Une fenêtre météo s’ouvre : en selle pour l’incroyable traversée du Sud norvégien

Bonjour à tous,

On a depuis quelques mois la Norvège dans un coin de notre tête, comme la cerise sur le gâteau pour achever notre voyage. Mais avec l’expérience vient la sagesse et nous savons que ce baroud en Norvège n’est possible que sans pluie. Il suffit de demander gentiment et notre bonne fortune nous sourit une fois de plus : une fenêtre météo inhabituelle pour la saison s’offre à nous. 

On saute dans le ferry, direction Larvik. Arrivée sous une pluie battante et de belles rafales de vent, Geo, qui nous accueille pour la nuit avec sa femme May et leur fille Katia (leur 2ème fille Lucie est sur les routes du monde avec son vélo), vient même chercher Antoine et Agathe à la sortie du ferry pour qu’ils ne subissent pas le mauvais temps. Le temps que nous arrivions, les pizzas maison, délicieuses, sont prêtes. Ici, on mange de bonne heure, aux alentours de 18h puis on profite de la soirée pour jouer, discuter, … Cette soirée était superbe pour cette entrée sur le territoire norvégien.

Après avoir échangé avec Joseph et Kasia par mail (merci à vous 2 pour vos précieux conseils), nous avons choisi d’emprunter la vélo route nationale 5 allant de Larvik à Geilo, puis la Rallevergen de Haugesøl à Flåm. Une ligne de train est présente quasiment tout le long, ce qui nous rassure si la météo change subitement. On est joueur mais conscient de nos limites avec nos 3 enfants à vélo en Norvège en septembre. 

Mais Mère Nature est avec nous ! C’est sous un soleil radieux que nous roulons au milieu de la medieval valley : une vallée magnifique, avec une majestueuse rivière, des champs cultivés, des fermes et églises en bois et des forêts denses aux couleurs automnales sur les coteaux. Nous retrouvons ici, ce qui nous a tant plus sur la Great Divide : une nature grandiose et sauvage où la présence tranquille de l’homme n’enlève rien à la quiétude des paysages traversés. 

Niveau climat : il fait beau la journée mais tout de même très froid de 17h à 11h (du gel, des températures négatives, …bref on caille). Montage du camp et douche dans la rivière impérativement avant le coucher du soleil. Feu obligatoire pour ne pas congeler pendant le repas du soir. Nous traînons donc un peu dans la tente le matin et ne faisons pas de vieux os le soir ! C’est l’occasion de lire pas mal d’histoires ou de faire des jeux de société (et quelques devoirs…). Un midi, nous pique-niquons au niveau d’un open air museum au milieu d’une ancienne ferme. Nous croisons le chemin d’Éden qui nous jouera des morceaux de violon norvégien, ce qu’on aime ce genre de rencontres inattendues !

Notre route croisera également celle de Nadja et Gernot chez qui nous aurons la chance de dormir trois nuits dans une des cabanes de leur ferme. Nadja, tes gaufres au « brown cheese » (le « brunost » en norvégien qui a un goût caramélisé) partagées avec vos voisins hollandais étaient délicieuses ! Les enfants étaient ravis de jouer aux playmobil, petits trains ,… appartenant à vos enfants désormais grands. Et passer le week-end à ramasser des champignons et myrtilles restera un superbe souvenir.

Les Norvégiens sont discrets mais très attentionnés avec nous. Lors de nos bivouacs dans cette belle nature, on nous offre des hots dogs, du bois pour nous réchauffer, des mots gentils ; tout cela anime nos soirées. Il y a dans ce pays « le droit d’accès à la nature » (= »allemannsretten »), ce qui permet de dormir partout à 150 m des maisons sur des zones non cultivées. La seule obligation est de respecter l’environnement. Nous demanderons, par principe, à la première maison environnante, si on ne gêne pas ; on a toujours eu des sourires et des réponses positives.

Nous arrivons à Geilo, ville de pleine montagne où on ne croise que des sportifs ! C’est impressionnant d’ailleurs. On commençait à se poser la question sur une certaine forme d’eugénisme sévissant dans cette ville ; on apprendra que la ville est en fait un pôle sportif qui prépare les athlètes olympiques norvégiens.

