Turquie & Grèce

Καλημέρα

Bonjour à tous, 

1

… passage de frontière entre la Turquie et la Grèce qui se fera par voie fluviale. Kastellorizo sera notre porte d’entrée pour la Grèce. Île paradisiaque loin du tumulte touristique. Un jour passé sur cette île, sur une petite plage à jouer, nager et profiter. Un autre ferry pour nous rendre à Rhodes, jolie ville médiévale au milieu de sa horde de touristes (on n’a pas trouvé le colosse…). Puis on se prépare pour nos 22 heures de ferry pour rejoindre Athènes. Hors saison, les prix sont plus qu’abordables, nous avons une cabine 4 places. Le temps file vite. On rencontre sur le pont une famille suisse avec leurs 3 garçons voyageant en sac à dos et transports en commun/voiture. Chapeau ! Puis le soir, on rejoint notre copain cyclo Mathys qui est en compagnie de Yannick et Romane. Ils sont en mode sac à dos et rallient Tahiti (où ils ont travaillé 3 ans) à la France sans prendre l’avion sur 2 ans. On les retrouvera par pur hasard 15 jours plus tard et on partagera une belle soirée ensemble. On verra, depuis le pont, différentes îles des Cyclades.

2

… heures après le débarquement, douche froide à Athènes ! Arrivée lundi 13 mai à midi, au Pirée, port d’Athènes. On ne le sait pas encore mais l’après-midi sera éprouvante. On va traverser cette ville de 4 millions d’habitants (qui est loin d’être plate) sous une pluie torrentielle. Accalmie d’une heure où nous pourrons tout de même voir l’Acropole. Nous arrivons à plus de 20h, épuisés chez Matt et sa femme ainsi que leurs deux filles. Merci à vous 4 pour votre accueil. Ils nous ont récupéré mouillés jusqu’aux os. On valide la devise de votre famille : « The best things in life are wild and free ».

3

… jours de vélos pour arriver dans la ferme de  Yiannis et Anna. Il y a 6 ans, ils recueillent Chand, pakistanais qui a alors 18 ans. Il a passé les frontières entre l’Iran et la Turquie puis entre la Turquie et la Grèce clandestinement, la peur au ventre. Yiannis n’est pas là lorsque nous arrivons avec nos vélos. Chand nous accueille et deux minutes après notre arrivée, nous brandit un papier : sa nationalité grecque obtenue quelques heures auparavant ! Il vit dans une caravane sur la ferme, sa maison est bientôt prête . On l’invite à manger dans le logement prêté par Yiannis. Il nous a raconté son histoire qui fait froid dans le dos mais qui se finit bien. Le lendemain, on rencontre Yiannis et sa femme Anna, prof de français. Les enfants ont eu un cours particulier de grec, on a un bel itinéraire de tracé et ils nous ont fait goûter des spécialités grecques. Il y a des soirées de ce voyage qui ne s’oublieront pas… De plus, grâce à eux, on sait désormais à quoi ressemble un pistachier ! Et les enfants ont béni Yiannis qui nous a monté en camion en haut de sa montagne (500 m de dénivelé et 15 kms de gagné !).

4

… personnes qui s’arrêtent sur notre chemin et pour qui nous avons eu un coup de cœur. Ils s’appellent Chris, Georges, Cristobal et Despina. Ils nous offriront de leurs temps pour nous indiquer des bivouacs (attention : ne lâcher pas les enfants, traces de loups à moins de 15 minutes de marche d’ici…), nous faire découvrir des spécialités grecques, nous en apprendre plus sur leur pays, … Ils nous gâteront de gâteaux typiques du pays, brioches, abricots du jardin, cerises, pizzas, pop corn, jeux pour les enfants et même un flacon de propolis (Cristobal est apiculteur).

5

… corps se mettant dans une eau chaude thermale souterraine à 38 degrés aux Thermopyles. Après avoir retracé l’histoire du roi Léonidas et des Perses, place à la détente : ça décontracte les mollets. Et oui, le dénivelé est là mais les pentes sont beaucoup moins importantes qu’en Turquie. On monte plus facilement et nous sommes capables de faire 800m de dénivelé par jour. 

6

… monastères chrétiens orthodoxes hissés majestueusement sur les Météores. Ils sont perchés au sommet de falaises. Notre première partie de parcours est atteinte. De belles randonnées nous attendent pour découvrir ces lieux. On s’interroge quand même : les moines sont venus s’installer ici pour vivre reclus du monde et des centaines de touristes (dont nous) débarquent chaque jour…

7

… nuits de camping sauvage dont une vraiment magique sur un amphithéâtre de l’époque (nous avions eu l’autorisation). Les églises nous prêtent leurs parvis, les oliviers leurs terres, les sapins leurs aiguilles de pins pour un matelas tout doux. Par contre, pas de zone pastorale donc nous pouvons aisément faire du camping sauvage mais nous remplissons nos poches à eau au dernier village ou à la dernière station-service pour le soir (nos 20 L nous permettent de faire les douches, la vaisselle, la cuisine, une petite lessive et remplir les gourdes du lendemain… ).

