Carnet des parents

Καλημέρα

Bonjour à tous, 

1

… passage de frontière entre la Turquie et la Grèce qui se fera par voie fluviale. Kastellorizo sera notre porte d’entrée pour la Grèce. Île paradisiaque loin du tumulte touristique. Un jour passé sur cette île, sur une petite plage à jouer, nager et profiter. Un autre ferry pour nous rendre à Rhodes, jolie ville médiévale au milieu de sa horde de touristes (on n’a pas trouvé le colosse…). Puis on se prépare pour nos 22 heures de ferry pour rejoindre Athènes. Hors saison, les prix sont plus qu’abordables, nous avons une cabine 4 places. Le temps file vite. On rencontre sur le pont une famille suisse avec leurs 3 garçons voyageant en sac à dos et transports en commun/voiture. Chapeau ! Puis le soir, on rejoint notre copain cyclo Mathys qui est en compagnie de Yannick et Romane. Ils sont en mode sac à dos et rallient Tahiti (où ils ont travaillé 3 ans) à la France sans prendre l’avion sur 2 ans. On les retrouvera par pur hasard 15 jours plus tard et on partagera une belle soirée ensemble. On verra, depuis le pont, différentes îles des Cyclades.

2

… heures après le débarquement, douche froide à Athènes ! Arrivée lundi 13 mai à midi, au Pirée, port d’Athènes. On ne le sait pas encore mais l’après-midi sera éprouvante. On va traverser cette ville de 4 millions d’habitants (qui est loin d’être plate) sous une pluie torrentielle. Accalmie d’une heure où nous pourrons tout de même voir l’Acropole. Nous arrivons à plus de 20h, épuisés chez Matt et sa femme ainsi que leurs deux filles. Merci à vous 4 pour votre accueil. Ils nous ont récupéré mouillés jusqu’aux os. On valide la devise de votre famille : « The best things in life are wild and free ».

3

… jours de vélos pour arriver dans la ferme de  Yiannis et Anna. Il y a 6 ans, ils recueillent Chand, pakistanais qui a alors 18 ans. Il a passé les frontières entre l’Iran et la Turquie puis entre la Turquie et la Grèce clandestinement, la peur au ventre. Yiannis n’est pas là lorsque nous arrivons avec nos vélos. Chand nous accueille et deux minutes après notre arrivée, nous brandit un papier : sa nationalité grecque obtenue quelques heures auparavant ! Il vit dans une caravane sur la ferme, sa maison est bientôt prête . On l’invite à manger dans le logement prêté par Yiannis. Il nous a raconté son histoire qui fait froid dans le dos mais qui se finit bien. Le lendemain, on rencontre Yiannis et sa femme Anna, prof de français. Les enfants ont eu un cours particulier de grec, on a un bel itinéraire de tracé et ils nous ont fait goûter des spécialités grecques. Il y a des soirées de ce voyage qui ne s’oublieront pas… De plus, grâce à eux, on sait désormais à quoi ressemble un pistachier ! Et les enfants ont béni Yiannis qui nous a monté en camion en haut de sa montagne (500 m de dénivelé et 15 kms de gagné !).

4

… personnes qui s’arrêtent sur notre chemin et pour qui nous avons eu un coup de cœur. Ils s’appellent Chris, Georges, Cristobal et Despina. Ils nous offriront de leurs temps pour nous indiquer des bivouacs (attention : ne lâcher pas les enfants, traces de loups à moins de 15 minutes de marche d’ici…), nous faire découvrir des spécialités grecques, nous en apprendre plus sur leur pays, … Ils nous gâteront de gâteaux typiques du pays, brioches, abricots du jardin, cerises, pizzas, pop corn, jeux pour les enfants et même un flacon de propolis (Cristobal est apiculteur).

5

… corps se mettant dans une eau chaude thermale souterraine à 38 degrés aux Thermopyles. Après avoir retracé l’histoire du roi Léonidas et des Perses, place à la détente : ça décontracte les mollets. Et oui, le dénivelé est là mais les pentes sont beaucoup moins importantes qu’en Turquie. On monte plus facilement et nous sommes capables de faire 800m de dénivelé par jour. 

6

… monastères chrétiens orthodoxes hissés majestueusement sur les Météores. Ils sont perchés au sommet de falaises. Notre première partie de parcours est atteinte. De belles randonnées nous attendent pour découvrir ces lieux. On s’interroge quand même : les moines sont venus s’installer ici pour vivre reclus du monde et des centaines de touristes (dont nous) débarquent chaque jour…

7

… nuits de camping sauvage dont une vraiment magique sur un amphithéâtre de l’époque (nous avions eu l’autorisation). Les églises nous prêtent leurs parvis, les oliviers leurs terres, les sapins leurs aiguilles de pins pour un matelas tout doux. Par contre, pas de zone pastorale donc nous pouvons aisément faire du camping sauvage mais nous remplissons nos poches à eau au dernier village ou à la dernière station-service pour le soir (nos 20 L nous permettent de faire les douches, la vaisselle, la cuisine, une petite lessive et remplir les gourdes du lendemain… ).

8

… nuits au camping Meteora garden. Les touristes restent en moyenne 1 ou 2 nuits. Nous concernant, c’était sans compter Ju et Anna qui ont tourné pendant 48h à plus de 39 de fièvre… On devient potes avec les proprios qui nous proposent de nous embaucher pour la saison !

9

…. ce maudit chiffre que nous ne voulons plus voir sur ce thermomètre pour notre petite dernière. 48h à 39 degrés, visite chez le docteur qui nous dit que tout va bien… Le lendemain, ce n’est pas le 39 mais le 40 qui s’affiche. Direction le General Hospital de Trikala à 25 kms du camping. Amalia et Pauline, nos copines suisses, nous déposent toutes les deux (merci les filles !). Une batterie d’examens, des personnels soignants ne parlant pas forcément anglais, qui ont fait option boucher au lieu de pédiatrie, une petite fille somnolente et qui n’est vraiment pas au mieux. Le verdict tombe, ce sera une pneumonie et 6 jours à l’hôpital pour des antibiotiques en intraveineuse. Julien et les enfants remballent tout au camping, font les 25 kms en sens inverse et prennent un logement pour nous retrouver et nous épauler (merci à Zoé et Gregory d’être aux petits soins pour nous, votre logement est magique, vos conseils sont précieux et vos gâteaux et pizzas délicieux !).

On pense tous les jours aux supers médecins et infirmières de Pelegrin et on les regrette du fond du cœur. Réveils impromptus et sans aucune douceur 5 à 6 fois par nuit pour Anna pour ne même pas l’examiner, manque de communication, pas un geste ou parole douce lors de l’examen (ils sont donc 3 à la tenir de force pour l’ausculter), staff non aimable hormis un médecin et une infirmière, chaleur intense dans les chambres (il fait 35 degrés dehors), chambre partagée la dernière nuit,… Les parents grecs hurlent contre le staff dans le couloir, quelle ambiance ! Alors je dis à Anna : « on serre les fesses, on garde le moral, tu guéris le plus vite possible pour qu’on puisse prendre la poudre d’escampette ! » 

Une sortie le mardi 4 Juin avec un contrôle prévu le 6. Et là on remercie chaleureusement Tata Mimi et notre médecin de France nous évitant une seconde hospitalisation (on vous passe les détails techniques mais heureusement que Tata Mimi a pris les choses en main et à rédigé la procédure appliquée en France en anglais). Quelle joie de se retrouver tous ensemble réunis ! 


Là, c’est donc repos et remise des émotions avant de repartir sur les routes ! Julien nous dit en souriant : « on ne rentre pas avant d’avoir fair 10 000 kms » et bien à ce rythme nous ne sommes pas rentrés ! 

Merci pour votre soutien infaillible et vos nombreux messages ! 

Beau mois de Juin à tous en espérant que le soleil pointe le bout son nez en France, ici on atteindra les 40 degrés la semaine prochaine… 


Le coin des anecdotes

– Notre ferry pour Rhodes à 3 heures de retard, résultat : arrivée à 21h30. Nous ressemblons à des indiens dans la ville avec nos gilets jaunes, nos frontales,… quand nous traversons un quartier huppé où tout le monde est bien habillé et nous détaille attentivement. Pour couronner le tout, Anna a envie de dormir et hurle à gorge déployée, comme ça on est sûr que tout le monde se retourne. L’arrivée à l’hôtel est la bienvenue. 

– Nous faisons le plein d’eau chez Artis, électricien sur des machines agricoles. Il nous offre gentiment le goûter. On repart et au milieu de grandes plaines agricoles que nous traversons pendant trois jours, un bois voit le jour. L’agriculteur qui a le champ à côté nous autorise à camper. A 22h, par pur hasard, Artis revient d’un dépannage et passe devant notre tente. « No sleep, no sleep, souvláki « . On tente de lui expliquer que nous partons nous coucher et que nous avons déjà mangé. Il nous répond « no sleep, come back 20 minutes « . Il revient avec son fils : 15 brochettes, des frites et des boissons, fièrs et heureux de nous offrir ce festin. Merci Artis. Les enfants étaient fous de joie de pouvoir sortir de la tente pour vous attendre !

-Les petits phrases d’Agathe :

En pleine plaine agricole, sous plus de 30 degrés, avec son sourire coquin : « Je vous préviens à 16h09, je pète un câble si on n’est pas arrivé au lieu de bivouac. Je reste assise sur le tandem mais je ne pédale plus et je crie ». 

