De la Drauradweg vers un woofing slovène

Bonjour à tous,

Notre menu des trois dernières semaines : la Drau pour commencer, une rivière autrichienne puis slovène. Ça tombe bien c’est là bas que nous voulons aller. Nous rejoignons la Drauradweg plus rapidement que prévu, chassés des Dolomites par la pluie. Les Dolomites bloquant les nuages en provenance de l’Adriatique, nous retrouvons le soleil dans cette magnifique vallée de montagne qui doit nous conduire sur 300km jusqu’au Nord Est de la Slovénie. C’est toujours plus sympa et plus romantique de tracer un itinéraire avec les noms de rivières, de cols et de plateaux qu’avec des numéros d’autoroutes.

Cette rivière sera d’abord torrent, dans une vallée encaissée, nous offrant l’ambiance montagne et des bivouacs magnifiques que l’on apprécie depuis notre entrée dans les Dolomites. À Lienz, une jolie petite ville entre eau et montagne, la vallée tourne et s’élargie petit à petit. Nous roulons désormais sur la digue d’une rivière aménagée pour la production d’électricité. Les paysages sont moins sauvages mais restent grandioses et l’aménagement de la nature par l’homme prend ici un caractère titanesque. 

Le bilan de ces 10 jours en Autriche : une douceur de vivre avec des paysages magnifiques, des petites villes à taille humaine et un mode de vie qui semble plus détendu qu’en France et plus tournée vers la nature. Petit élément à prendre en plus : pas certains que ce soit les Autrichiens qui aient inventé sourire et joie de vivre…

Enfin, evidemment, trois superbes rencontres en chemin vont nous faire changer d’avis. Deux familles au top (Philippe, Veronika, Amélie, Ben et Elio puis Michel, Claire, Camille et Baptiste) avec qui nous avons passé de très bons moments (si si, on a adoré aussi la grosse montée au lac Philippe).

Moments évoqués en vrac : Agathe a pu découvrir le jardin d’enfants autrichien et refaire du vélo seule, Antoine a visité une école primaire, Anna a pu jouer avec un copain de presque son âge. Ils ont pu faire un défilé de déguisements, sauter sur un trampoline à n’en plus en finir, dévorer des tas de livres en français un jour de grosse pluie ,… Nous avons pu échanger et apprendre sur la qualité de vie et le cadre de vie offert par l’Autriche. Merci, merci à vous tous québécois, autrichiens et français expatriés. 

Une fin d’après midi, à l’heure de trouver le spot de bivouac, un ciel plus que menaçant et l’absence d’espace sauvage pour planter la tente nous amènent à demander l’hospitalité à un couple en bord de route. Ni une ni deux, Nežika et Stefan nous invite d’abord à planter la tente devant la grange, puis dans le jardin et pour finir, en perspective des trombes d’eau annoncées pour la nuit, à prendre nos quartiers dans la maison inoccupée des grands parents. Une maison, des bières, de la chaleur humaine et un vrai tracteur pour faire jouer les enfants sont la recette pour une soirée pluvieuse réussie. 

Le lendemain, revigorés par cette nuit grand luxe, nous enfourchons nos vélos plein d’entrain pour une belle étape de montagne qui nous conduit en Slovénie. Un magnifique col et une frontière plus tard nous debarquons à la ferme touristique  « Šenkova domačija » pour notre premier woofing de l’année. 

Il n’était pas possible pour nous de demander une semaine précise de woofing plusieurs mois à l’avance. Nous ne savons jamais où nous serons 15 jours plus tard mais l’envie de faire du woofing nous trotte dans la tête depuis plusieurs mois… La famille de Polona et Drejc et leurs trois enfants accepte de nous accueillir au pied levé, pour notre plus grand bonheur. Leur ferme, camping, hôtel, restaurant est un petit coin de paradis dans le village de Zgorjne Jezersko.

Nous jardinons avec plaisir le matin avec une vue somptueuse sur les montagnes. Les enfants se régalent avec les animaux de la ferme, avec les repas délicieux pris en commun avec la famille de Polona et à la fameuse pause « coffee break » à 11h où la famille, les employés et les woofers se retrouvent tous ensemble. Nous travaillions de 10h à 14h (contrat moral spéciale famille, avec au moins 1h30 de travail dans le jardin pour Antoine et Agathe, merci Polona pour l’adaptation des horaires). Ces dix jours passés ici sont un autre coup de cœur de notre voyage. Cette famille dégage une véritable sérénité et une joie de vivre communicative. L’après-midi, nous allons au lac, à 10 minutes à pieds, manger une glace, nous promener ou lézarder et profiter des animaux. Nous aurons même la chance sur deux jours de faire une rando (vélo + à pied) et dormir en refuge tenu par la belle-sœur de Drejc pour le plus grand plaisir de tous !

Cerise sur le gâteau du camping de la ferme (où nous avions planté la tente) : nous avons pu rencontrer une famille de Remois et les enfants se sont entendus comme larons en foire. Merci au passage pour le prêt du sac à dos pour notre nuit en refuge (pas de bras, pas de chocolat… pas de sac à dos, pas de rando). Nous reprenons les vélos demain après ces 10 jours de pause, heureux de vivre de nouvelles aventures vers le Triglav mais le cœur serré de  quitter la famille de Polona et Drejc. 