On s’y sent bien, on dort en bord du lac, à côté du barbecue… On nous offrira donc des saucisses. Les douches sont désormais rares pour les enfants (enfin très rares, voir inexistantes – mais ils n’ont pas de pustules partout rassurez vous), il fait vraiment trop froid. Nous voilà aux portes de la Rallavergen, la « route des ouvriers », la plus belle piste cyclable de Norvège. On ne le sait pas encore mais les émotions vont se succéder et cette section gravel d’environ 95 kilomètres sera un de nos plus beaux et durs tronçons du voyage. La route évolue à plus de 1000 mètres d’altitude mais à cette latitude, on est comme à 2500 mètres en France. Magique et spectaculaire. (Dixit Ju : Merci Marion pour avoir amené la famille ici). On dormira sous tente alors qu’il gèle et on fera petit-déjeuner les enfants dans la tente pour les protéger du vent glacial en enlevant la chambre (1ère fois du voyage).

A Hallingskeid, on se mettra au chaud dans un refuge DNT (l’association de randonnée de Norvège qui a des refuges parsemés dans le pays), il est tout en bois, vraiment cosy. Nous sommes avec une autre famille norvégienne avec trois enfants du même âge que les nôtres. On checke la météo, c’est OK pour faire un jour de repos et nos corps en ont besoin (sauf Julien, frais comme un gardon. Sérieux, il doit se doper en cachette : quand on tombe de sommeil, il fait encore des séries de pompes…). On a roulé sans s’arrêter depuis 7 jours avec 4000 mètres de dénivelé positif car le 25 septembre, le temps se dégrade. Complètement sereins, nous passons la journée du 23 à faire du pain (on commence à mettre en pratique ce que l’on a appris pendant le voyage) car il y une même une vraie cuisine dans les refuges norvégiens. Nous nous baladons dans la montagne, faisons les devoirs (au passage, merci aux maîtresses d’avoir pris le temps de nous faire un point pour la 1ère période), un peu de planification des jours suivants, jeux pour Anna et Hella, dessin animé pour Alfred, Johana, Antoine et Agathe. Bref, en toute quiétude, nous nous endormons avant d’entamer notre dernière journée sur la Rallavergen qui nous émerveille tant.

Mais – et oui il y a un mais – la météo change complètement pendant la nuit. Il pleut de la neige fondue au réveil et ce pour toute la journée. Les jours suivants, il neige carrément. Nous sommes à 1300m d’altitude, les températures sont négatives. L’atmosphère change d’un coup au réveil. On sait déjà que ce sera dur pour les filles. On habille tout le monde chaudement après un petit-dej complet. Et on attaque la route. Au bout de 30 minutes, Anna craque la première sur son siège vélo. On essaie la remorque mais elle n’arrive pas à se réchauffer. Ce sera en porte-bébé contre moi qu’elle aura le plus chaud et qu’elle arrive à s’endormir. Soulagement de courte durée car c’est au tour d’Agathe de craquer. Ses sur-chaussures sont détrempés, ses gants aussi… Point itinéraire pour trouver au plus vite une gare sur le chemin et se réchauffer : 6 kilomètres à faire, mais il y aussi 300 mètres de dénivelé positif, le tout sur une gravel road detrempée. De toute façon, pas le choix, il faut continuer. On donne à Agathe une autre paire de gants. Et puis dans une descente, c’est Antoine qui craque. Trop froid aux mains aussi, il n’arrive plus à freiner, les doigts tétanisés et on est sur une portion de 700m de négatif sur 3 kilomètres. En gros, si il ne freine pas, il finit en morceaux. Bref, on est pas fier avec Ju, les trois enfants en pleurs à tour de rôle…mais il faut descendre et essayer d’avoir le bateau pour Bergen à 15h30 car sinon on campe sous la pluie alors que de supers lits nous attendent à notre « Air BnB » chez Heidi et Sondern. On remotive tout le monde, on réchauffe les mains et on arrive à la gare avec un endroit chauffé (on avait déjà fait l’expérience de la gare de Finsee 2 jours avant). On se stoppe 40 minutes. Leurs sourires reviennent aussi vite qu’ils étaient partis, ouf. On repart pour les 10 kilomètres restants. Au milieu de ce froid, ils arrivent à nous dire que c’est la plus belle piste cyclable de leurs vies, au milieu des cascades, chèvres, cabanes colorées et montagne. Effectivement, c’est la plus belle piste cyclable européenne que nous ayons fait et peut-être aussi une des plus dures (et oui nous n’oublions pas la Great Divide évidemment !).