8

… nuits au camping Meteora garden. Les touristes restent en moyenne 1 ou 2 nuits. Nous concernant, c’était sans compter Ju et Anna qui ont tourné pendant 48h à plus de 39 de fièvre… On devient potes avec les proprios qui nous proposent de nous embaucher pour la saison !

9

…. ce maudit chiffre que nous ne voulons plus voir sur ce thermomètre pour notre petite dernière. 48h à 39 degrés, visite chez le docteur qui nous dit que tout va bien… Le lendemain, ce n’est pas le 39 mais le 40 qui s’affiche. Direction le General Hospital de Trikala à 25 kms du camping. Amalia et Pauline, nos copines suisses, nous déposent toutes les deux (merci les filles !). Une batterie d’examens, des personnels soignants ne parlant pas forcément anglais, qui ont fait option boucher au lieu de pédiatrie, une petite fille somnolente et qui n’est vraiment pas au mieux. Le verdict tombe, ce sera une pneumonie et 6 jours à l’hôpital pour des antibiotiques en intraveineuse. Julien et les enfants remballent tout au camping, font les 25 kms en sens inverse et prennent un logement pour nous retrouver et nous épauler (merci à Zoé et Gregory d’être aux petits soins pour nous, votre logement est magique, vos conseils sont précieux et vos gâteaux et pizzas délicieux !).

On pense tous les jours aux supers médecins et infirmières de Pelegrin et on les regrette du fond du cœur. Réveils impromptus et sans aucune douceur 5 à 6 fois par nuit pour Anna pour ne même pas l’examiner, manque de communication, pas un geste ou parole douce lors de l’examen (ils sont donc 3 à la tenir de force pour l’ausculter), staff non aimable hormis un médecin et une infirmière, chaleur intense dans les chambres (il fait 35 degrés dehors), chambre partagée la dernière nuit,… Les parents grecs hurlent contre le staff dans le couloir, quelle ambiance ! Alors je dis à Anna : « on serre les fesses, on garde le moral, tu guéris le plus vite possible pour qu’on puisse prendre la poudre d’escampette ! » 

Une sortie le mardi 4 Juin avec un contrôle prévu le 6. Et là on remercie chaleureusement Tata Mimi et notre médecin de France nous évitant une seconde hospitalisation (on vous passe les détails techniques mais heureusement que Tata Mimi a pris les choses en main et à rédigé la procédure appliquée en France en anglais). Quelle joie de se retrouver tous ensemble réunis ! 


Là, c’est donc repos et remise des émotions avant de repartir sur les routes ! Julien nous dit en souriant : « on ne rentre pas avant d’avoir fair 10 000 kms » et bien à ce rythme nous ne sommes pas rentrés ! 

Merci pour votre soutien infaillible et vos nombreux messages ! 

Beau mois de Juin à tous en espérant que le soleil pointe le bout son nez en France, ici on atteindra les 40 degrés la semaine prochaine… 


Le coin des anecdotes

– Notre ferry pour Rhodes à 3 heures de retard, résultat : arrivée à 21h30. Nous ressemblons à des indiens dans la ville avec nos gilets jaunes, nos frontales,… quand nous traversons un quartier huppé où tout le monde est bien habillé et nous détaille attentivement. Pour couronner le tout, Anna a envie de dormir et hurle à gorge déployée, comme ça on est sûr que tout le monde se retourne. L’arrivée à l’hôtel est la bienvenue. 

– Nous faisons le plein d’eau chez Artis, électricien sur des machines agricoles. Il nous offre gentiment le goûter. On repart et au milieu de grandes plaines agricoles que nous traversons pendant trois jours, un bois voit le jour. L’agriculteur qui a le champ à côté nous autorise à camper. A 22h, par pur hasard, Artis revient d’un dépannage et passe devant notre tente. « No sleep, no sleep, souvláki « . On tente de lui expliquer que nous partons nous coucher et que nous avons déjà mangé. Il nous répond « no sleep, come back 20 minutes « . Il revient avec son fils : 15 brochettes, des frites et des boissons, fièrs et heureux de nous offrir ce festin. Merci Artis. Les enfants étaient fous de joie de pouvoir sortir de la tente pour vous attendre !