Le coin des anecdotes

– Nous posons notre tente entre deux maisonnettes au bord de la Drau, profitons de la terrasse et du mobilier de jardin de l’une d’elle. On aurait su, on aurait pris des grillades pour profiter du barbecue. Nous sommes dans un village de vacances Europarc abandonné, comme frappé par le Covid. Pas assez rentable, nous expliquera un riverain, le village de vacances n’accueille plus personne. Mais rien n’est clôturé, pas de panneau « propriété privé défense d’entrée », pas de vigile… et pourtant tout est encore là : chaises longues, barbecues, tables et chaises de jardin, des m3 de lames de terrasse pour de futurs aménagements, des tiny houses en cours d’installation. Surréaliste: pas de vol, pas de dégradation, pas de déchets. C’est sûr, on est bien en Autriche. 

Rubrique People – si, si, on fait aussi dans le people. Nous avons eu le plaisir de rencontrer Manon et Drice, un couple de cyclo belges en périple en Slovénie. Ils sont les créateurs géniaux d’une plate-forme d’accueil de cyclo à l’instar de Warmshower qui s’appelle Welcome to my garden : https://welcometomygarden.org/ On vous avait dit qu’on vous ferait de la pub ;-). Non, vraiment, une joie de vivre débordante et une belle énergie, sans aucun doute si vous vous voulez accueillir des cyclos ou planter la tente chez quelqu’un, rendez-vous sur leur site !

Bel été à tous, 

Nous 5.

Une grande aventure !

Bonjour à tous, nous espérons que vous passez de bonnes vacances.

Nous sommes en Slovénie et tout va bien pour nous.

Nous sommes heureux de vous présenter notre magasine que nous avons construit pendant deux mois. Nous avons tout d’abord appris la constitution d’un magasine (page de garde, sommaire, édito, articles, …) puis on réfléchissait au contenu de nos articles sur le vélo avant de les écrire à la main ou sur la tablette.

On a adoré !

https://madmagz.com/fr/magazine/2127484

Bonne lecture et bel été à tous.

Antoine et Agathe

Un projet est un rêve sur lequel on a posé une date : 05 Juillet 2023

Nous avons pris la décision de partir il y a un an déjà, avec une énergie à toute épreuve. Des émotions neuves et des décisions parfois inédites au programme (avec trois enfants âgés de 5mois, 6 et 8 ans au moment du départ, il ne pouvait en être autrement). Nous sommes partis remplis de rêves, pour notre grand voyage à vélo en famille sur les chemins du monde, prêts à se jeter dans l’inconnu. 

Douze mois que nous jonglons pour notre plus grand bonheur (et parfois avec quelques difficultés) avec les réalités familiales et la recherche constante d’équilibre entre passion et responsabilités.

Nous vivons chaque jour avec intensité. Quel bonheur que notre journée ne soit plus comprimée par le temps! Quel luxe de ne plus porter de montre et de vivre à notre rythme et à celui de la nature dans laquelle nous nous immergeons au fil des jours et des mois. 

Pour nous, le luxe se trouve dans le fait de vivre simplement. Se lever avec le soleil, s’arrêter près d’une rivière pour se baigner, dénicher un petit coin parfait pour manger ou bivouaquer, s’octroyer une longue pause pour jouer et se reposer (et faire les devoirs !), être avec les gens qu’on aime le plus au monde, et pouvoir les voir grandir, les câliner et les soutenir à chaque étape (de vélo et aussi, de leur vie).

Le stress et la pression nous semblent loin, nous ne sommes plus esclaves de la société de surconsommation dans laquelle acheter, c’est exister. Nous ne consommons presque rien, enfin si, beaucoup de nourriture ! Hormis cela, de l’air pur et de l’énergie pour pédaler et gravir les dénivelés (à notre rythme).

Les rencontres sont nombreuses, chaleureuses et imprévisibles. Elles nous remplissent encore un peu plus le cœur à chaque fois et nous rendent meilleures. Nos rencontres et l’accueil qui nous est réservés sont incroyables. Nous en sommes souvent très émus. On espère évidemment réussir à recevoir de cette manière à notre retour. Partager un repas convivial avec de nombreux fous rires, apprendre sur la culture et la façon de vivre des personnes qui nous reçoivent, savourer l’eau chaude à la douche et  se laisser tomber de fatigue dans de bons lits est notre luxe qui se répète plusieurs fois par mois. Quelle ouverture des portes et des cœurs incroyables, particulièrement en ces temps de repli sur soi et de division de la société. 

Nous commençons à entendre la question : quand est votre retour, et… après ? Notre retour de voyage est prévu en Octobre, nous ne souhaitons pas vivre en marge de la société ou exempts de tout engagement. Au contraire, nous souhaitons redevenir acteurs au sein de celle-ci pour nous réapproprier nos vies. Mais pour le moment, cela nous semble encore loin et même si tout est organisé pour le retour, nous comptons bien profiter pleinement de ces derniers mois de liberté.

