avec un panneau solaire de 100w.  Un combo qui permet  de gagner en distance et en vitesse. Une idée à creuser !

Allez, see you later les copains/famille et tous ceux qui nous suivent ! A bientôt pour de nouvelles aventures!

Nos premiers jours d’itinérance

Waouh ! ce lot d’émotions depuis notre départ !

Départ de la première journée sous 36 degrés et arrivée avec la pluie, on a pu tester la crème solaire, les pares soleil de la remorque, les vêtements de pluie,… : test réussi avec 42 kms à la clef. Pas le choix pour sortir de Calgary… Une chance inouïe : Paul nous a accompagné et nous a servi de guide ; Antoine était à ses côtés et a avalé les kms. Une si belle rencontre ! Et ce ne sera pas la seule !

Le lendemain, le trafic routier trop important nous dévie de notre itinéraire prévu : on va couper par l’Est par une gravel road. Celle ci traverse une réserve indienne. Aller à la rencontre des natifs serait un beau cadeau de cette journée. Malheureusement lors de l’arrêt remplissage de gourdes chez un couple à la pause de midi, c’est la douche froide. « Vous ne devez pas avoir envie de rencontrer des indiens ! Ils sont ivres et dangereux ; ils peuvent vous menacer ou vous voler de l’argent ! » Le couple nous conseille même de prendre l’autoroute pour ne pas traverser la réserve. Les jugeant un poil conservateur et, pour notre part, plutôt confiants dans la nature humaine, nous tentons malgré tout la voie par la réserve. Hélas, la route est barrée avec interdiction de passer. Les gens croisés sur la route avant la barrière nous tiennent le même discours et confirment qu’il faut demander la permission pour rentrer sur une réserve. Les cicatrices des peuples premiers ne sont donc pas refermées et les deux communautés ne semblent pas vivre ensemble😪. Nous pouvons largement le comprendre au vu de l’histoire, mais on ne se doutait pas que la fracture était toujours si importante. Marion fait le parallèle avec la ghettoïsation des aborigènes d’Australie et l’anéantissement de leur mode de vie par l’homme blanc. Les enfants ne comprennent pas, engendrant environ 200 questions d’Antoine et Agathe à ce sujet.


Notre GPS ne connait pas l’histoire nord amérindienne ni les interdictions de passage… Il est 18h30 et là on découvre la réalité canadienne. Les propriétés sont fermées, sans sonnette, et il est interdit de planter la tente sur le bas côté. Tout cela nous est expliqué par un canadien ayant un pick-up. Nous réfléchissons à une solution de repli et là… il nous propose de nous charger dans le pick-up et de nous emmener au camping. Merci Hira ! Les enfants étaient fous de joie.

Nous sommes passés par Canmore où nous avons pu faire la connaissance de Marion pour le bonheur de chacun. Entre Paul et elle, nous avons pu comprendre la culture canadienne, monter notre itinéraire pour que notre début de voyage sur la great divide soit réalisable (réservation de camping, transport d’Antoine sur une section très difficile, réponses à nos questions sur leur vie quotidienne…).

Nous commençons donc la Great Divide Bike Moutain Road dans de superbes conditions.

Perdus dans la montagne, nous croisons Paulo, fan de photographie avec qui nous passons une journée de repos, encore une rencontre riche!

Nous sommes actuellement à Elkford après 15 jours d’itinérance.

Les enfants sont épatants, ils prennent tout avec le sourire. Les camions qui passaient à côté de nous en début de parcours sous la pluie:  » waouh cela fait des brumisateurs géants ». Ils rigolent encore à 20 h après avoir pris 5 orages sur la tête, monté des côtes à 20% et 600 m de dénivelé. Heureusement ce jour là, Anna avait décidé de dormir de longues heures.

Nous, adultes, sommes passés par beaucoup d’émotions : la joie de commencer enfin, la fatigue, un chargement très lourd, la bonheur et l’enrichissement des rencontres, la météo défavorable et la sensation de vivre au plus près de la nature et simplement. Bref un beau mélange d’émotions ! La chose la plus importante dans nos sacoches que nous avons pu apporter est l’humilité et l’adaptabilité.

Nous sommes en train de prendre nos marques à 5, avoir quelques automatismes du quotidien, et le sourire des enfants nous donne une si belle énergie! Nous sommes vraiment heureux d’avoir pu commencer cette Great Divide. Nous ne savons pas quand nous l’arrêterons, nous arrivons à transporter 5 jours de nourriture (merci à Paul pour ses recettes de cuisine nord américaines: on se régale !). À ce jour, les villes se font rares. Nous passons plusieurs jours sans voir aucune habitation ni commerce.

Nous avons osé y croire avec nos 3 enfants dont un pédalant seul et un bébé et… notre rêve se réalise.

Merci pour vos messages arrivant par différents biais, cela fait chaud au cœur.

Pour ceux qui veulent suivre de plus près notre parcours, voici ci-joint le lien avec le tracé de la Great Divide Moutain Bike Road, c’est le tracé violet et nous avons commencé de Morley :

https://www.adventurecycling.org/routes-and-maps/adventure-cycling-route-network/interactive-network-map/

A bientot quand nous capterons de nouveau !

Une belle étoile au-dessus de nos têtes

Bonjour à tous !

Le réseau Warmshowers nous a permis de faire connaissance avec Paul et Suzanne à notre arrivée à Calgary. Ce sont des amoureux de la nature et des espaces sauvages. Ils sont venus gentiment nous chercher en pick-up avec tout notre chargement à l’aéroport.

Nous avons partagé nos premiers jours sur le sol canadien en leur charmante compagnie et avec nos enfants surexcités entre un décalage horaire de 8h et tant de nouvelles choses à découvrir. 

Tous les vélos ont  été remontés en 1 bonne journée (la journée ayant commencé à 3h du matin avec le décalage horaire).

A Calgary, il y a le plus grand festival extérieur au monde durant 10 jours qui se nomme le Stampede. Il y a principalement une grande parade, des pancakes distribués dans toute la ville au petit-déjeuner, des shows avec des chevaux, des rodéos, des habitants déguisés en cowboys, …. Paul et Suzanne nous ont proposé de rester pour y aller et nous avons accepté avec plaisir. Sans aucun regret, c’était une superbe journée. Un petit bain de foule avant la solitude des montagnes dans quelques jours.

Anna est celle qui s’est le mieux adaptée au décalage horaire. Antoine et Agathe sont avides de parler anglais et apprennent de façon surprenante chaque jour.

Bon revenons à nos moutons, on est censé faire du vélo non???!!

Nous avons refait toutes nos sacoches et  partons sur les routes dimanche.. Paul est un excellent guide, il connait la région et les états unis par cœur. Julien et lui tracent l’itinéraire. 

Tout va bien, nous ne pouvions rêver meilleur accueil pour le démarrage. Nous leur laissons la parole dans cet audio et espérons les recroiser aux États-Unis en octobre.