-Les petits phrases d’Agathe :

En pleine plaine agricole, sous plus de 30 degrés, avec son sourire coquin : « Je vous préviens à 16h09, je pète un câble si on n’est pas arrivé au lieu de bivouac. Je reste assise sur le tandem mais je ne pédale plus et je crie ». 

« Maman, Cléopâtre, elle aurait préférée être devant sur le tandem ou derrière en follow me? »

Clap de fin de notre fabuleuse traversée turque

« Une brise légère » nous indique la météo. Clairement, ceux qui tiennent le site « Meteoblue » ne sont pas cyclistes… On bataille contre un vent de folie (rafales de plus de 50km/h), notre Antoine peste contre les montées et le vent, il lutte comme il faut et on arrive à s’élever dans ces sacrés Monts Taurus !

Majestueuses ces montagnes ! Elles nous permettent de faire de magnifiques bivouacs sauvages et nos traditionnels feux de camp à l’abri des regards. C’est évidemment exigeant de s’élever à plus de 1200 m d’altitude, de redescendre puis de remonter à la même altitude. On se croit dans les montagnes russes d’une fête foraine, mais cela à l’avantage (toujours voir le positif !) d’alterner entre montagnes et côtes, entre nature et histoire.

Grosse descente et visite d’une ville romaine de plus de 2000 ans à Sidé avec baignade et glaces à la clef puis grosse montée et visite de l’amphithéâtre romain le mieux conservé au monde.

Notre route vers Antalya se fait par un accueil chez Özkel dans un petit village de montagne, lors d’une journée de grosse pluie. Elle travaille avec son mari pour ouvrir un restaurant en juin. Elle prend tout de même le temps de nous amener chez elle, de nous mettre au sec, de nous laisser les clefs de la maison, nous montrer la machine à laver et la cuisine et elle repart. La gentillesse des Turcs est vraiment incroyable. On passera du temps avec ses deux grandes filles, une d’entre elles offrira deux poupées Barbie à Agathe, qui se découvre une passion pour ces poupées. 

Nous descendons de ces Monts Taurus (1100m de descente en 10 kms) et découvrons des orangeraies, champs de grenadiers et serres de tomates/aubergine/bananiers/fraisiers sur des dizaines de kilomètres à la ronde. On achète nos fruits directement au producteur (quand ils ne nous arrêtent pas pour nous les offrir – j’avoue avoir un peu pesté lors d’une montée lorsque j’ai roulé avec les 4kgs de concombres offerts avant une pente à 30% mais promis, on les a tous mangés !). On dort dans des orangeraies, fruits frais pressés par nos soins le matin. Merci Ali de nous avoir permis de faire le plein de vitamines dès le matin !

Notre arrivée à Antalya chez Serkan (merci une nouvelle fois au réseau warmshowers d’exister) se fait donc de la meilleure des façons. Nous resterons avec Elif et Serkan une journée, plage et visite de la ville au  programme. Et surtout de bons fous rire : Serkan est très drôle et heureux d’être avec les enfants ; ils avaient même prévu pour eux dessins et feutres, frites, chocolat, dessins animés en français …

Allez, il faut repartir et deux choix s’offrent à nous : longer la côte sur une 2×2 voies avec tunnels ou faire 2700m en 110 kms. Et bien, on travaille pour enlever la cellulite et raffermir nos corps et on transpire : vous devinerez donc notre choix. Et une journée avec un minimum de 8 kilomètres avec 700 mètres de dénivelé ; on touche nos limites et le trek aussi. La roue arrière a été changée au Mexique et la nouvelle roue ne supporte pas les gros pourcentage des routes de montagne turque. Julien a changé 7 rayons en 2 mois. On a du mal à trouver une roue plus costaud (c’est le problème du standard 28 pouces, pour ceux à qui ça parle) et on a bien sûr aucune envie de renoncer à la montagne. Solution : il va falloir refaire le plein de rayons.

On redescend une dernière fois sur la côte. Cela ressemble à la Corse. On rencontre Mathis, cyclo français rentrant en France depuis l’Inde. On roule ensemble (au vu des coef des pentes, merci à toi d’avoir papoté avec Agathe qui marchait à côté de toi pour m’alléger puis d’avoir attendu Antoine qui mettait toutes ses forces dans les pédales pour essayer de suivre la conversation !), puis feu de camp en se racontant nos récits de voyage. Les enfants sont ravis de ces moments et nous aussi. Nous avons ensuite trouvé de magnifiques spots pour dormir en bord de mer et se baigner – belle récompense pour Antoine après la grimpette des derniers jours.

Notre route en Turquie s’achève à Kaş, sous nos yeux émerveillés devant la beauté de cette baie. Nous nous arrêtons dans un camping avec une vue et une mer turquoise vraiment magnifiques. Par contre, petit point à améliorer pour les prochains voyageurs, la température de l’eau laisse à désirer.