Comme nous l’avons écrit à plusieurs reprises à des personnes voulant se lancer dans ce genre d’aventure : « Si vous avez besoin d’énergie positive, d’oser quelque chose de différent, de vivre intensément, d’apprendre chaque jour des choses sur vous-mêmes, sur votre environnement, sur les relations humaines, sur la capacité incroyable de chacun d’être bon, généreux, empathique, serviable et gentil, alors enfourchez votre vélo et n’oubliez pas que l’aventure commence déjà en franchissant le pas de votre porte. »

Merci d’être là et de nous soutenir, et que l’aventure continue !

On vous souhaite un bel été et de bonnes vacances.

Anna, Agathe, Antoine, Ju et Marion

De la Grèce à l’Italie

On s’active pour finir le programme scolaire. Au menu du jour : les différents types de langage. Essayons d’appliquer la leçon à notre article !

Langage courant pour la fin de notre trajet grec

Anna a fini son antibiothérapie. Nous pouvons donc reprendre la route, elle est en pleine forme. Le thermomètre extérieur est lui aussi un peu trop en forme à notre goût : il affiche entre 38 et 42 degrés… Hors de question de rouler sous ces températures. Nous décidons de prendre un bus (2h) entre Trikala et Ionina. Nous remplissons la moitié de la soute à nous seuls mais tout se passe bien, les Grecs nous aident de manière bienveillante. Nous recommençons à rouler sous 30 degrés dans les montagnes. Routes magnifiques (et bien pentues), spots de bivouacs de rêve et gens adorables. Le bonheur pour finir notre périple grec jusqu’à Igoumenista.

Langage soutenu pour notre traversée en ferry d’Igoumenista à Venise

Chers enfants, notre ferry appareillant aux aurores demain (4 a.m), nous sommes contraints de séjourner cette nuit à l’embarcadère. Vous nous voyez navrés de vous infliger ce désagrément, mais que diable ! cela serait de mauvais goût que de manquer notre navire. Les voyages forment la jeunesse. Nous lèverons le camp ce soir à 21h et cheminerons de nuit sur une piste cyclable éclairée pour votre sécurité. Nous nous arrêterons écouter un récital de plein air de musique traditionnelle. Puis vous l’aurez compris, nous sommeillerons quelques heures dans le hall du terminal avant de prendre nos quartiers dans notre cabine. 25h plus tard et une mer Adriatique traversée, nous mettrons pieds et roues en Italie pour de nouvelles et trépidantes aventures, à Venise.

Langage familier pour notre périple en Italie

Truc de fou, notre arrivée à Venise. Un accueil de dingue de la part d’Adriano et de toute sa famille. Nous stoppons 3 jours chez lui : visite de Venise. Bam ! enfin une ville sans bagnoles ! Et… sans vélo aussi. Ils ne sont pas parfaits, non plus, à Venise.

Italie oblige, c’est le grand retour du saucisson dans nos assiettes et 2 soirées remplies de fous rires (et 1 coupe de cheveux home made pour Agathe) avec pizzas et pâtes avec Adriano, Joshua, Sylvia, Lorenzo,…

Lors de notre journée à Venise, arrêt obligatoire au consulat pour nos procurations de vote. Comment expliquer aux drôles qu’on risque de rentrer dans un pays où l’extrême droite est représentée en nombre… alors que cela fait 1 an qu’ils rencontrent dans tous les pays traversés des gens accueillants et tolérants qui n’ont que faire de tes origines nationales, sociales ou religieuses. Alors, lors de l’attente au consulat, la discussion ressemble à celle-ci : « Vous vous rappelez les Américains ? Ils avaient pour la plupart peur des Mexicains et nous déconseillaient de nous rendre au Mexique. On a été accueilli par la chaleur humaine partout au Mexique…et les Mexicains nous ont souvent déconseillé le Guatemala. Pourtant dans ce pays aussi l’accueil a été merveilleux. Chaque peuple, chaque communauté, partout dans le monde a « son étranger » qu’elle ne connaît pas et qui peut lui faire peur. Mais rappelez vous que l’étranger est avant tout un ami que tu ne connais pas encore. »

Après ces premiers jours off en Italie, nous remontons sur nos vélos avec le smile jusqu’aux oreilles ! Nous empruntons la vélo route « Venise-Munich » que nous ne pouvons que vous conseiller. Route magnifique, une bonne partie en gravel, on retrouve un peu l’atmosphère de la Great Divide avec plus de cyclistes et moins d’ours. On est encouragé par des tas de « bravissimo » et « respect » toute la journée et nous rentrons dans les Dolomites après avoir quitté la plaine vénitienne. On fait des bivouacs de « ouf », émerveillés chaque soir par ces montagnes majestueuses ! Feu de camp de nouveau au programme. La pluie nous chassera un peu trop tôt des Dolomites nous empêchant de faire de la randonnée comme prévu mais on en a quand même pris plein les mirettes !

Désormais, direction l’Autriche puis la Slovénie. Bonne fin d’année scolaire à tous, on vous embrasse et merci encore pour vos nombreux messages !

Le coin des anecdotes

Nous sommes sur une vélo route assez populaire donc pas mal de vélos. Mais on est environ 5% à avoir des vélos non électriques. Nous sommes assez surpris, surtout lorsqu’on voit des enfants ou des jeunes sur des vélos électriques, mais à chacun ses raisons ! La très bonne nouvelle, c’est qu’il y a par conséquent des bornes rechargeables qui nous servent pour la recharge de nos téléphones, lampes frontales et tablettes ! Toujours voir le bon côté des choses !