« Maman, Cléopâtre, elle aurait préférée être devant sur le tandem ou derrière en follow me? »

Clap de fin de notre fabuleuse traversée turque

« Une brise légère » nous indique la météo. Clairement, ceux qui tiennent le site « Meteoblue » ne sont pas cyclistes… On bataille contre un vent de folie (rafales de plus de 50km/h), notre Antoine peste contre les montées et le vent, il lutte comme il faut et on arrive à s’élever dans ces sacrés Monts Taurus !

Majestueuses ces montagnes ! Elles nous permettent de faire de magnifiques bivouacs sauvages et nos traditionnels feux de camp à l’abri des regards. C’est évidemment exigeant de s’élever à plus de 1200 m d’altitude, de redescendre puis de remonter à la même altitude. On se croit dans les montagnes russes d’une fête foraine, mais cela à l’avantage (toujours voir le positif !) d’alterner entre montagnes et côtes, entre nature et histoire.

Grosse descente et visite d’une ville romaine de plus de 2000 ans à Sidé avec baignade et glaces à la clef puis grosse montée et visite de l’amphithéâtre romain le mieux conservé au monde.

Notre route vers Antalya se fait par un accueil chez Özkel dans un petit village de montagne, lors d’une journée de grosse pluie. Elle travaille avec son mari pour ouvrir un restaurant en juin. Elle prend tout de même le temps de nous amener chez elle, de nous mettre au sec, de nous laisser les clefs de la maison, nous montrer la machine à laver et la cuisine et elle repart. La gentillesse des Turcs est vraiment incroyable. On passera du temps avec ses deux grandes filles, une d’entre elles offrira deux poupées Barbie à Agathe, qui se découvre une passion pour ces poupées. 

Nous descendons de ces Monts Taurus (1100m de descente en 10 kms) et découvrons des orangeraies, champs de grenadiers et serres de tomates/aubergine/bananiers/fraisiers sur des dizaines de kilomètres à la ronde. On achète nos fruits directement au producteur (quand ils ne nous arrêtent pas pour nous les offrir – j’avoue avoir un peu pesté lors d’une montée lorsque j’ai roulé avec les 4kgs de concombres offerts avant une pente à 30% mais promis, on les a tous mangés !). On dort dans des orangeraies, fruits frais pressés par nos soins le matin. Merci Ali de nous avoir permis de faire le plein de vitamines dès le matin !

Notre arrivée à Antalya chez Serkan (merci une nouvelle fois au réseau warmshowers d’exister) se fait donc de la meilleure des façons. Nous resterons avec Elif et Serkan une journée, plage et visite de la ville au  programme. Et surtout de bons fous rire : Serkan est très drôle et heureux d’être avec les enfants ; ils avaient même prévu pour eux dessins et feutres, frites, chocolat, dessins animés en français …

Allez, il faut repartir et deux choix s’offrent à nous : longer la côte sur une 2×2 voies avec tunnels ou faire 2700m en 110 kms. Et bien, on travaille pour enlever la cellulite et raffermir nos corps et on transpire : vous devinerez donc notre choix. Et une journée avec un minimum de 8 kilomètres avec 700 mètres de dénivelé ; on touche nos limites et le trek aussi. La roue arrière a été changée au Mexique et la nouvelle roue ne supporte pas les gros pourcentage des routes de montagne turque. Julien a changé 7 rayons en 2 mois. On a du mal à trouver une roue plus costaud (c’est le problème du standard 28 pouces, pour ceux à qui ça parle) et on a bien sûr aucune envie de renoncer à la montagne. Solution : il va falloir refaire le plein de rayons.

On redescend une dernière fois sur la côte. Cela ressemble à la Corse. On rencontre Mathis, cyclo français rentrant en France depuis l’Inde. On roule ensemble (au vu des coef des pentes, merci à toi d’avoir papoté avec Agathe qui marchait à côté de toi pour m’alléger puis d’avoir attendu Antoine qui mettait toutes ses forces dans les pédales pour essayer de suivre la conversation !), puis feu de camp en se racontant nos récits de voyage. Les enfants sont ravis de ces moments et nous aussi. Nous avons ensuite trouvé de magnifiques spots pour dormir en bord de mer et se baigner – belle récompense pour Antoine après la grimpette des derniers jours.

Notre route en Turquie s’achève à Kaş, sous nos yeux émerveillés devant la beauté de cette baie. Nous nous arrêtons dans un camping avec une vue et une mer turquoise vraiment magnifiques. Par contre, petit point à améliorer pour les prochains voyageurs, la température de l’eau laisse à désirer.


Le 9 mai au soir, après plus de deux mois en Turquie, les yeux tournés vers la mer, les yeux sont embués. Quel peuple rempli de gentillesse et de chaleur humaine, que de paysages divers et somptueux. Quel bonheur d’avoir roulé sur les petites routes et chemins du Sufy Trail (merci Ingrid et Serkan). Quel bonheur d’avoir pu faire autant de bivouacs somptueux.

La route doit continuer mais nous quittons à regret ce pays pour lequel nous avons eu un véritable coup de cœur (si on fait l’impasse sur son président évidemment). Merci à vous, amis turcs, pour votre accueil, vos messages Whatsapp quotidiens d’accompagnement, vos attentions, vos sourires, vos klaxons (vous êtes des fous du volant), on ne sera jamais à votre hauteur pour l’accueil mais nous en prendrons de la graine, soyez en sûrs. On emmène un bout de vous pour la suite de notre chemin, on ne vous oubliera pas, merci, du fond du cœur.

Cap sur la Grèce. 

Güle Güle. 

Le coin des anecdotes

Il nous reste 5 kms à parcourir. Tout le monde a besoin d’une pause ; on s’arrête pique-niquer. Julien ne fait que regarder la montagne devant nous et son GPS. 20 minutes plus tard, il nous dit : « ça me dit bien de passer par là, ça fait un détour de 18kms et 800m de dénivelé, cela nous prend un jour de plus mais si on fait les fonds de sacoche, on a assez de nourriture ». Antoine a la bouche grande ouverte, prêt à gober une mouche : » Papa, c’est une blague ? ». « Bah non, ça va a être chouette », lui répond t’il. J’observe la scène amusée, on en a tous plein les jambes sauf Julien, qui clairement est au-dessus du lot physiquement. Il se rangera finalement au reste de la famille et on fera les 5 kms sur du plat. Il finira sa journée par 300 pompes et sans avoir vu sa montagne. Et moi je rigole encore toute seule en revoyant le visage d’Antoine…

Quand la magie du camping opère… On a toujours eu des supers voisins (dédicace à Nico et Corinne) et c’est aussi le cas en camping. A Kaş, nous sympathisons donc avec nos voisins : Eigine, un médecin turc en caravane et Ralph, un pré retraité allemand, en voyage moto itinérant au long cours. A 18h, Eigine nous dit : « venez tous à table, j’ai fait à manger pour tout le monde. » On est le 8 mai et on ne peut s’empêcher de se dire en trinquant à l’apéro : »la guerre, quelle sombre idiotie ». Ralph renonce à voyager en Iran à cause des tensions avec Israël (soutenue par l’Allemagne et la France) et nous, avons renoncé à traverser la Russie (nous voulions rejoindre la Mongolie via l’Europe du Nord et la Russie lors de notre projet initial). Deux pays et deux peuples que nos enfants découvrirons sûrement quand la folie de la guerre sera passée. Bref !

On passe une excellente soirée, tout le monde se régale et l’on perfectionne notre culture culinaire turque. Le lendemain, Eigine appelle Antoine : « viens, on va faire des hamburgers ». Les filles, elles, ont adopté la caravane. Et là, sous nos yeux ahuris, il commence à vider sa caravane et à nous donner au moins 4kgs de nourriture, casquette, bouilloire, lunettes de soleil, lampes extérieures, couteau et on en passe… Antoine pousse des : »waouh, non mais c’est diiiiiingue, non mais, non mais, non mais,… », s’extasiant devant tous ces objets (on pensait l’habituer à vivre avec l’essentiel, ce n’est pas tout à fait gagné !). On remercie chaleureusement Eigine et évidemment on lui dit : « c’est adorable mais nous sommes à vélo et tu sais, on a besoin de rien. Nous avons déjà fait un colis pour la France de 5 kg de cadeaux reçus durant ces deux mois en Turquie la semaine dernière car nous étions trop lourds ». La sentence tombe : « Si vous refusez, je vais être très vexé ». « OK, on ne va pas se fâcher mais tout ne rentre pas dans les sacoches, Eigine, peut-être que la casquette suffit ? ». Rien à faire ; aucune négociation possible… Il vérifie que nous prenons tout et c’est très très lourd. Mais c’est avec le sourire d’avoir croisé sa route que nous prenons le chemin pour le ferry nous amenant à Katellorizo, petite île grecque. Nous avons donc toujours ta bouilloire avec nous, sois en rassuré !

La Turquie, le paradis !

Bonjour,

Nous revoilà, un peu plus grassouillets grâce (ou à cause ?) de la délicieuse nourriture et des nombreux repas partagés avec les charmants turcs rencontrés sur notre route.