Le 9 mai au soir, après plus de deux mois en Turquie, les yeux tournés vers la mer, les yeux sont embués. Quel peuple rempli de gentillesse et de chaleur humaine, que de paysages divers et somptueux. Quel bonheur d’avoir roulé sur les petites routes et chemins du Sufy Trail (merci Ingrid et Serkan). Quel bonheur d’avoir pu faire autant de bivouacs somptueux.

La route doit continuer mais nous quittons à regret ce pays pour lequel nous avons eu un véritable coup de cœur (si on fait l’impasse sur son président évidemment). Merci à vous, amis turcs, pour votre accueil, vos messages Whatsapp quotidiens d’accompagnement, vos attentions, vos sourires, vos klaxons (vous êtes des fous du volant), on ne sera jamais à votre hauteur pour l’accueil mais nous en prendrons de la graine, soyez en sûrs. On emmène un bout de vous pour la suite de notre chemin, on ne vous oubliera pas, merci, du fond du cœur.

Cap sur la Grèce. 

Güle Güle. 

Le coin des anecdotes

Il nous reste 5 kms à parcourir. Tout le monde a besoin d’une pause ; on s’arrête pique-niquer. Julien ne fait que regarder la montagne devant nous et son GPS. 20 minutes plus tard, il nous dit : « ça me dit bien de passer par là, ça fait un détour de 18kms et 800m de dénivelé, cela nous prend un jour de plus mais si on fait les fonds de sacoche, on a assez de nourriture ». Antoine a la bouche grande ouverte, prêt à gober une mouche : » Papa, c’est une blague ? ». « Bah non, ça va a être chouette », lui répond t’il. J’observe la scène amusée, on en a tous plein les jambes sauf Julien, qui clairement est au-dessus du lot physiquement. Il se rangera finalement au reste de la famille et on fera les 5 kms sur du plat. Il finira sa journée par 300 pompes et sans avoir vu sa montagne. Et moi je rigole encore toute seule en revoyant le visage d’Antoine…

Quand la magie du camping opère… On a toujours eu des supers voisins (dédicace à Nico et Corinne) et c’est aussi le cas en camping. A Kaş, nous sympathisons donc avec nos voisins : Eigine, un médecin turc en caravane et Ralph, un pré retraité allemand, en voyage moto itinérant au long cours. A 18h, Eigine nous dit : « venez tous à table, j’ai fait à manger pour tout le monde. » On est le 8 mai et on ne peut s’empêcher de se dire en trinquant à l’apéro : »la guerre, quelle sombre idiotie ». Ralph renonce à voyager en Iran à cause des tensions avec Israël (soutenue par l’Allemagne et la France) et nous, avons renoncé à traverser la Russie (nous voulions rejoindre la Mongolie via l’Europe du Nord et la Russie lors de notre projet initial). Deux pays et deux peuples que nos enfants découvrirons sûrement quand la folie de la guerre sera passée. Bref !

On passe une excellente soirée, tout le monde se régale et l’on perfectionne notre culture culinaire turque. Le lendemain, Eigine appelle Antoine : « viens, on va faire des hamburgers ». Les filles, elles, ont adopté la caravane. Et là, sous nos yeux ahuris, il commence à vider sa caravane et à nous donner au moins 4kgs de nourriture, casquette, bouilloire, lunettes de soleil, lampes extérieures, couteau et on en passe… Antoine pousse des : »waouh, non mais c’est diiiiiingue, non mais, non mais, non mais,… », s’extasiant devant tous ces objets (on pensait l’habituer à vivre avec l’essentiel, ce n’est pas tout à fait gagné !). On remercie chaleureusement Eigine et évidemment on lui dit : « c’est adorable mais nous sommes à vélo et tu sais, on a besoin de rien. Nous avons déjà fait un colis pour la France de 5 kg de cadeaux reçus durant ces deux mois en Turquie la semaine dernière car nous étions trop lourds ». La sentence tombe : « Si vous refusez, je vais être très vexé ». « OK, on ne va pas se fâcher mais tout ne rentre pas dans les sacoches, Eigine, peut-être que la casquette suffit ? ». Rien à faire ; aucune négociation possible… Il vérifie que nous prenons tout et c’est très très lourd. Mais c’est avec le sourire d’avoir croisé sa route que nous prenons le chemin pour le ferry nous amenant à Katellorizo, petite île grecque. Nous avons donc toujours ta bouilloire avec nous, sois en rassuré !

La Turquie, le paradis !

Bonjour,

Nous revoilà, un peu plus grassouillets grâce (ou à cause ?) de la délicieuse nourriture et des nombreux repas partagés avec les charmants turcs rencontrés sur notre route.