Sur le parcours que nous effectuons se déroule la Veneto Trail. Nous croisons donc de nombreux bikepackers et nous nous encourageons mutuellement. 500 kms de trail VTT avec pas moins de 10 000 m de dénivelé pour eux. Antoine a évidemment des étoiles plein les yeux (on fera 5000 m de dénivelé sur la partie de vélo route Venise Munich que nous empruntons). Certains s’arrêtent à notre hauteur au moment de nos pauses. Quelle joie pour Antoine quand il se fait féliciter par un d’entre eux et que ce dernier lui offre cacahouètes et sandwich camenbert-jambon fumé. Deux minutes après, Antoine déclare : je ferais ce trail quand je serais plus grand. Cette envie a elle un rapport avec le sandwich ?!

Καλημέρα

Bonjour à tous, 

1

… passage de frontière entre la Turquie et la Grèce qui se fera par voie fluviale. Kastellorizo sera notre porte d’entrée pour la Grèce. Île paradisiaque loin du tumulte touristique. Un jour passé sur cette île, sur une petite plage à jouer, nager et profiter. Un autre ferry pour nous rendre à Rhodes, jolie ville médiévale au milieu de sa horde de touristes (on n’a pas trouvé le colosse…). Puis on se prépare pour nos 22 heures de ferry pour rejoindre Athènes. Hors saison, les prix sont plus qu’abordables, nous avons une cabine 4 places. Le temps file vite. On rencontre sur le pont une famille suisse avec leurs 3 garçons voyageant en sac à dos et transports en commun/voiture. Chapeau ! Puis le soir, on rejoint notre copain cyclo Mathys qui est en compagnie de Yannick et Romane. Ils sont en mode sac à dos et rallient Tahiti (où ils ont travaillé 3 ans) à la France sans prendre l’avion sur 2 ans. On les retrouvera par pur hasard 15 jours plus tard et on partagera une belle soirée ensemble. On verra, depuis le pont, différentes îles des Cyclades.

2

… heures après le débarquement, douche froide à Athènes ! Arrivée lundi 13 mai à midi, au Pirée, port d’Athènes. On ne le sait pas encore mais l’après-midi sera éprouvante. On va traverser cette ville de 4 millions d’habitants (qui est loin d’être plate) sous une pluie torrentielle. Accalmie d’une heure où nous pourrons tout de même voir l’Acropole. Nous arrivons à plus de 20h, épuisés chez Matt et sa femme ainsi que leurs deux filles. Merci à vous 4 pour votre accueil. Ils nous ont récupéré mouillés jusqu’aux os. On valide la devise de votre famille : « The best things in life are wild and free ».

3

… jours de vélos pour arriver dans la ferme de  Yiannis et Anna. Il y a 6 ans, ils recueillent Chand, pakistanais qui a alors 18 ans. Il a passé les frontières entre l’Iran et la Turquie puis entre la Turquie et la Grèce clandestinement, la peur au ventre. Yiannis n’est pas là lorsque nous arrivons avec nos vélos. Chand nous accueille et deux minutes après notre arrivée, nous brandit un papier : sa nationalité grecque obtenue quelques heures auparavant ! Il vit dans une caravane sur la ferme, sa maison est bientôt prête . On l’invite à manger dans le logement prêté par Yiannis. Il nous a raconté son histoire qui fait froid dans le dos mais qui se finit bien. Le lendemain, on rencontre Yiannis et sa femme Anna, prof de français. Les enfants ont eu un cours particulier de grec, on a un bel itinéraire de tracé et ils nous ont fait goûter des spécialités grecques. Il y a des soirées de ce voyage qui ne s’oublieront pas… De plus, grâce à eux, on sait désormais à quoi ressemble un pistachier ! Et les enfants ont béni Yiannis qui nous a monté en camion en haut de sa montagne (500 m de dénivelé et 15 kms de gagné !).

4

… personnes qui s’arrêtent sur notre chemin et pour qui nous avons eu un coup de cœur. Ils s’appellent Chris, Georges, Cristobal et Despina. Ils nous offriront de leurs temps pour nous indiquer des bivouacs (attention : ne lâcher pas les enfants, traces de loups à moins de 15 minutes de marche d’ici…), nous faire découvrir des spécialités grecques, nous en apprendre plus sur leur pays, … Ils nous gâteront de gâteaux typiques du pays, brioches, abricots du jardin, cerises, pizzas, pop corn, jeux pour les enfants et même un flacon de propolis (Cristobal est apiculteur).

5

… corps se mettant dans une eau chaude thermale souterraine à 38 degrés aux Thermopyles. Après avoir retracé l’histoire du roi Léonidas et des Perses, place à la détente : ça décontracte les mollets. Et oui, le dénivelé est là mais les pentes sont beaucoup moins importantes qu’en Turquie. On monte plus facilement et nous sommes capables de faire 800m de dénivelé par jour. 