Alors reprenons notre récit au 24 mars. Nous fêtons comme il se doit les 7 ans d’Agathe et les 9 ans d’Antoine. Jour de repos dans la maison de la communauté cyclo d’Eskişehir où nous sommes hébergés. La veille au soir, nous avions fait la fête avec ces belles personnes à notre arrivée avec barbecue, musique, … Le lendemain, le jour J, nous nous rendons tous les 5 dans un parc avec jeux en plein air et resto à la clef. Les enfants sont ravis (et surexcités) et nous aussi. Il nous tenait à cœur de faire quelque chose de différent le jour de leurs anniversaires. Nous resterons 2 jours de plus à Eskişehir, laissant la vague de froid passée. Cela nous permet de visiter le superbe musée de sciences (prix dérisoire de l’entrée : 35 lires turques soit 1 euro).

Nous remontons par la suite sur nos vélos, continuant dans les montagnes. Les champs d’oliviers ont laissé place aux bergers (qui montent sur un âne) avec qui on papote lors de nos pauses pique-nique. On aura le plaisir de goûter leur bon fromage et d’apprendre qu’il y a des loups et des chacals dans les montagnes. On comprend mieux la présence systématique de deux chiens de troupeau avec les moutons. On aura même la chance lors d’un bivouac, d’entendre une meute de chacals contourner notre campement en aboyant.

Un soir, nous nous arrêtons pour chercher une petite supérette. On demande à Yüksel notre route ; on finira par camper dans son jardin et Süheyla, sa femme, nous apprendra à faire du pain. Les enfants devaient faire leurs devoirs, le thème sera … travaux pratiques. Le soir, après la rupture du jeûne (nous sommes encore dans le mois du ramadan), nous partageons leur repas, véritable festin. Le lendemain, du lait frais nous attend. Ils ont été traire les vaches de la tante habitant à côté pour qu’on se régale.

Cela fait 6 jours que nous roulons sans pause et avec nos 600 m de dénivelé positif quotidien, les jambes ont besoin de repos et d’un peu de confort malgré des spots de bivouacs sauvages magnifiques.

Quand tu cherches un hôtel indiqué sur Google Maps et que tu ne le trouves pas, tu demandes ta route. Cumhur nous indique que l’hôtel est fermé mais que sa maison, elle, est grande ouverte ; cela crée encore une jolie rencontre ! Les parents d’Aydin et Medine, qui eux vivent en France (merci à eux pour les traductions via Whatsapp vidéo !) nous ouvrent grand les portes de leur maison et nous offrirons une journée de repos dans la maison de vacances d’Aydin en partageant temps et repas avec toute sa famille. Ils nous emmèneront même visiter une ville souterraine datant de 2700 ans !

Nos journées sont chaudes mais dès 18h, il fait très froid, nous sommes en altitude. Nous refusons parfois des invitations car nous voulons poursuivre tout de même la route ! Nous avons en vue la Cappadoce ! Nous quittons le Sufi trail pour rejoindre Beysehir où nous attend Mustafa, un homme chaleureux et très attentionné dont nous avons eu le contact via le réseau warmshowers. Responsable du club de vélo de la ville, il  nous annonce que le sponsor du Club nous offre 2 nuits d’hôtels avec petit-déj et nous offre 4 superbes t-shirt de vélo ! Il fait 2 degrés, on le regarde tout sourire, les enfants le remercie avec grande joie !

Nos vélos sont laissés dans le garage de l’hôtel. On a décidé de louer une voiture durant 1 semaine et de troquer nos vélos pour nos sacs à dos pour se rendre en Capadoce (la route entre Konya et Gorême est assez monotone avec 300 kms de ligne droite dans une plaine désertique et nous ne voulons pas arriver trop tard en Grèce pour la chaleur). Nous partons donc faire de l’itinérance mais à pied cette fois-ci.

On partage le cadeau d’anniversaire des enfants avec émotion : un tour de montgolfière au milieu d’une centaine de montgolfières (lever très matinal à 4h30 du matin !). Féérique ! Nos bivouacs sauvages nous permettent d’admirer les cheminées de fées et les montgolfières, seuls au monde. Nous faisons aussi de l’histoire en visitant : un caravansérail, lieu où les caravanes de marchands faisaient jadis étape sur la route de la soie ; une ville souterraine de 18 étages de plus de 3000 ans (dédale de tunnels impressionnant) ; village troglodyte où turcs musulmans et grecs chrétiens cohabitaient ; château troglodyte,…

Et puis, nouvelle aventure, nous partons avec nos sacs à dos en itinérance mais à pied cette fois-ci avec nos 3 loulous dans un canyon dans la vallée d’Ihlara. Même en mode minimaliste, nos sacs à dos sont bien remplis mais tout le monde joue le jeu. Belle expérience que nous souhaitons renouveler sur certaines parties du parcours restant. Bref, une semaine hors du temps ! 

Nous repartons maintenant  pour notre deuxième stage montagne de Turquie, dans les monts Taurus cette fois ci. 400 kms et pas moins de 6000m de dénivelé pour traverser puis longer cette chaine de montagnes sur la côte Lycienne. Ça devrait être magnifique, riche en patrimoine historique, et un peu dur aussi …

A bientôt, la French Family

Le coin des anecdotes

A Eskişehir, on nous demande si on peut nous interviewer. Nous acceptons et passons une soirée mémorable de fous rires. Il ne doit pas y avoir trop de bruit pour le son (reportage vidéo) : cela commence par Anna qui fait cogner la gourde contre la table, puis une meute de chiens qui aboie pendant 30 minutes, un train de marchandises qui passe, des avions de chasse en plein entrainement puis Antoine et Agathe qui en ont marre et commencent à jouer en faisant un max de bruit, sans oublier l’appel à la prière. Cela devait durer 15 minutes, on en a eu pour 2h30. On a finit par prendre l’apéro tous ensemble le temps que le calme revienne. 

Dédicace à nos coiffeuses de tout temps (Maryse, Claudine, Ghuilaine et Coralie) :  tu oses demander à tes hôtes si le lendemain, un rendez-vous chez le coiffeur est possible. Et bien, on vient de finir le repas et le thé, il est 22h et ils te disent : les hommes, vous partez au salon de coiffure ; les femmes, vous, vous allez partir chez la voisine (les femmes se font toujours coiffer à la maison). Antoine et Julien partent au salon avec Cumhur : le salon est ouvert tant qu’il y a du monde. Poêle à bois dans le salon, une théière posée dessus, coiffeur avec la clope au bec. On a remonté le temps et c’est génial. Des ambiances comme ça n’existe presque plus chez nous. Concernant les filles, nous partons avec Kezban, sa fille et sa belle-sœur chez la voisine (dans la salle de bain de la voisine pour être tout à fait exact) dans un espèce de tuc-tuc. Heure de la coupe de cheveux sans que cela ne pose le moindre problème : 22h30. Vive les Turcs, leur sens de l’accueil et leur gentillesse. On a beaucoup ri avec Agathe quand la coiffeuse nous dit : la coupe vous plaît ? Bah… on ne sait pas, il n’y a pas de glace…

Petit instant émotion pour finir l’article (si vous versez une petite larme et que cela vous brouille la vue, au moins vous aurez tout lu).

Le contexte : problème de roue sur le Trek + problème de manette de frein sur le Pino = on s’arrête à un magasin de vélo. Il est 14h30 ; on repart du magasin à 17h, il nous faut sortir de la ville pour trouver un lieu de bivouac. Une voiture se met en warning, un homme nous interpelle. Comme Anna dort dans la remorque, Julien lui dit : « désolé, le bébé dort,  je ne m’arrête pas. » Je m’arrête à sa hauteur : Hassan nous demande de dormir chez lui. On lui dit que pour nous tout est ok, qu’on ne veut pas déranger. Hassan me dit que ce n’est pas une question, qu’une invitation ne se refuse pas et me met son téléphone dans la main en me disant de le garder car il y a son adresse indiquée sur Google Maps. Nous les suivons et 30 minutes plus tard, nous apprenons leur histoire.

Hassan et Selver sont originaires de Malatya. Ils ont tout perdu lors du tremblement de terre ayant frappé leur ville il y a un an. Selver était alors enceinte de 8 mois et leur premier enfant avait à ce moment là 2 ans. Ils ont été pendant 1 mois dans la rue et ont décidé de déménager loin de cette ville avec leurs 2 mamans. Ils sont traumatisés et ne veulent plus jamais retourner là-bas. Leur histoire  nous laissent sans voix et très émus. Ils se font une joie de passer du temps avec nous alors qu’ils n’ont plus rien. Cette leçon de vie, de partage et de courage !

Nous découvrons avec eux une nouvelle religion, l’alévisme. Cette population était à l’époque nomade ou semi-nomade, ce qui explique nos repas pris avec eux par terre autour d’un grand plateau. Bravo pour ce que vous êtes et ce que vous dégagez Hassan et Selver. Ils ont donné comme nom à leur petite fille : Güneş, qui signifie soleil en français.

Günaydın

Nous essayons toujours de nous adapter au pays dans lequel nous voyageons. Julien a donc planté le décor dès notre arrivée en Turquie : il a tout d’abord adopté la moustache pour son plus grand plaisir (un peu moins pour le mien), et, dès le pied posé à Istanbul, il a offert une tournée générale de kebab à toute la famille. Sur les derniers jours mexicains, il avait appris tous les mots turcs tournant autour du kebab. 