Alors reprenons notre récit au 24 mars. Nous fêtons comme il se doit les 7 ans d’Agathe et les 9 ans d’Antoine. Jour de repos dans la maison de la communauté cyclo d’Eskişehir où nous sommes hébergés. La veille au soir, nous avions fait la fête avec ces belles personnes à notre arrivée avec barbecue, musique, … Le lendemain, le jour J, nous nous rendons tous les 5 dans un parc avec jeux en plein air et resto à la clef. Les enfants sont ravis (et surexcités) et nous aussi. Il nous tenait à cœur de faire quelque chose de différent le jour de leurs anniversaires. Nous resterons 2 jours de plus à Eskişehir, laissant la vague de froid passée. Cela nous permet de visiter le superbe musée de sciences (prix dérisoire de l’entrée : 35 lires turques soit 1 euro).

Nous remontons par la suite sur nos vélos, continuant dans les montagnes. Les champs d’oliviers ont laissé place aux bergers (qui montent sur un âne) avec qui on papote lors de nos pauses pique-nique. On aura le plaisir de goûter leur bon fromage et d’apprendre qu’il y a des loups et des chacals dans les montagnes. On comprend mieux la présence systématique de deux chiens de troupeau avec les moutons. On aura même la chance lors d’un bivouac, d’entendre une meute de chacals contourner notre campement en aboyant.

Un soir, nous nous arrêtons pour chercher une petite supérette. On demande à Yüksel notre route ; on finira par camper dans son jardin et Süheyla, sa femme, nous apprendra à faire du pain. Les enfants devaient faire leurs devoirs, le thème sera … travaux pratiques. Le soir, après la rupture du jeûne (nous sommes encore dans le mois du ramadan), nous partageons leur repas, véritable festin. Le lendemain, du lait frais nous attend. Ils ont été traire les vaches de la tante habitant à côté pour qu’on se régale.

Cela fait 6 jours que nous roulons sans pause et avec nos 600 m de dénivelé positif quotidien, les jambes ont besoin de repos et d’un peu de confort malgré des spots de bivouacs sauvages magnifiques.

Quand tu cherches un hôtel indiqué sur Google Maps et que tu ne le trouves pas, tu demandes ta route. Cumhur nous indique que l’hôtel est fermé mais que sa maison, elle, est grande ouverte ; cela crée encore une jolie rencontre ! Les parents d’Aydin et Medine, qui eux vivent en France (merci à eux pour les traductions via Whatsapp vidéo !) nous ouvrent grand les portes de leur maison et nous offrirons une journée de repos dans la maison de vacances d’Aydin en partageant temps et repas avec toute sa famille. Ils nous emmèneront même visiter une ville souterraine datant de 2700 ans !

Nos journées sont chaudes mais dès 18h, il fait très froid, nous sommes en altitude. Nous refusons parfois des invitations car nous voulons poursuivre tout de même la route ! Nous avons en vue la Cappadoce ! Nous quittons le Sufi trail pour rejoindre Beysehir où nous attend Mustafa, un homme chaleureux et très attentionné dont nous avons eu le contact via le réseau warmshowers. Responsable du club de vélo de la ville, il  nous annonce que le sponsor du Club nous offre 2 nuits d’hôtels avec petit-déj et nous offre 4 superbes t-shirt de vélo ! Il fait 2 degrés, on le regarde tout sourire, les enfants le remercie avec grande joie !

Nos vélos sont laissés dans le garage de l’hôtel. On a décidé de louer une voiture durant 1 semaine et de troquer nos vélos pour nos sacs à dos pour se rendre en Capadoce (la route entre Konya et Gorême est assez monotone avec 300 kms de ligne droite dans une plaine désertique et nous ne voulons pas arriver trop tard en Grèce pour la chaleur). Nous partons donc faire de l’itinérance mais à pied cette fois-ci.

On partage le cadeau d’anniversaire des enfants avec émotion : un tour de montgolfière au milieu d’une centaine de montgolfières (lever très matinal à 4h30 du matin !). Féérique ! Nos bivouacs sauvages nous permettent d’admirer les cheminées de fées et les montgolfières, seuls au monde. Nous faisons aussi de l’histoire en visitant : un caravansérail, lieu où les caravanes de marchands faisaient jadis étape sur la route de la soie ; une ville souterraine de 18 étages de plus de 3000 ans (dédale de tunnels impressionnant) ; village troglodyte où turcs musulmans et grecs chrétiens cohabitaient ; château troglodyte,…

Et puis, nouvelle aventure, nous partons avec nos sacs à dos en itinérance mais à pied cette fois-ci avec nos 3 loulous dans un canyon dans la vallée d’Ihlara. Même en mode minimaliste, nos sacs à dos sont bien remplis mais tout le monde joue le jeu. Belle expérience que nous souhaitons renouveler sur certaines parties du parcours restant. Bref, une semaine hors du temps ! 