6

… monastères chrétiens orthodoxes hissés majestueusement sur les Météores. Ils sont perchés au sommet de falaises. Notre première partie de parcours est atteinte. De belles randonnées nous attendent pour découvrir ces lieux. On s’interroge quand même : les moines sont venus s’installer ici pour vivre reclus du monde et des centaines de touristes (dont nous) débarquent chaque jour…

7

… nuits de camping sauvage dont une vraiment magique sur un amphithéâtre de l’époque (nous avions eu l’autorisation). Les églises nous prêtent leurs parvis, les oliviers leurs terres, les sapins leurs aiguilles de pins pour un matelas tout doux. Par contre, pas de zone pastorale donc nous pouvons aisément faire du camping sauvage mais nous remplissons nos poches à eau au dernier village ou à la dernière station-service pour le soir (nos 20 L nous permettent de faire les douches, la vaisselle, la cuisine, une petite lessive et remplir les gourdes du lendemain… ).

8

… nuits au camping Meteora garden. Les touristes restent en moyenne 1 ou 2 nuits. Nous concernant, c’était sans compter Ju et Anna qui ont tourné pendant 48h à plus de 39 de fièvre… On devient potes avec les proprios qui nous proposent de nous embaucher pour la saison !

9

…. ce maudit chiffre que nous ne voulons plus voir sur ce thermomètre pour notre petite dernière. 48h à 39 degrés, visite chez le docteur qui nous dit que tout va bien… Le lendemain, ce n’est pas le 39 mais le 40 qui s’affiche. Direction le General Hospital de Trikala à 25 kms du camping. Amalia et Pauline, nos copines suisses, nous déposent toutes les deux (merci les filles !). Une batterie d’examens, des personnels soignants ne parlant pas forcément anglais, qui ont fait option boucher au lieu de pédiatrie, une petite fille somnolente et qui n’est vraiment pas au mieux. Le verdict tombe, ce sera une pneumonie et 6 jours à l’hôpital pour des antibiotiques en intraveineuse. Julien et les enfants remballent tout au camping, font les 25 kms en sens inverse et prennent un logement pour nous retrouver et nous épauler (merci à Zoé et Gregory d’être aux petits soins pour nous, votre logement est magique, vos conseils sont précieux et vos gâteaux et pizzas délicieux !).

On pense tous les jours aux supers médecins et infirmières de Pelegrin et on les regrette du fond du cœur. Réveils impromptus et sans aucune douceur 5 à 6 fois par nuit pour Anna pour ne même pas l’examiner, manque de communication, pas un geste ou parole douce lors de l’examen (ils sont donc 3 à la tenir de force pour l’ausculter), staff non aimable hormis un médecin et une infirmière, chaleur intense dans les chambres (il fait 35 degrés dehors), chambre partagée la dernière nuit,… Les parents grecs hurlent contre le staff dans le couloir, quelle ambiance ! Alors je dis à Anna : « on serre les fesses, on garde le moral, tu guéris le plus vite possible pour qu’on puisse prendre la poudre d’escampette ! » 

Une sortie le mardi 4 Juin avec un contrôle prévu le 6. Et là on remercie chaleureusement Tata Mimi et notre médecin de France nous évitant une seconde hospitalisation (on vous passe les détails techniques mais heureusement que Tata Mimi a pris les choses en main et à rédigé la procédure appliquée en France en anglais). Quelle joie de se retrouver tous ensemble réunis ! 


Là, c’est donc repos et remise des émotions avant de repartir sur les routes ! Julien nous dit en souriant : « on ne rentre pas avant d’avoir fair 10 000 kms » et bien à ce rythme nous ne sommes pas rentrés ! 

Merci pour votre soutien infaillible et vos nombreux messages ! 

Beau mois de Juin à tous en espérant que le soleil pointe le bout son nez en France, ici on atteindra les 40 degrés la semaine prochaine… 


Le coin des anecdotes

– Notre ferry pour Rhodes à 3 heures de retard, résultat : arrivée à 21h30. Nous ressemblons à des indiens dans la ville avec nos gilets jaunes, nos frontales,… quand nous traversons un quartier huppé où tout le monde est bien habillé et nous détaille attentivement. Pour couronner le tout, Anna a envie de dormir et hurle à gorge déployée, comme ça on est sûr que tout le monde se retourne. L’arrivée à l’hôtel est la bienvenue. 

– Nous faisons le plein d’eau chez Artis, électricien sur des machines agricoles. Il nous offre gentiment le goûter. On repart et au milieu de grandes plaines agricoles que nous traversons pendant trois jours, un bois voit le jour. L’agriculteur qui a le champ à côté nous autorise à camper. A 22h, par pur hasard, Artis revient d’un dépannage et passe devant notre tente. « No sleep, no sleep, souvláki « . On tente de lui expliquer que nous partons nous coucher et que nous avons déjà mangé. Il nous répond « no sleep, come back 20 minutes « . Il revient avec son fils : 15 brochettes, des frites et des boissons, fièrs et heureux de nous offrir ce festin. Merci Artis. Les enfants étaient fous de joie de pouvoir sortir de la tente pour vous attendre !

-Les petits phrases d’Agathe :

En pleine plaine agricole, sous plus de 30 degrés, avec son sourire coquin : « Je vous préviens à 16h09, je pète un câble si on n’est pas arrivé au lieu de bivouac. Je reste assise sur le tandem mais je ne pédale plus et je crie ». 