Notre arrivée à Istanbul (après un vol en 1 correspondance au lieu de 2, merci Air Canada et 8h de décalage horaire) se fait de la meilleure des façons possibles. Les enfants retrouvent par surprise leurs grands-parents maternels. Puis un jour plus tard, à notre tour d’être surpris par l’arrivée de mon frangin et de Solène. On passera 5 jours chaleureux partagés entre visites (Sainte Sophie, palais de Topkapi, mosquée bleue, Grand Bazar, bateau sur le Bosphore…), découverte du bain turc (on a tous retrouvé une peau de bébé : gommage et massage en mode bain moussant), parties de jeux de société endiablées, découverte culinaire, devoirs avec les grands-parents, Anna qui allonge ses premiers pas, partage de temps ensemble …

Une semaine plus tard, beaucoup d’émotions en se disant au revoir. Il est temps pour nous de remonter sur nos montures, avec 30 degrés en moins au compteur par rapport au Mexique. Une fois les doudounes remises, nous prenons un ferry pour sortir d’Istanbul et rejoindre Yalova en traversant la mer de Marmara. Nous sommes accueillis par Aşme et Mert, leurs 2 enfants de 1 et 6 ans et Mamie Nezahat. Quel accueil ! Ils ne nous laissent par repartir le lendemain et nous resterons avec plaisir une nuit de plus. Nous avons le droit à 2 leçons de turc (pas facile !), nous goûtons avec délice les baklavas, yufka, poissons frits et autres spécialités locales, et ils nous parlent du « Sufi trail ».

Quand on voit comment les voitures roulent en Turquie, on s’intéresse de près à cet itinéraire. Ni une ni deux, on contacte Iris et Serdat, fondateurs de ce trail, et ils nous envoient dans la minute qui suit le tracé GPS. Quand ça veut, ça veut ! Nous voilà donc actuellement sur ce tracé avec environ 4 fois plus de dénivelé que sur les 2×2 voies mais nous avons retrouvé les montagnes et sommes heureux ! Un soir, des paramedics nous conseillent un endroit pour camper et à 19h15, heure à laquelle ils rompent le jeûne (nous sommes en plein mois de ramadan), ils arrivent au niveau de la tente pour partager un festin avec nous!

Après 3 mois à rouler sur le plat au Yucatan, il nous fallait un stage de renforcement en montagne. On est servi : les dénivelés sont plus importants que ceux que l’on a connu dans les Rocheuses et les pourcentages… bah 31% on n’avait jamais fait. On sera affûté pour faire le Tour de France, comme dit Antoine, en quittant ces montagnes.

Dans un voyage au long cours, certains journées se démarquent grandement des autres. Ce matin là, il neige à gros flocons. Nous avons dormi en dur. Le débat commence pour savoir si nous prenons la route sur cette étape de seulement 23kms mais avec une partie sur piste, 600 mètres de dénivelé positif, une météo peu clémente : grêle, rafales à 30 km/h et la neige sont prévus. Comment ferons nous pour les changes d’Anna ? L’allaitement ? Lutter contre le froid pour Agathe et moi (les frileuses de la famille) ? S’arrêter manger ? Prendre une pause ?

Oui mais… c’est quand même magique de rouler sous la neige non ? Antoine : « Moi, c’est mon rêve, s’il vous plaîîîîtt. » Agathe : « Je voudrai faire plaisir à Antoine mais j’ai peur de pleurer à cause du froid. » Anna : Elle gambade dans le couloir en se marrant… Nous :  « Antoine, nous ne partons pas pour 1h de luge avant de se remettre au chaud à l’intérieur. » L’ enthousiasme d’Antoine est contagieux doublé à l’envie d’être à Eskişehir 2 jours plus tard pour les 7 ans d’Agathe et les 9 d’Antoine.

Réfléchissons à la logistique : il nous faut une adresse en arrivant pour ne pas chercher 1 heure un logement, changer et allaiter Anna juste avant de partir, emmitoufler Agathe et lui couvrir les pieds (zone la plus délicate), préparer le pique-nique et un thermos de thé avant de partir pour ne pas s’arrêter longtemps, repérer des petits hameaux en cas de pépin,… et oui nous partons avec 3 enfants dont un bébé.  Que de questions que nous ne nous posions pas avant !

Deux heures plus tard, on s’élance. On fera 3kms en 1h, on descend de nos vélos, on pousse, la pente est très raide. Mais effectivement, c’est magique cette neige qui nous entoure, dur mais magique. Les garçons se livrent à des batailles de boules de neige. Avec Agathe, on discute et on admire ce magnifique paysage mais c’est le deal, pas de batailles pour elle avant l’arrivée, elle garde ses gants secs. Anna, comme les bébés du nord de l’Europe fait des siestes du tonnerre dans sa remorque (elle dormira 2h le matin et 2h l’après-midi).

On entend le muezzin et sa mélodie au milieu de ce paysage grandiose, irréel. Et puis… ce pique-nique sous l’abri bus interrompu par Selattin et Sevim qui nous invitent à se réchauffer chez eux. A peine la porte passée, un festin est cuisiné pour nous. Ils sont honorés de nous recevoir, veulent nous garder pour la nuit mais nous voulons continuer un petit peu. Nous avons les larmes aux yeux en repartant 2 heures plus tard tellement il y a d’émotions. Quand la maman de Selattin nous sert dans ses bras, on sent réellement la bonté de cette femme. 

Une énorme montée sur une piste neigeuse où nos pneus dérapent, un soleil timide qui pointe son nez pour la descente après avoir passé un col venteux (indice : il y avait 10 éoliennes) et une belle descente où nous rions, soulagés et ravis d’avoir réussi sans pleurs et avec le sourire de nos enfants. Nous sommes accueillis le soir par Burak et Shirva, la journée se finira en dancefloor. 

Nous avons l’impression d’avoir vécu 10 journées différentes en une. Que nos cœurs ont battu la chamade pour l’effort physique, pour la beauté des paysages et évidement pour les émotions procurées par la rencontre avec ces personnes pleines d’amour et de bonté. Durant ce voyage, nous avons évidemment des moments de discorde avec nos enfants (nous avons pimenté notre vie avec 3 enfants mais on ne connait jamais la force du piment, pour notre petite Agathe le piment peut parfois être doux mais aussi…relevé !). Aujourd’hui, nous avons été admiratifs de leur progression physique et mentale, leur persévérance, et tellement heureux d’avoir évoluer à leurs côtés. Émerveillés et le sourire béat, nous nous endormons, ravis d’avoir pris la route.

Nous continuons le lendemain notre route vers Eskişehir où nous dormons dans un community center spécial cyclo ! Un beau concept de partage où les cyclos de la ville se rejoignent pour des ateliers vélos, la maison est le point de départ pour rouler ensemble et pour faire un repas après et une partie sert de guesthouse pour cyclistes du monde entier.

Nous découvrons avec joie ce nouveau pays, nous commençons à prendre nos repères en 15 jours : alimentation, monnaie locale (lire turque), chant du muezzin lors des 5 prières quotidiennes, gentillesse, bienveillance et générosité des turcs (les mexicains, vous avez de la concurrence) … Pour la langue, c’est plus compliqué, on ne comprend rien ! Peu de monde parle anglais. Beaucoup de gestes pour s’exprimer et … merci google traduction ! 

Nous alternons entre nuits dans des familles, chambre dans une colonie de vacances que l’on nous prête, une nuit en hôtel car il faisait vraiment froid et, avec joie, nous avons retrouvé le camping sauvage. Le froid devrait être désormais derrière nous.

A bientôt pour de nouvelles aventures. Güle güle.

Le coin des anecdotes

Je voulais remercier les muezzin de Turquie qui bercent nos enfants le soir quand nous sommes dans la tente. Vous avez de jolis voix messieurs.

Quand mon regard croise celui des femmes en burka intégrale, le choc des cultures s’opère. Perso, j’aimerais leur donner mon magasine féministe préféré :  » Causette ». Et ces femmes, elles, elles doivent se dire que je ne suis pas gênée de me trimballer en legging et T-shirt. Bref, il faut de tout pour faire un monde mais j’aimerais m’assurer qu’elles sont tout à fait heureuses quand même… Agathe trouve que leur tenue est dangereuse, qu’elles peuvent tomber et s’empêtrer dans leurs voilures. Argument à avancer aux hommes de la maison peut-être ?

Pour finir, quelques photos de la fin du Mexique, ça réchauffe, c’est psychologique. Et puis, on en profite pour remercier Ilya, qui nous a accueilli à Playa del Carmen. Il nous a aidé à récupérer les cartons, nous a fait de supers hamburgers, nous a emmené à l’aéroport. De grandes discussions sur la guerre en Ukraine, sur le fait qu’il ne peut pas rentrer voir sa famille à Moscou au risque d’être mobilisé… Ilya, on peut te le dire maintenant, avec tous tes ordis, tes caméras de surveillance… on s’est fait un film et on s’est dit que peut-être tu étais un espion russe ?

Adios Mexico

Bonjour à tous,

Après quatre mois passés au Mexique, Guatemala et Belize, vient le temps des adieux. Avant de quitter le Mexique, qui nous aura énormément marqué, on profite de la carte postale et des spots paradisiaques de la Riviera Maya. On délaisse nos vélos pour une quinzaine de jours. On ne quitte plus nos maillots de bain (ça rattrape notre bronzage cycliste !) et on coule des jours heureux les pieds dans l’eau.