Nous repartons maintenant  pour notre deuxième stage montagne de Turquie, dans les monts Taurus cette fois ci. 400 kms et pas moins de 6000m de dénivelé pour traverser puis longer cette chaine de montagnes sur la côte Lycienne. Ça devrait être magnifique, riche en patrimoine historique, et un peu dur aussi …

A bientôt, la French Family

Le coin des anecdotes

A Eskişehir, on nous demande si on peut nous interviewer. Nous acceptons et passons une soirée mémorable de fous rires. Il ne doit pas y avoir trop de bruit pour le son (reportage vidéo) : cela commence par Anna qui fait cogner la gourde contre la table, puis une meute de chiens qui aboie pendant 30 minutes, un train de marchandises qui passe, des avions de chasse en plein entrainement puis Antoine et Agathe qui en ont marre et commencent à jouer en faisant un max de bruit, sans oublier l’appel à la prière. Cela devait durer 15 minutes, on en a eu pour 2h30. On a finit par prendre l’apéro tous ensemble le temps que le calme revienne. 

Dédicace à nos coiffeuses de tout temps (Maryse, Claudine, Ghuilaine et Coralie) :  tu oses demander à tes hôtes si le lendemain, un rendez-vous chez le coiffeur est possible. Et bien, on vient de finir le repas et le thé, il est 22h et ils te disent : les hommes, vous partez au salon de coiffure ; les femmes, vous, vous allez partir chez la voisine (les femmes se font toujours coiffer à la maison). Antoine et Julien partent au salon avec Cumhur : le salon est ouvert tant qu’il y a du monde. Poêle à bois dans le salon, une théière posée dessus, coiffeur avec la clope au bec. On a remonté le temps et c’est génial. Des ambiances comme ça n’existe presque plus chez nous. Concernant les filles, nous partons avec Kezban, sa fille et sa belle-sœur chez la voisine (dans la salle de bain de la voisine pour être tout à fait exact) dans un espèce de tuc-tuc. Heure de la coupe de cheveux sans que cela ne pose le moindre problème : 22h30. Vive les Turcs, leur sens de l’accueil et leur gentillesse. On a beaucoup ri avec Agathe quand la coiffeuse nous dit : la coupe vous plaît ? Bah… on ne sait pas, il n’y a pas de glace…

Petit instant émotion pour finir l’article (si vous versez une petite larme et que cela vous brouille la vue, au moins vous aurez tout lu).

Le contexte : problème de roue sur le Trek + problème de manette de frein sur le Pino = on s’arrête à un magasin de vélo. Il est 14h30 ; on repart du magasin à 17h, il nous faut sortir de la ville pour trouver un lieu de bivouac. Une voiture se met en warning, un homme nous interpelle. Comme Anna dort dans la remorque, Julien lui dit : « désolé, le bébé dort,  je ne m’arrête pas. » Je m’arrête à sa hauteur : Hassan nous demande de dormir chez lui. On lui dit que pour nous tout est ok, qu’on ne veut pas déranger. Hassan me dit que ce n’est pas une question, qu’une invitation ne se refuse pas et me met son téléphone dans la main en me disant de le garder car il y a son adresse indiquée sur Google Maps. Nous les suivons et 30 minutes plus tard, nous apprenons leur histoire.

Hassan et Selver sont originaires de Malatya. Ils ont tout perdu lors du tremblement de terre ayant frappé leur ville il y a un an. Selver était alors enceinte de 8 mois et leur premier enfant avait à ce moment là 2 ans. Ils ont été pendant 1 mois dans la rue et ont décidé de déménager loin de cette ville avec leurs 2 mamans. Ils sont traumatisés et ne veulent plus jamais retourner là-bas. Leur histoire  nous laissent sans voix et très émus. Ils se font une joie de passer du temps avec nous alors qu’ils n’ont plus rien. Cette leçon de vie, de partage et de courage !

Nous découvrons avec eux une nouvelle religion, l’alévisme. Cette population était à l’époque nomade ou semi-nomade, ce qui explique nos repas pris avec eux par terre autour d’un grand plateau. Bravo pour ce que vous êtes et ce que vous dégagez Hassan et Selver. Ils ont donné comme nom à leur petite fille : Güneş, qui signifie soleil en français.