« Maman, Cléopâtre, elle aurait préférée être devant sur le tandem ou derrière en follow me? »

Clap de fin de notre fabuleuse traversée turque

« Une brise légère » nous indique la météo. Clairement, ceux qui tiennent le site « Meteoblue » ne sont pas cyclistes… On bataille contre un vent de folie (rafales de plus de 50km/h), notre Antoine peste contre les montées et le vent, il lutte comme il faut et on arrive à s’élever dans ces sacrés Monts Taurus !

Majestueuses ces montagnes ! Elles nous permettent de faire de magnifiques bivouacs sauvages et nos traditionnels feux de camp à l’abri des regards. C’est évidemment exigeant de s’élever à plus de 1200 m d’altitude, de redescendre puis de remonter à la même altitude. On se croit dans les montagnes russes d’une fête foraine, mais cela à l’avantage (toujours voir le positif !) d’alterner entre montagnes et côtes, entre nature et histoire.

Grosse descente et visite d’une ville romaine de plus de 2000 ans à Sidé avec baignade et glaces à la clef puis grosse montée et visite de l’amphithéâtre romain le mieux conservé au monde.

Notre route vers Antalya se fait par un accueil chez Özkel dans un petit village de montagne, lors d’une journée de grosse pluie. Elle travaille avec son mari pour ouvrir un restaurant en juin. Elle prend tout de même le temps de nous amener chez elle, de nous mettre au sec, de nous laisser les clefs de la maison, nous montrer la machine à laver et la cuisine et elle repart. La gentillesse des Turcs est vraiment incroyable. On passera du temps avec ses deux grandes filles, une d’entre elles offrira deux poupées Barbie à Agathe, qui se découvre une passion pour ces poupées. 

Nous descendons de ces Monts Taurus (1100m de descente en 10 kms) et découvrons des orangeraies, champs de grenadiers et serres de tomates/aubergine/bananiers/fraisiers sur des dizaines de kilomètres à la ronde. On achète nos fruits directement au producteur (quand ils ne nous arrêtent pas pour nous les offrir – j’avoue avoir un peu pesté lors d’une montée lorsque j’ai roulé avec les 4kgs de concombres offerts avant une pente à 30% mais promis, on les a tous mangés !). On dort dans des orangeraies, fruits frais pressés par nos soins le matin. Merci Ali de nous avoir permis de faire le plein de vitamines dès le matin !

Notre arrivée à Antalya chez Serkan (merci une nouvelle fois au réseau warmshowers d’exister) se fait donc de la meilleure des façons. Nous resterons avec Elif et Serkan une journée, plage et visite de la ville au  programme. Et surtout de bons fous rire : Serkan est très drôle et heureux d’être avec les enfants ; ils avaient même prévu pour eux dessins et feutres, frites, chocolat, dessins animés en français …

Allez, il faut repartir et deux choix s’offrent à nous : longer la côte sur une 2×2 voies avec tunnels ou faire 2700m en 110 kms. Et bien, on travaille pour enlever la cellulite et raffermir nos corps et on transpire : vous devinerez donc notre choix. Et une journée avec un minimum de 8 kilomètres avec 700 mètres de dénivelé ; on touche nos limites et le trek aussi. La roue arrière a été changée au Mexique et la nouvelle roue ne supporte pas les gros pourcentage des routes de montagne turque. Julien a changé 7 rayons en 2 mois. On a du mal à trouver une roue plus costaud (c’est le problème du standard 28 pouces, pour ceux à qui ça parle) et on a bien sûr aucune envie de renoncer à la montagne. Solution : il va falloir refaire le plein de rayons.

On redescend une dernière fois sur la côte. Cela ressemble à la Corse. On rencontre Mathis, cyclo français rentrant en France depuis l’Inde. On roule ensemble (au vu des coef des pentes, merci à toi d’avoir papoté avec Agathe qui marchait à côté de toi pour m’alléger puis d’avoir attendu Antoine qui mettait toutes ses forces dans les pédales pour essayer de suivre la conversation !), puis feu de camp en se racontant nos récits de voyage. Les enfants sont ravis de ces moments et nous aussi. Nous avons ensuite trouvé de magnifiques spots pour dormir en bord de mer et se baigner – belle récompense pour Antoine après la grimpette des derniers jours.

Notre route en Turquie s’achève à Kaş, sous nos yeux émerveillés devant la beauté de cette baie. Nous nous arrêtons dans un camping avec une vue et une mer turquoise vraiment magnifiques. Par contre, petit point à améliorer pour les prochains voyageurs, la température de l’eau laisse à désirer.


Le 9 mai au soir, après plus de deux mois en Turquie, les yeux tournés vers la mer, les yeux sont embués. Quel peuple rempli de gentillesse et de chaleur humaine, que de paysages divers et somptueux. Quel bonheur d’avoir roulé sur les petites routes et chemins du Sufy Trail (merci Ingrid et Serkan). Quel bonheur d’avoir pu faire autant de bivouacs somptueux.