L’eau est tantôt salée, à Mahahual, le long de la mer des Caraïbes. Étrange impression car ce village de pêcheurs est devenu étape des bateaux de croisière. On y profitera de la plage, des noix de coco, de la barrière de corail, d’Antonio et de ses glaces artisanales et d’un décor paradisiaque. Gros décalage entre les locaux vivant simplement et les croisiéristes débarqués pour la journée, déambulant en Jeep, en overboard ou en camion de safari sur la promenade. Dans la vie, il en faut pour tout le monde …

Ensuite, nous avons goûté l’eau douce à Buenavista et à Bacalar, le long de la lagune qui ressemble aux grands lacs côtiers de la Gironde, avec des cocotiers à la place des pins et une eau un chouille plus turquoise.
La carte postale peut être ultra touristique comme à Bacalar. Et à seulement quelques kilomètres, cette même carte postale, pourtant tout aussi paradisiaque, peut l’être beaucoup moins, voir pas du tout. On aura vraiment savouré notre halte dans le petit village de Buenavista et les rencontres qu’on y aura faite.

Se dire que ça va être dur de remonter sur les vélos, ça n’arrive pas que quand il pleut. Cela arrive aussi quand tu te  demandes si il ne faut pas acheter un bout de terrain dans ce coin de paradis !

Notre voyage est un rêve d’adultes qui se veut à portée de nos enfants. Nous profitons de ce voyage pour essayer de leur inculquer ce qui ne s’apprend pas sur les bancs de l’école, ni sur le canapé de la maison. Mais nous faisons également le nécessaire pour que la scolarité suive … Il est important pour nous que les enfants rentrent avec un niveau scolaire correct, la réadaptation à une vie plus sédentaire dans quelques mois n’en sera que plus facile. Nous avons donc profité de ces quelques jours de repos pour se mettre consciencieusement aux devoirs ! Classe tous les matins, les enfants ont été assidus (quand ils voient leur terrain de jeu et que nous leur disons : plus vite vous avez fini, plus vite, vous pourrez aller jouer, et bien cela marche du tonnerre !). Sur des grosses journées de vélo, nous avons abandonné l’idée des devoirs … Ce stop nous a donc permis une bonne mise à jour ! Ce stop nous a aussi permis des temps de qualité avec les 3 loulous. Quel plaisir de les voir grandir et s’épanouir, de jouer avec eux, de parler avec Antoine et Agathe de leurs joyeux projets d’enfants, de voir Anna faire ses premiers pas avec son grand sourire.

Nous avons également pris du temps en compagnie de nos copains et avec les autres voyageurs et locaux que l’on a rencontrés. Cela a a du bon de débrayer et de savoir s’octroyer des vacances dans le voyage.

La pause finie, nous retrouvons avec joie, Bruno et Véro venus nous rejoindre 15 jours. Nous battrons ensemble notre record qui s’établit désormais à 75 kms et passerons la barre de nos 5000 kms. Nous dormirons dans des spots splendides où nous pouvons nous refroidir après nos journées vélo caliente mais aussi s’instruire lorsque nous dormons dans un centre d’agriculture maya. Nous voyons nos premières cenotes (explication d’Antoine ci-dessous) ! Bref, un vrai plaisir de partager avec les copains ces derniers kms mexicains.

On nous avait parlé du Mexique en mode gangs et violence. On repart le cœur gonflé de l’amour et de la gentillesse des Mexicains. On sait par vos messages que vous nous lisez, muchas gracias de nous avoir ouvert vos portes : Mauricio, Yiyos, Olympia, Idelfonsa, Roger, Pablo, Humberto, Claudia, Brenda, Eduardo, Gabriella, Meg, Veronica, Alfonso, Constantino et tant d’autres, merci. Notre porte sera grande ouverte pour d’autres voyageurs à notre retour, on essaiera de faire aussi bien que vous, promis !


Notre bilan de ces 4 derniers mois au Mexique

Bien sûr on a eu chaud, on a souffert de l’humidité. On a d’ailleurs appris que chaleur + humidité = moisissure du matériel. On a aussi souffert des dos d’âne, des moustiques, de devoir faire six magasins différents pour nos repas quotidiens. Cela nous a fait bizarre de voir des déchets à ciel ouvert le long des routes mais aussi de ne pas avoir d’eau potable.

Mais surtout, on a adoré votre musique, votre cuisine que vous avez la gentillesse de ne pas pimenter à notre demande, votre incroyable bienveillance, votre gentillesse et votre sens de l’ accueil, votre bonne humeur et joie de vivre. On retiendra également votre amour pour le bruit et la musique (et nos nuits entrecoupées par les enceintes, les pétards, le bruit des chiens et des coqs), votre attachement pour votre famille et votre communauté (pas de maison de retraites en vue, les générations vivent ensemble), votre côté non matérialiste (prenons exemple !) : à l’intérieur de vos maisons un coin cuisine, une table, des chaises, un hamac et parfois des lits sont souvent les seuls biens.


Il est désormais temps de penser à la suite de notre voyage car nous partons de votre pays le 7 Mars.

Nous avons changé nos plans pour la suite, abandon de l’Afrique du Sud. Nous avons été en difficulté avec nos 3 bambins en Baja California, faute aux grandes distances entre les villages et l’autonomie en eau et nourriture s’avéraient difficiles. Après avoir étudié attentivement notre itinéraire en Afrique du Sud, nous serions retombés dans les mêmes travers et nous voulons que ce voyage reste un plaisir. Nous avons donc il y a quelques mois, réétalé la carte du monde sous les yeux. Et Antoine, vous indique notre prochaine destination !

Atterrissage donc à Istanbul, et un retour en France sur plusieurs mois de prévu. Pas besoin de reprendre l’avion. Diversité culturelle et culinaire, paysages divers et on espère encore plein de belles rencontres ! On va également essayer, on dit bien essayer, de se projeter à pieds sur des itinéraires randos.


Coins des anecdotes

Le coup de cœur de la semaine :
Quand tu te demandes si tu ne vas pas acheter un terrain dans un village, c’est le moment de sympathiser avec le boulanger. A Buenavista, il s’appelle Alfonso. Son pain et ses pâtisseries sont délicieux et lui, très sympa. De petites conversations en petites conversations, il me montre son four à bois (dixit Julien) et je lui demande s’il y fait des pizzas de temps en temps. Rendez-vous est pris le mardi suivant pour faire le pain et des pizzas avec lui. Une matinée magique avec Alfonso et sa femme et des pizzas délicieuses partagées tous ensemble. Bon bah on se motivait déjà à faire notre pain en rentrant, va falloir trouver la place pour un four à bois dans le jardin.

Tranquillement assis sous un palapa, occupés à une importante partie de Monopolydeal, une Mexicaine parfaitement inconnue de notre part, nous entreprend sur le doublement de la posologie du doliprane pour la poussée de dent d’Anna. Un peu surpris par le caractère intrusif de cette dame (même au Mexique, ça ne se fait pas de conseiller à des inconnus de doubler les doses de doliprane), nous continuons notre partie en la remerciant de ces précieux conseils. Elle revient dix minutes plus tard, et cette fois n’entreprend que notre copain Bruno. Elle se dit magnétiseuse, et appelle sa fille. Pour pallier au manque de réseau elle pose une chaise sur la table (on est toujours en train de jouer mais nous sommes bien obligés de nous interrompre) et met son téléphone dessus. Là, on éclate de rire. Notre copain est magnétiseur aussi. On le chambre en lui disant qu’elle a dû le sentir, qu’elle veut organiser un congrès de magnétiseur en visio, mais que nous on voudrait bien jouer peinard. Notre copain s’en sort grâce à la communication qui coupe. La femme repart sans que l’on ait compris ce qu’elle voulait mais la photo vaut dix.

Nous dormons un soir dans un ranch. Heloin nous offre la possibilité de camper dans son jardin et nous permet gentiment d’utiliser sa salle de bains, sa cuisine … Le lendemain, au moment de partir, nous lui demandons si on peut lui laisser notre poubelle. Il nous dit que oui sans souci sauf… la couche qu’il faudrait que nous jetions sur la route afin de nourrir les chiens !

A bientôt pour de nouvelles aventures!

Anna, Agathe, Antoine, Marion et Ju

La « cyclist caravan »

Bonjour,

Les enfants  ont vécu leur première expérience en auberge de jeunesse et nous, les parents, avons rajeuni de 15 ans. Les grands ont pu faire les trois cents coups et faire péter les traditionnels pétards mexicains avec Luc et Vincent le soir du 31 décembre. Anna, quant à elle, a pu se promener à l’envie avec Andrea et Yannick. Merci à vous d’avoir régalé les enfants avec tous ces bons moments.

Durant cette halte à San Cristobal de la Casas nous avons aussi visité une église recouverte au sol d’aiguilles de pins – où les tzotziles sacrifient les poulets, arpenté tous les marchés de la ville, fêté le Nouvel an dans la rue à la mexicaine (quand tu es en short t-shirt, c’est plus agréable de faire la fête en plein air) et profité de la présence de notre copine Adeline jusqu’au dernier moment. Nous avons ensuite regagné – par un trajet épique en mal des transports – Palenque où nous attendaient nos vélos pour de nouvelles aventures, direction le Guatemala. 