Günaydın

Nous essayons toujours de nous adapter au pays dans lequel nous voyageons. Julien a donc planté le décor dès notre arrivée en Turquie : il a tout d’abord adopté la moustache pour son plus grand plaisir (un peu moins pour le mien), et, dès le pied posé à Istanbul, il a offert une tournée générale de kebab à toute la famille. Sur les derniers jours mexicains, il avait appris tous les mots turcs tournant autour du kebab. 

Notre arrivée à Istanbul (après un vol en 1 correspondance au lieu de 2, merci Air Canada et 8h de décalage horaire) se fait de la meilleure des façons possibles. Les enfants retrouvent par surprise leurs grands-parents maternels. Puis un jour plus tard, à notre tour d’être surpris par l’arrivée de mon frangin et de Solène. On passera 5 jours chaleureux partagés entre visites (Sainte Sophie, palais de Topkapi, mosquée bleue, Grand Bazar, bateau sur le Bosphore…), découverte du bain turc (on a tous retrouvé une peau de bébé : gommage et massage en mode bain moussant), parties de jeux de société endiablées, découverte culinaire, devoirs avec les grands-parents, Anna qui allonge ses premiers pas, partage de temps ensemble …

Une semaine plus tard, beaucoup d’émotions en se disant au revoir. Il est temps pour nous de remonter sur nos montures, avec 30 degrés en moins au compteur par rapport au Mexique. Une fois les doudounes remises, nous prenons un ferry pour sortir d’Istanbul et rejoindre Yalova en traversant la mer de Marmara. Nous sommes accueillis par Aşme et Mert, leurs 2 enfants de 1 et 6 ans et Mamie Nezahat. Quel accueil ! Ils ne nous laissent par repartir le lendemain et nous resterons avec plaisir une nuit de plus. Nous avons le droit à 2 leçons de turc (pas facile !), nous goûtons avec délice les baklavas, yufka, poissons frits et autres spécialités locales, et ils nous parlent du « Sufi trail ».

Quand on voit comment les voitures roulent en Turquie, on s’intéresse de près à cet itinéraire. Ni une ni deux, on contacte Iris et Serdat, fondateurs de ce trail, et ils nous envoient dans la minute qui suit le tracé GPS. Quand ça veut, ça veut ! Nous voilà donc actuellement sur ce tracé avec environ 4 fois plus de dénivelé que sur les 2×2 voies mais nous avons retrouvé les montagnes et sommes heureux ! Un soir, des paramedics nous conseillent un endroit pour camper et à 19h15, heure à laquelle ils rompent le jeûne (nous sommes en plein mois de ramadan), ils arrivent au niveau de la tente pour partager un festin avec nous!

Après 3 mois à rouler sur le plat au Yucatan, il nous fallait un stage de renforcement en montagne. On est servi : les dénivelés sont plus importants que ceux que l’on a connu dans les Rocheuses et les pourcentages… bah 31% on n’avait jamais fait. On sera affûté pour faire le Tour de France, comme dit Antoine, en quittant ces montagnes.

Dans un voyage au long cours, certains journées se démarquent grandement des autres. Ce matin là, il neige à gros flocons. Nous avons dormi en dur. Le débat commence pour savoir si nous prenons la route sur cette étape de seulement 23kms mais avec une partie sur piste, 600 mètres de dénivelé positif, une météo peu clémente : grêle, rafales à 30 km/h et la neige sont prévus. Comment ferons nous pour les changes d’Anna ? L’allaitement ? Lutter contre le froid pour Agathe et moi (les frileuses de la famille) ? S’arrêter manger ? Prendre une pause ?

Oui mais… c’est quand même magique de rouler sous la neige non ? Antoine : « Moi, c’est mon rêve, s’il vous plaîîîîtt. » Agathe : « Je voudrai faire plaisir à Antoine mais j’ai peur de pleurer à cause du froid. » Anna : Elle gambade dans le couloir en se marrant… Nous :  « Antoine, nous ne partons pas pour 1h de luge avant de se remettre au chaud à l’intérieur. » L’ enthousiasme d’Antoine est contagieux doublé à l’envie d’être à Eskişehir 2 jours plus tard pour les 7 ans d’Agathe et les 9 d’Antoine.

Réfléchissons à la logistique : il nous faut une adresse en arrivant pour ne pas chercher 1 heure un logement, changer et allaiter Anna juste avant de partir, emmitoufler Agathe et lui couvrir les pieds (zone la plus délicate), préparer le pique-nique et un thermos de thé avant de partir pour ne pas s’arrêter longtemps, repérer des petits hameaux en cas de pépin,… et oui nous partons avec 3 enfants dont un bébé.  Que de questions que nous ne nous posions pas avant !