La route doit continuer mais nous quittons à regret ce pays pour lequel nous avons eu un véritable coup de cœur (si on fait l’impasse sur son président évidemment). Merci à vous, amis turcs, pour votre accueil, vos messages Whatsapp quotidiens d’accompagnement, vos attentions, vos sourires, vos klaxons (vous êtes des fous du volant), on ne sera jamais à votre hauteur pour l’accueil mais nous en prendrons de la graine, soyez en sûrs. On emmène un bout de vous pour la suite de notre chemin, on ne vous oubliera pas, merci, du fond du cœur.

Cap sur la Grèce. 

Güle Güle. 

Le coin des anecdotes

Il nous reste 5 kms à parcourir. Tout le monde a besoin d’une pause ; on s’arrête pique-niquer. Julien ne fait que regarder la montagne devant nous et son GPS. 20 minutes plus tard, il nous dit : « ça me dit bien de passer par là, ça fait un détour de 18kms et 800m de dénivelé, cela nous prend un jour de plus mais si on fait les fonds de sacoche, on a assez de nourriture ». Antoine a la bouche grande ouverte, prêt à gober une mouche : » Papa, c’est une blague ? ». « Bah non, ça va a être chouette », lui répond t’il. J’observe la scène amusée, on en a tous plein les jambes sauf Julien, qui clairement est au-dessus du lot physiquement. Il se rangera finalement au reste de la famille et on fera les 5 kms sur du plat. Il finira sa journée par 300 pompes et sans avoir vu sa montagne. Et moi je rigole encore toute seule en revoyant le visage d’Antoine…

Quand la magie du camping opère… On a toujours eu des supers voisins (dédicace à Nico et Corinne) et c’est aussi le cas en camping. A Kaş, nous sympathisons donc avec nos voisins : Eigine, un médecin turc en caravane et Ralph, un pré retraité allemand, en voyage moto itinérant au long cours. A 18h, Eigine nous dit : « venez tous à table, j’ai fait à manger pour tout le monde. » On est le 8 mai et on ne peut s’empêcher de se dire en trinquant à l’apéro : »la guerre, quelle sombre idiotie ». Ralph renonce à voyager en Iran à cause des tensions avec Israël (soutenue par l’Allemagne et la France) et nous, avons renoncé à traverser la Russie (nous voulions rejoindre la Mongolie via l’Europe du Nord et la Russie lors de notre projet initial). Deux pays et deux peuples que nos enfants découvrirons sûrement quand la folie de la guerre sera passée. Bref !

On passe une excellente soirée, tout le monde se régale et l’on perfectionne notre culture culinaire turque. Le lendemain, Eigine appelle Antoine : « viens, on va faire des hamburgers ». Les filles, elles, ont adopté la caravane. Et là, sous nos yeux ahuris, il commence à vider sa caravane et à nous donner au moins 4kgs de nourriture, casquette, bouilloire, lunettes de soleil, lampes extérieures, couteau et on en passe… Antoine pousse des : »waouh, non mais c’est diiiiiingue, non mais, non mais, non mais,… », s’extasiant devant tous ces objets (on pensait l’habituer à vivre avec l’essentiel, ce n’est pas tout à fait gagné !). On remercie chaleureusement Eigine et évidemment on lui dit : « c’est adorable mais nous sommes à vélo et tu sais, on a besoin de rien. Nous avons déjà fait un colis pour la France de 5 kg de cadeaux reçus durant ces deux mois en Turquie la semaine dernière car nous étions trop lourds ». La sentence tombe : « Si vous refusez, je vais être très vexé ». « OK, on ne va pas se fâcher mais tout ne rentre pas dans les sacoches, Eigine, peut-être que la casquette suffit ? ». Rien à faire ; aucune négociation possible… Il vérifie que nous prenons tout et c’est très très lourd. Mais c’est avec le sourire d’avoir croisé sa route que nous prenons le chemin pour le ferry nous amenant à Katellorizo, petite île grecque. Nous avons donc toujours ta bouilloire avec nous, sois en rassuré !

L’aventurière en herbe

Bonjour à tous,

Je viens de fêter mes 15 mois et je me suis dit que vous seriez peut-être content d’avoir de mes nouvelles ! Je vais continuer à tout vous raconter :

Niveau vestimentaire : depuis que j’ai quitté le Mexique, je dois être habillée. Aimant vivre en couche, je le fais savoir à mes parents en hurlant dès qu’ils me mettent un pantalon, une polaire ou des chaussettes. Comme ça, ils vont se débrouiller pour me retrouver du soleil au lieu de la neige ! Et dès que je peux, je suis toute nue et surtout sans chaussures.

Niveau couches : les couches lavables battaient leur plein en Amérique Centrale, cela séchait en un tour de main. Et bien, depuis notre arrivée en Turquie, elles sont au fond de ma sacoche. Couches jetables à 100% et lingettes 100% non écolo… la famille n’en est pas très fière mais difficile de faire autrement avec la météo. 

Niveau transport vélo : je suis dans ma remorque pour les siestes (que nous avons changée pour la marque Thule et qui me convient beaucoup mieux). Je me permet d’hurler pendant 2 minutes à chaque fois que mes parents me mettent dedans pour la sieste, ça fait toujours son petit effet quand nos hôtes me voient pleurer : « oooh la pauvre ». Et je m’endors 50 mètres plus loin… Quand je me réveille, j’ai toujours une petite minute où j’observe mon environnement, aucun repère hormis les 4 êtres humains m’entourant au quotidien.