La première journée fut de courte durée, 4 kms seulement. Antoine est encore malade (voir le coin des anecdotes) et nous sortons péniblement (dans une chaleur humide et écrasante) de Palenque, dont l’inclinaison des rues ressemble à celles de San Francisco.  Nous prenons le lendemain une piste très très très empierrée avec de fortes pentes durant 2 jours. Il fait chaud, humide et on avance à rien ! Quel bonheur de trouver une cascade magnifique en cours de chemin ! Nous serons en plus bercés par le bruit des singes hurleurs. Nous les rencontrons déjà depuis quelques semaines, leurs rugissements sont semblables à celui de lions! Camille, « notre jeune fille au pair » comme on s’amuse à l’appeler, fait la route avec nous pour le plus grand plaisir de tous !

Quand nous revoyons la route bitumée, nous sautons tous de joie ! En prime, un accueil d’un soir très sympa chez Norma et Carlos. Nous cherchions un endroit pour dormir, la place de l’église était un peu étroite pour planter nos 2 tentes et Norma nous a invité chez elle. Merci à vous 2 !

La frontiere avec le Guatemala se passe rapidement et sans encombre. Attendus par des amis à 200 kms de là, nous alternons vélo et 2 sauts en pick-up pour rejoindre Florès en un temps record en mode Pékin Express.  Une pause d’une journée dans cette ville nous permet d’assister au défilé traditionnel de marionnettes géantes. Si on pouvait juste se passer des pétards « bomba et mitraillette » pour le premier défilé de 6h du mat, on ne dit pas non. Et si on pouvait aussi éviter de faire péter des bombas à 4h du mat, bah… on ne dit pas non non plus. Merci pour notre cœur et notre sommeil. On a aussi profité du tournoi de basket sur la place du village en soirée et en mode kermesse. Une façon de faire vivre le sport de manière festive et conviviale, à importer en France.  

Le lendemain, à El Remate nous retrouvons nos amis de la Vuelta Familia (famille habitant à 5 kms de chez nous en Gironde). Nous fêterons les 1 an d’Anna chez « Alice », une superbe guesthouse où nous avons le droit de planter nos tentes. Pinãta cassée avec également 1 autre famille française de cyclo, maxi gâteau et petit jouet pour notre kikou. Elle grince un peu des dents depuis quelques jours, la faute à 2 dents faisant leur apparition ! 

Notre convoi exceptionnel (pas moins de 11 personnes !), la « cyclist caravan », prend la route joyeusement, direction le Belize. En 1 semaine, 2 passages de frontière, 3ème changement de monnaie et changement de langue, on revient à l’anglais.

Ce tout petit pays nous réserve de belles surprises, nous nous croyons sur les îles. Ambiance à la cool et toujours autant de klaxons et de coucous joyeux tout au long de la route ! Ce pays semble plus riche que son voisin le Guatemala. Il n’y a presque plus de déchets en bord des routes et dans les jardins, l’eau du robinet est à nouveau potable et l’on recroise des énormes et rutilant pick-up flambant neufs. Le métissage est très important et de ce que nous avons appris, le racisme peu présent. Les nattes et les rastas sont sur beaucoup de têtes. Alors, bain culturel, Jerusha et Michelle alterneront pour coiffer toutes les têtes (pour tous ceux ayant les cheveux assez longs) dans le community center autour d’un café pendant que les enfants jouent ensemble.

Tous les supermarchés sont tenus par des chinois. Cela nous interroge. Nous apprenons qu’ici les prêts à la banque sont très chers, trop chers pour les Béliziens qui ne peuvent ouvrir que de petites tiendas et se prêtent de l’argent entre eux. Les chinois, peuvent trouver les capitaux nécessaires  pour un supermarché.  Résultat : Le monde appartiendra un jour aux chinois…

Les liens familiaux au Belize font chaud au cœur. Plusieurs générations vivent dans la même maison, une seule maison de retraite existe dans le pays, dans la capitale, à Belmopan. D’ailleurs, parlons en de cette capitale, la plus petite capitale que nous n’ayons jamais vu ! Elle ressemble à un gros village, elle peut se parcourir à pied en un temps record ! 1 seule boulangerie, 2 banques, impossible de se perdre !

Nous trouvons des lieux de bivouacs très sympas : chez Bobby l’ambassadeur, dans une réserve de protection des singes, chez Marga l’hippie, dans des community center, dans une école, chez des locaux … Comme quoi même à 11 ou à 10, nous arrivons à nous immerger dans vie locale.

Les enfants sont heureux d’être ensemble et les parents aussi ! Nous laissons Camille après 20 jours ensemble, elle part au Sud. Adieu notre jeune fille au pair quadrilingue : il va à nouveau falloir s’occuper des enfants… Sans compter qu’elle était aussi notre interprète anglais-espagnol-italien. Camille, reviens ! Pour info, elle a organisé une superbe chasse aux trésors aux enfants et elle leur a fait des bons : pour des crêpes,  des glaces,… ils n’ont pas oublié alors on te déteste autant que l’on t’aime 🙂 

Nous continuons à 10 vers le Nord. Nous sommes actuellement au sud de Bacalar, dans une petite lagune, plus exactement au balneario Ejidal, à se dorer la pilule avant de repartir dans des directions différentes dans quelques jours. Devoirs, nage, jeux de société, sieste, nage, et re-nage, partie de foot endiablée, ouverture de 4 ou 5 noix de coco par jour, mise à jour administrative, etc. rythment les journées.

Le coin des anecdotes

– Parfois, les voyages à vélo déraillent, un peu, juste un temps. Il suffit de pas grand chose où plutôt l’accumulation de petites choses. Cela nous est arrivé en ce début d’année 2024. Dans notre aventure, il nous faut accepter les journées difficiles, avec les enfants malades (gastro pour Antoine et Agathe, poussée dentaire pour Anna), des pistes empierrées et raides, des chutes (sur le même jour, chutes des deux garçons), le téléphone nous servant de GPS qui tombe et sur lequel on roule, des moisissures de la remorque et de sacoches dues à l’humidité et la pluie lorsque nous avons laissé nos vélos durant 10 jours pendant les fêtes, un ras le bol de ne pas avancer, la chaleur, l’humidité, un doigt de pied de cassé pour ma part en glissant sur un ponton… Durant plusieurs jours, nous avons combattu toutes ces péripéties puis nous les avons accepté en fin de compte, pas le choix ! Elles font aussi partie de l’aventure. 

– Un midi hors du commun expliqué par Antoine ci-dessous.

– La rencontre avec Camille, notre jeune fille au pair. Tout a commencé quand nous sommes arrivés à Palenque pour Noël, elle a vu nos vélos, a été conquise. Nous sommes sur un groupe Whatsapp spécial cyclo pour le Mexique, nous lui disons que nous avons vu un vélo pas cher à vendre sur ce groupe. 10 jours après nous prenons la route ensemble, tellement facile et parfois improbable la vie !

– Nous sommes accueillis chez Roberto, et il nous propose… sa machine à laver (cela fait 2 mois que nous lavons tous à la main) ! Cela ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Les deux familles trient le linge, on lance une machine. Quand vient le temps de l’essorage, la machine (installée sur une palette) chute ! Trop de linge ? Linge qui bloque ? Bref, voilà Héloïse et Ju tenant la machine le temps de l’essorage. Il faut les voir être secoués comme des pruniers durant plusieurs minutes ! Fou rire garanti !

– Flash culturel : Le Belize est un pays plus riche que ses voisins. Le niveau de vie est plus élevé. Mais les Béliziens ne sont pas pour autant adeptes des grandes maisons, des finitions impeccables, ni de la dernière décoration d’intérieure. Ils privilégient pour leur habitat le vivre ensemble, le fonctionnel et la simplicité. Une idée à méditer, pour ne pas se prendre la tête avec les accords entre la couleur du plan de travail de la cuisine et celle des interrupteurs des WC. 

A bientôt ! Bises à tous et merci pour vos nombreux messages qui nous rendent toujours aussi heureux !

Avec notre copine Adeline

Bonjour à tous,

Quelle belle semaine passée en montagne. Du dénivelé, on adore cela !

Nous traversons des villages indigènes, les enfants apprennent à faire des piñatas et des tortillas. Nous dormons sous les dômes des terrains de basket/football. Antoine passe ses fins d’après-midi à jouer au foot, Julien monte la tente sous le regard curieux d’une vingtaine de villageois et des femmes nous montrent comment elles procèdent pour coudre les vêtements traditionnels. En parallèle, nous faisons un peu de tourisme avec la découverte d’Agua Azul et de Misol Ha.

Nous laissons nos vélos à Palenque, trêve de Noël ! Et partons à Villahermosa pour aller chercher notre copine Adeline qui passe 10 jours avec nous. Quel accueil de la part de Veronica chez qui nous passons la nuit. Nous avons été invités dans sa famille le 23 au soir, au cœur des fêtes traditionnelles. Nous avons chanté pour la « rama » puis avons enchaîné avec la « posada ». Nous nous souviendrons longtemps de ce beau moment.

Je laisse la plume à Adeline pour la suite de nos aventures !

Lettre à mes amis

Il était une fois, au cours d’une séance de confection de sablés de Noël à Quinsac, la promesse de se retrouver quelque part sur la planète pour les fêtes, lors d’un futur tour du monde. Quelques années plus tard et quelques km en plus au compteur, nous y voici : magique, le Mexique ! À bas le vélo, en avant le collectivo !