Deux heures plus tard, on s’élance. On fera 3kms en 1h, on descend de nos vélos, on pousse, la pente est très raide. Mais effectivement, c’est magique cette neige qui nous entoure, dur mais magique. Les garçons se livrent à des batailles de boules de neige. Avec Agathe, on discute et on admire ce magnifique paysage mais c’est le deal, pas de batailles pour elle avant l’arrivée, elle garde ses gants secs. Anna, comme les bébés du nord de l’Europe fait des siestes du tonnerre dans sa remorque (elle dormira 2h le matin et 2h l’après-midi).

On entend le muezzin et sa mélodie au milieu de ce paysage grandiose, irréel. Et puis… ce pique-nique sous l’abri bus interrompu par Selattin et Sevim qui nous invitent à se réchauffer chez eux. A peine la porte passée, un festin est cuisiné pour nous. Ils sont honorés de nous recevoir, veulent nous garder pour la nuit mais nous voulons continuer un petit peu. Nous avons les larmes aux yeux en repartant 2 heures plus tard tellement il y a d’émotions. Quand la maman de Selattin nous sert dans ses bras, on sent réellement la bonté de cette femme. 

Une énorme montée sur une piste neigeuse où nos pneus dérapent, un soleil timide qui pointe son nez pour la descente après avoir passé un col venteux (indice : il y avait 10 éoliennes) et une belle descente où nous rions, soulagés et ravis d’avoir réussi sans pleurs et avec le sourire de nos enfants. Nous sommes accueillis le soir par Burak et Shirva, la journée se finira en dancefloor. 

Nous avons l’impression d’avoir vécu 10 journées différentes en une. Que nos cœurs ont battu la chamade pour l’effort physique, pour la beauté des paysages et évidement pour les émotions procurées par la rencontre avec ces personnes pleines d’amour et de bonté. Durant ce voyage, nous avons évidemment des moments de discorde avec nos enfants (nous avons pimenté notre vie avec 3 enfants mais on ne connait jamais la force du piment, pour notre petite Agathe le piment peut parfois être doux mais aussi…relevé !). Aujourd’hui, nous avons été admiratifs de leur progression physique et mentale, leur persévérance, et tellement heureux d’avoir évoluer à leurs côtés. Émerveillés et le sourire béat, nous nous endormons, ravis d’avoir pris la route.

Nous continuons le lendemain notre route vers Eskişehir où nous dormons dans un community center spécial cyclo ! Un beau concept de partage où les cyclos de la ville se rejoignent pour des ateliers vélos, la maison est le point de départ pour rouler ensemble et pour faire un repas après et une partie sert de guesthouse pour cyclistes du monde entier.

Nous découvrons avec joie ce nouveau pays, nous commençons à prendre nos repères en 15 jours : alimentation, monnaie locale (lire turque), chant du muezzin lors des 5 prières quotidiennes, gentillesse, bienveillance et générosité des turcs (les mexicains, vous avez de la concurrence) … Pour la langue, c’est plus compliqué, on ne comprend rien ! Peu de monde parle anglais. Beaucoup de gestes pour s’exprimer et … merci google traduction ! 

Nous alternons entre nuits dans des familles, chambre dans une colonie de vacances que l’on nous prête, une nuit en hôtel car il faisait vraiment froid et, avec joie, nous avons retrouvé le camping sauvage. Le froid devrait être désormais derrière nous.

A bientôt pour de nouvelles aventures. Güle güle.

Le coin des anecdotes

Je voulais remercier les muezzin de Turquie qui bercent nos enfants le soir quand nous sommes dans la tente. Vous avez de jolis voix messieurs.

Quand mon regard croise celui des femmes en burka intégrale, le choc des cultures s’opère. Perso, j’aimerais leur donner mon magasine féministe préféré :  » Causette ». Et ces femmes, elles, elles doivent se dire que je ne suis pas gênée de me trimballer en legging et T-shirt. Bref, il faut de tout pour faire un monde mais j’aimerais m’assurer qu’elles sont tout à fait heureuses quand même… Agathe trouve que leur tenue est dangereuse, qu’elles peuvent tomber et s’empêtrer dans leurs voilures. Argument à avancer aux hommes de la maison peut-être ?

Pour finir, quelques photos de la fin du Mexique, ça réchauffe, c’est psychologique. Et puis, on en profite pour remercier Ilya, qui nous a accueilli à Playa del Carmen. Il nous a aidé à récupérer les cartons, nous a fait de supers hamburgers, nous a emmené à l’aéroport. De grandes discussions sur la guerre en Ukraine, sur le fait qu’il ne peut pas rentrer voir sa famille à Moscou au risque d’être mobilisé… Ilya, on peut te le dire maintenant, avec tous tes ordis, tes caméras de surveillance… on s’est fait un film et on s’est dit que peut-être tu étais un espion russe ?