Une heure plus tard, on est dans un bateau bien au chaud avec tout le confort nécessaire. On fait tout sécher, au milieu des touristes chinois qui nous photographient. Nous sommes trempés jusqu’aux os et plein de boue, eux sont tout propre ! Nous admirons le Sogneford pendant cinq heures (sublime, sublime, sublime !). Dans le bateau, on rencontre un cycliste : il s’appelle Joseph et nous avait aidé pour établir notre parcours ! Le hasard fait bien les choses, on peut le remercier en direct et papoter ensemble !

Arrivés à Bergen, on a cinq kilomètres à faire de nuit pour aller au logement. On y arrive sans encombre, on fait connaissance avec Heidi, on décharge, et on couche (enfin) les enfants qui mettront une minute à s’endormir. Pour nous, on découvre que dans l’intérieur des sacoches (8 sur les 12), les affaires ont pris l’eau… Étalage de toutes nos affaires pour un séchage imminent. Impression d’avoir vécu dix journées en une ! Que d’émotions !

Durant deux jours, nous allons découvrir la jolie ville de Bergen : vieux quartiers, funiculaire, parc des trolls,… On dort trois nuits au chaud et cela nous fait le plus grand bien. Merci les Norvégiens pour votre accueil, merci la Norvège pour tes paysages merveilleux. De la pluie est désormais attendue chez vous, nous rentrons donc chez nous…

Pas moins de 3 ferrys et 4 trains nous attendent désormais afin de passer la frontière française. Le compte à rebours est lancé avec toutes les émotions qui vont avec… A bientôt pour de nouvelles aventures.

Merci pour vos messages, qui nous touchent toujours autant ! See you soon!

Bises de nous 5

Le coin des anecdotes

  • Pour ceux que cela intéresse : nous avons beaucoup échangé avec Thomas (qui est danois) chez qui nous aurions dû dormir (nous avons eu un souci mécanique et ne sommes pas arrivés à destination). Sa famille a un logement dans un immeuble communautaire. Voici le lien internet : https://sites.google.com/view/absolfang/startside . Autre façon de vivre : salle de sport, buanderie, jardin, atelier en commun. Réunion communautaire chaque mois.
  • Un troupeau composé de 10 biches, du jamais vu. Agathe : « Là, si les chasseurs seraient là, ce serait beaucoup trop facile pour eux. Ce serait du vol à la nature ! »
  • Nous arrivons en Norvège, les sacoches débordantes de nourriture, on nous avait dit que l’alimentation coûtait extrêmement chère en Norvège. Nous avions rempli un caddy au Danemark avant de prendre le ferry. Au final, si tu ne vas pas à l’hôtel, ni au restaurant et que tu fais tes courses à « Kiwi, mini preis » (le Lidl de Norvège), tout va bien pour ton portefeuille.
  • Plus de place côté fenêtre dans le ferry des fjords. Tout le monde nous est passé devant avec nos vélos. Dégoutés … Je fais un dernier tour du navire par dépit et tombe sur un magnifique espace famille côté fenêtre… entièrement vide. Il y a un dieu pour les familles ; merci à lui.

Commentaires

  1. Marie Lepage

    Un grand bravo à vous 5 et à tous ces gens rencontrés qui vous ont accueillis avec le sourire! Il y a encore du bon et du beau sur cette planète. Bon courage pour le retour ….

  2. Béatrix et Patrick

    Grandiose et magique cette région scandinave
    Que d’émotions durant cette virée norvégienne , un grand BRAVO 🤩Anna, Agathe et Antoine qui malgré le froid gardent la banane et apprécient la beauté de la nature… j’adore 😘
    Nous attendons vos conseils avec grand intérêt
    Bisous bisous à vous 5 … et à très vite🙏🙏

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