Et me voilà atterrie à Villahermosa pour débuter de nouvelles aventures pédestres avec vous, durant deux (petites) semaines entre jungle et montagnes du Chiapas…

De ces temps de partage, je retiendrai avant tout votre envie furieuse de prendre du plaisir dans les petits riens du quotidien et les diverses expériences de la vie.

D’ailleurs nombreuses furent les expériences culinaires : le Jamaïca de Veronica, le poulet/chayottes partagé avec les Ch’ol, les sauterelles sauce piment/citron, les tortas et autres quesadillas al pastor, les ramboutanstant aimés d’Anna…

D’autres plus spectaculaires et aventureuses telles que les falaises du canyon del Sumidero et son fleuve aux cocodrilos, le site archéologique maya de Palenque.

Et au milieu de tout ça, beaucoup de moments de joie

… et d’allégresse.

Et n’oublions pas les moments de force

…et les coups de faiblesse !

Ces temps hors du temps, suspendus, riches et mémorables m’ont ressourcée et permis de grandir encore avec pour nouveau tampon sur mes papiers :  « passeport bonheur » aka French Family (Forever).

Marion, Julien,

Petit Jesùs et las Pitufinas,

un beau merci pour m’avoir

ouvert vos portes vers de

nouveaux horizons !

Hasta pronto… Votre amie qui vous aime

Nos résolutions 2024 !

Pour 2024, nous veillerons :

  1. à ce que nos enfants aient une activité physique quotidienne ;

2. que leur endurcissement au froid continue ;

3. qu’ils aient des heures de coucher régulières, avec rituels et dans le calme ;

4. à développer leur autonomie pour la cuisine et les tâches quotidiennes ;

5. à continuer à leur inculquer le goût de l’aventure ;

6. à ne pas négliger l’apprentissage scolaire …

… ni transiger sur une alimentation équilibrée ;

7. à ce que les trois loulous continuent à créer des liens solides ;

8. … et le plus important, à ce qu’ils profitent de 2024 pour jouer et encore jouer !

Vu qu’il ne faut pas avoir peur du bonheur, on vous souhaite à tous une belle année 2024, pleine de rêves et de surprises !

5 mois de voyage et 3500 kms plus tard …

Nous continuons notre route dans la jungle en dormant dans des villages mayas. Nous nous arrêtons vers 15h le temps de trouver un endroit pour dormir (il fait nuit à 17h30). Après avoir refusé pour la première fois une porte qui nous était ouverte (à l’intérieur de la maison, des détritus partout, des restes alimentaires au sol, des vêtements à même le sol recouverts d’eau croupie : nous ne pouvions vraiment pas dormir là même si nous ne sommes pas du tout difficiles), nous nous rendons au commissariat du village. Les policiers nous ouvrent alors le centre de santé (qui est vide) pour avoir accès aux toilettes et aux douches, le paradis ! Et nous poserons la tente sous le kiosque du parc pour enfants.

Tout le village vient nous parler, les enfants jouent avec les petits mayas et ma spécialité, parler des heures avec les grands mères des villages, je comprends un mot sur 2 mais on s’en sort. L’hospitalité est  incroyable, on nous offre fruits et autres alors que dans ces villages, les gens n’ont absolument rien. Alors on partage nos tortillas, gâteaux, chips et bonbons à la bonne franquette.

Arrivés à Campeche, Idelfonsa et Pablo nous réservent un superbe accueil.

Cette ancienne ville coloniale est très belle. Ce couple nous rejoindra même 40 kms plus loin, le soir, pour nous offrir le resto ! Merci de nous avoir couvert d’attentions et de cadeaux ! Promis, votre hamac sera installé à notre retour en France !

Ils sont étonnés que les enfants ne boivent pas de coca. Ici, c’est la boisson phare, passant même devant l’eau. Les bébés commencent à en boire à 6-7mois. Et la seule source d’eau potable du Mexique est utilisée par Coca, cela me rappelle une triste histoire en Tanzanie…

La route ou plutôt l’autoroute longiligne vers Isla Iguada aurait pu être très longue et ennuyeuse. C’était sans compter le pèlerinage de Ste Maria de Guadeloupa. Des milliers de cyclistes pélerinent de Ciudad de Mexico à Merida avec des vierges pesant jusqu’à 20 kg, accrochées à un petit sac à dos sur le dos courbé. Ils dorment de 23h à 4h dans les églises et repartent. Nous les croisons toutes la journée et faisons nos pauses avec eux. Leurs vélos iraient directement à la déchetterie en France et eux, parcourent des centaines de kms dessus avec un chargement de dingue. Et ping ! encore une belle leçon de vie. Pas besoin du vélo dernier cri pour partir en pèlerinage ou à l’aventure. Cela a été un plaisir de rouler avec eux. Nous avons en plus trouvé des spots magiques pour camper (et en prime une rencontre avec Laurent et Bagheera !).

C’est donc de la meilleure des façons que nous arrivons à Isla Iguada pour voir les dauphins dans leur milieu naturel. Pablo nous a trouvé une barque, et nous passons deux heures à observer les dauphins. Nous sommes la seule barque sur la lagune. Agathe a même oublié d’enlever son sourire pendant la nuit ! Son rêve est devenu réalité.

Destination Ciudad del Carmen où nous attendent Humberto et Claudia, ainsi que Monica et Juan.

Et oui, une chance incroyable, une chaîne de solidarité s’est nouée, nous sommes attendus à différents endroits du Yucatan, merci Roger qui a été le premier maillon de la chaîne. Comme dirait Tonton, nous sommes des aspirateurs à hospitalité et nous comptons bien rendre la pareille une fois notre retour en France.

Nous devions rester une nuit chez Humberto. Au final, la faute au mauvais temps, qui bloque les bateaux au port, nous y passerons 4 nuits et vivrons à la mexicaine (horaires des repas : 9h – 15h – 22h). Nous apprendrons beaucoup.

Le pèlerinage est malheureusement fini, et nous n’avons donc plus envie de faire cette longue portion d’autoroute seuls. Celle-ci étant également plus dangereuse après Cuidad del Carmen. Une barque peut nous emmener de Ciudad del Carmen à Palizada, vamos! Le port est de nouveau ouvert ! Deux heures hautes en couleurs, je n’ai jamais autant serré Anna dans mes bras ! Nous avons traversé des villages seulement accessibles par bateau, même pour accéder à l’école, c’est par le Los Rios ! Des colis ont été déposés à la barque le matin, nous les livrons au fil de l’eau, la Poste sur l’eau. Incroyable, mais vrai !

Par la suite, nous ferons deux jours au milieu des marécages, les gens vivent dans des conditions extrêmement difficiles et nous nous sentons très petits face à leurs conditions de vie. Un peu comme dans « les enfants du marais ». Nous avons observé de merveilleuses plantes, oiseaux, papillons tout au long de ces journées dans une végétation luxuriante. La région est très agricole, le moyen de locomotion le plus utilisé sont les chevaux. Nous verrons des cowboy, yeaeeeehaaaa !

Direction les montagnes (maintenant que Julien est de nouveau en forme, les montagnes lui manquaient !), dans le Chiapas. État extrêmement pauvre, nous nous sentons observés mais la bienveillance reste de mise. On est très respectueux de ces gens qui n’ont rien et pourtant nous offre quelques paroles, paquets de biscuits, café, conseils pour la route…

A bientôt pour d’autres nouvelles mexicaines ! Nous vous souhaitons à tous de formidables fêtes ! Merci pour vos mots d’encouragements/soutien/nouvelles,…


Le coin des anecdotes 

  • Pause du matin, Julien se débat avec son couteau et une noix de coco. Un mexicain arrive de nulle part avec sa machette. Il nous dégote deux noix de coco : une germée et une non germée. Deux coups de machette, un sourire et un au revoir plus tard, il repart aussi vite qu’il est venu. Nous n’avons plus qu’à déguster!
  • Un après-midi, deux mexicains viennent nous chercher, machettes à la main et nous montrent notre tente avec un regard désolé. Mince, que s’est il passé ? On comprend qu’ils ont vu un serpent rentrer dans la tente. On sort tout, ils sont dans la tente armés de leurs machettes et on voit qu’ils ne sont pas rassurés. RAS. Ils sont complètement désolés de nous voir dérangé. On leur dit que c’est adorable d’avoir été si prévenants. Ils reviennent 10 minutes après avec deux noix de coco prêtes à manger et du jus de coco. 
  • Rencontre improbable avec Mel : il fabrique avec les enfants des balles de jonglage, leur apprend à danser, nous fait manger pizza et coca au petit dej (là je peux pas perso mais aucun souci pour les autres membres de la famille). L’apothéose arrive lorsqu’il demande le signe astrologique de Julien, lui montre sa constellation et à l’aide d’un laser, trace chaque lettre du prénom Julien dans l’espace avec un joli cœur entre chaque lettre !
  • Nous arrivons à Agua Clara. Après 60 kms (et 68 kms la veille, record battu), un peu de dénivelé, nous sommes content d’arriver au camping … qui n’en est pas un. On avait vendu aux enfants la piscine à l’arrivée, super site… Un homme arrive, il est légèrement ivre. Nous avons fait dans la matinée 10 kms de détour car des locaux nous ont dit de ne surtout pas passer par une piste où tout le monde se fait braquer par des types avec des guns et avec le soutien des policiers (nous avons fait le détour sans aucune hésitation). Nous sommes donc un peu sur la retenue mais n’avons guère le choix ; le prochain village est à 35 kms, il fait nuit dans une heure. Nous décidons de rester, et cet homme, lui, décide de continuer à boire. Moyen rassurés… et plus il boit, moins on le comprend et plus ses propos ont un ton véhément. On décide d’envoyer un message à mon papa, histoire qu’au moins une personne sur cette terre sache où nous sommes. Cela ne capte pas… A 20h, nous sommes en train de finir de manger. Il vient nous dire qu’il part se recharger en bière… Mission famille : ok les enfants, il faut que l’on soit tous dans la tente au retour pour ne pas que la situation s’envenime. Et on ira dans la tente tous les 5 en même temps. Cela s’active de tous les côtés : vaisselle, fin de la lessive à la main, brossage de dents, les pipis. On l’entend revenir, on se précipite dans la tente et chut silence, hein Anna ! Mission accomplie ! Nuit la plus stressante du voyage surtout quand ses copains aussi bourrés que lui arrivent à 20h puis 22h30 ! Le lendemain soir, hôtel pour se remettre des émotions ! 

Le coin des naissances

C’est avec une émotion particulière que nous avons appris la naissance de notre petit neveu/cousin le 5 décembre. Côme, nous avons découvert la musique maya. Tambour rythmant le cœur de la terre, appel du Dieu Chac pour la pluie : Antoine, Agathe et deux mayas ont joué pour toi, petit bonhomme. Anna aussi a tapé en rythme (même s’il semblerait que ton papa a plus le rythme dans la peau que le sien !). On te souhaite en rythme et en musique une belle arrivée sur Terre. Embrasse tout le monde de notre part ! On t’aime déjà, de loin et de près dans quelques mois ! Nous t’imaginons déjà avec Anna sur la terrasse de Papi et Mamie en train de jouer à la cuisine !

« Les Mexicains, surtout ne changez rien, vous êtes formidables ! »

Bonjour à tous,

Nous ne savons même plus par où commencer avec un concentré d’émotions difficile à retranscrire par écrit !

Pour commencer : Julien, barbouillé depuis un mois et malade ++ depuis une semaine, se résigne enfin à aller voir un médecin. Verdict : un parasite au niveau digestif expliquant la grosse fatigue et les kilos en moins. Un diagnostic enfin posé avec un traitement adapté. Merci Marion qui m’a poussé à aller voir un médecin, merci Dr Pepe de San Felipe et à notre médecin de France pour avoir validé le traitement.

Pendant cette pause à San Felipe, nous passerons beaucoup de temps avec Stéphanie et Scott, canadiens et amoureux de la Baja 1000, la plus grande course de motos et voitures au monde hors route se faisant en une étape. Le voyage permet aussi de sortir de sa zone de confort et de s’intéresser aux passions des personnes rencontrées. On en profite pour découvrir l’univers de cette course hors norme qui attire des écuries de toute l’Amérique. Budget indécent, voitures sous stéroïdes, tracé spectaculaire de 1600km, que la catégorie Ironman parcoure en solo en moins de 55h. C’est la fête sur toute la péninsule à l’approche du départ et on comprend mieux pourquoi maintenant. 

Point sur le voyage, la Baja ne se fera pas à vélo. Mais il faut tout de même descendre les 1000 kms qui nous séparent de la Paz.

Nous avions fait une rencontre incroyable avec Olimpia et Yiyos à Ensenada. Un coup de fil inattendu et … Yiyos nous propose de nous emmener à la Paz en van. Nous n’en croyons pas nos yeux. C’est avec Joël et Yiyos que nous allons parcourir ce trajet haut en couleurs, avec rires tonitruants, de la bonne musique mexicaine, et des stops incessants où Yiyos et Joël discutent avec des inconnus et une joie communicative. Un après-midi, on s’arrête sur une plage magnifique, ils pêchent, on nage. Naturellement, nous partons chez un copain à eux, restaurateur. Il nous prépare les poissons pêchés. On n’aura jamais mangé des plats de poisson aussi bon. Et puis hop, à peine fini de manger, on repart après une dizaine de photos et des embrassades. Nous ne regrettons pas notre choix d’avoir abandonné cette partie en vélo. Montagne de cactus, oasis, magnifique mais peu d’ombre et peu d’eau, cela aurait été dur avec notre allure de tortue.

Arrivés à la Paz, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Accueillis par Brenda et Eduardo et leurs enfants de 3 ans et 10 mois, Oliver et Luc, nous vivons 4 jours en immersion mexicaine. Nous nous sentons de suite à l’aise, le courant passe très bien. Emballage des vélos, repas en commun, discussion autour de la gestion des enfants en bas âge, trampoline, devoirs, plage, premiers repas sur le pouce au cœur d’un marché mexicain, premiers jus de fruits frais, rythmeront ces jolies journées passées ensemble avant notre envolée vers le Yucatan. Merci à vous 4 pour votre accueil et incroyable gentillesse. Le plus fou, c’est qu’au moment de se quitter, Brenda nous dit ces mots : “N’oubliez pas l’hospitalité; car, en l’exerçant, quelques-uns ont logé des anges, sans le savoir.” Frissons garantis, c’est le monde à l’envers, c’est nous qui ne savons pas comment les remercier !

Une nuit à l’aéroport de Mexico city ; une arrivée à Merida avec Roger et Bob nous attendant en pick-up ; puis 4 jours chez Gabriella à Merida le temps de remonter nos vélos et visiter cette belle ville, son musée maya, son grouillant marché et … Décathlon (notre adresse shopping préférée) ! Roger (le Patrick mexicain connaissant toutes les pistes et petites routes des environs) passera 3 heures avec nous pour étudier le trajet !

Nous voici désormais sur les pistes de la jungle, en direction d’Uxmal, 1er temple maya que nous allons visiter. Les rencontres sont riches sur ces routes non touristiques, nous repartons avec des kilos de fruits offerts par un maraîcher (on se régale des meilleurs pamplemousse de notre vie), des bivouacs avec des gens chaleureux nous entourant. Et puis cette soirée à San Antonio, petit village maya de 500 âmes restera gravé dans nos mémoires. On nous prête une maison située sur la place du village. Des humains mais aussi des porcs, des poules, des coqs et des chiens gravitent autour de cette place. On se lavera sur la place, les enfants joueront avec les enfants maya et auront cette chance de les accompagner et de visiter l’école le lendemain. Ici maya 1ère langue, espagnol 2eme langue. On se comprend avec les mains ! 

Le coin des anecdotes

– Arrêt sur une place de village. Nous cherchons un endroit pour mettre notre tente. Les policiers nous conseillent le stade de football. Allez hop, on y va. On nous amène même de l’eau (toujours non potable au robinet). Le soir, à 20h (il fait nuit noire à 17h30 donc 20h, nous sommes dans la tente), on voit des gyrophares s’approcher. Quatre policiers armés de la tête aux pieds viennent simplement nous demander si on a pas trop de moustiques, si le bébé dort bien et si on a besoin de quelque chose ! On a besoin de rien, on a une moustiquaire avec la tente, par contre le bébé ne dort plus. Mais cela n’est pas grave du tout, les Mexicains, surtout ne changez rien, vous êtes formidables ! Et merci pour les reflets bleus des gyrophares la nuit, ça donne des frissons tellement c’est beau ; et ça rappelle les nuit au boulot. 

– Nous dormons sous la tente à côté de la maison de José. Robin et Eduardo sont apparus dans mon champ de vision (dixit Julien) au bout du chemin, au milieu de la jungle à 6h du matin quand je faisais des squats et des fentes avec Anna en porte bébé (on fait sport quand on peut et chacun sa méthode pour rendormir sa fille, )… et là je me dis que ces mecs qui marquent un temps d’arrêt à 100 m sont sûrement des bûcherons et qu’ils doivent sérieusement se demander ce que je fabrique. Le ridicule ne tue pas ! Je finis ma série et retourne au camp préparer le petit déjeuner avec Marion. Quand ces deux hommes arrivent à nous, c’est eux qui me font halluciner et nous font vivre un moment de vie complètement décalé. Ils sont adorables et ont envie de discuter. Mais nous avons un espagnol encore limité. Ils nous ont offert une compagnie irréelle pour ce petit déjeuner : Eduardo sort de son sac à dos deux litres de bières et nous en propose. Bah en fait Eduardo, le matin on prend plutôt du thé ou du café, desculpe… Antoine émerge de la tente pas très bien réveillé, les regardent et nous dit : ils sont en train de boire chacun une bouteille de 1 L de bière là ? Maman, un des monsieurs, il est déguisé en femme et me parle avec une voix de femme non ? Bah…oui pour tout. Ils resteront avec nous 1 bonne heure, et repartiront avec leurs bouteilles vides. Antoine a dit que c’était un drôle de réveil ! On ne vous oubliera pas !

Hasta luego

PS : Vous l’aurez compris, quelle joie d’être retournés sur nos deux roues ! On s’habitue à l’humidité, à la chaleur, aux moustiques et aux fourmis qui mordent fort ! Cela se fait naturellement notamment grâce à la gentillesse incroyable des mexicains. On ne peut plus répondre individuellement à tout le monde alors merci à vous, du fond du cœur pour vos messages ! Tout est lu, toujours avec grand plaisir.