Et puis lorsque je suis réveillée et que l’on doit encore rouler, je suis sur le siège avant avec Papa. Je fais coucou à tout le monde, comme la reine d’Angleterre. Succès garanti : les gens s’arrêtent et m’offrent des sucettes. Je leur envoie un petit bisou et hop on repart ! Mon frère et ma sœur sont dégoûtés car parfois je suis la seule à recevoir des petites sucreries.

Niveau alimentaire : Maman continue à m’allaiter pour contrebalancer les petits écarts. Œufs durs, fromage, fruits et légumes rythment mes pique-niques. Le soir, je raffole du boulgour ou des célèbres pâtes au fromage cuisinées au réchaud. Mes parents font attention mais quand on est invité, on m’emmène souvent à l’abri de leurs regards et là… : glace, baklavas, bonbons, thé sucré à profusion, un vrai régal !

Niveau jouets : un livre et des marionnettes de main offerts par Mamie, nos Tupperware et bols, une petite voiture et surtout tout ce que la nature m’offre : bâtons, pierres, feuilles,… Je joue souvent dans ma remorque quand nous sommes arrêtés, je ne sais pas ce que c’est d’avoir une chambre. A mon retour, j’espère que mes parents auront la présence d’esprit de mettre la remorque dans ma chambre !

Niveau motricité : à 1 an, je fais mes premiers pas. Pas évident avec un terrain qui n’est jamais plat, entre cailloux, pente, trous dans l’herbe,…et oui c’est cela de ne pas habiter en maison. Mais je m’accroche et à Istanbul, j’ai fais de sérieux progrès en quelques jours. Maintenant je gambade dès que je descends de ma remorque. Je me prends des belles gamelles mais pas de pleurs. Je n’en ai pas le temps si je veux essayer de suivre les déplacements d’Antoine et Agathe !

Niveau éducation : Papa m’apprend plein de choses sur la faune et la flore quand je suis sur le siège vélo devant lui, et le reste du temps aussi d’ailleurs ! Maman me monte des petits ateliers Montessori au campement (c’est la mode m’a elle dit…) et mon frère et ma sœur me font faire plein de bêtises (par exemple, ils me mettent dans l’eau de la fontaine au bivouac et je reviens vers la tente complètement trempée, mon frère joue à me faire peur,…)

Niveau câlins : cela bat son plein ! Ce que j’adore : le matin, dans la tente, je réveille tout le monde à tour de rôle et je leur fais un petit câlin.  Et puis j’ai des câlins du monde entier ! Peu importe le pays visité, je passe dans les bras de toutes les personnes que je rencontre ! Même un policier qui était dans un salon de coiffure à Konya a demandé au coiffeur d’arrêter sa coupe ; j’étais dans la rue et il a appelé Papa pour que je puisse prendre une photo avec lui ! Incroyable !

Au Mexique et en Turquie, des gens que nous n’avions jamais vus et à qui nous n’avions jamais parlé me prennent dans leurs bras sans demander la permission à mes parents. Au début, cela fait bizarre mais finalement on s’est tous habitué et cela nous fait sourire et même chaud au cœur de recevoir autant de chaleur humaine. 

Niveau sommeil : pas de souci pour mes siestes, je suis bercée au rythme des coups de pédales. Je m’améliore : si Papa arrête de pédaler, je continue ma sieste. Avant il devait tout le temps pédaler, même pendant la pause courses. « Mon père, il est tellement fort  » comme dirait Aldebert, mais j’essaie de le préserver un peu tout de même. La nuit, je vis au rythme des bruits des duvets, des fermetures éclairs de la tente mais je suis contente d’être entourée ! Je me réveille quand même parfois (ou plutôt toutes les nuits) histoire de pimenter un peu le quotidien ! Mais je ne réveille que Maman, c’est plutôt fairplay pour mon frangin et ma frangine, non ?

Niveau matériel de puériculture : ma chaise haute, ce sont les genoux de mes parents. Mon lit bébé, un matelas Thermarest et ma poussette : ma remorque vélo. 

Niveau douche : tous les 3 jours environ. Si l’eau est vraiment trop froide, en bivouac, maman fait tout doucement avec des cotons lavables. Papa, lui me lave à grande eau. Et là… j’hurle ! Non mais !

Niveau vaccin : je suis à jour ! Merci aux copains venus nous voir en voyage qui nous ont amené les vaccins n’existant pas au Mexique (dans un thermos isotherme permettant de transporter des seringues devant rester au froid). Les autres vaccins, je les ai fait au Mexique. Pas de lotion anti-douleur, pas de pansement : tu arrives, tu es déjà en body, THE piqûre et 2 minutes après tu ressors ! Pas de prise de tête avec le pansement anesthésiant à mettre une heure avant !

Bref, je suis une petite fille heureuse ! On verra à mon retour comment je pourrais faire des siestes sans être bercée sur les routes du monde. Mes parents se demandent aussi ma réaction lorsqu’il sera temps de prendre le chemin de la crèche ou de la nounou ! Moi, je profite de chaque moment avec eux 4. Chaque chose en son temps !

Allez, bon vent à tous (de dos de préférence !)

Anna (ou Kikou passe partout).

La Turquie, le paradis !

Bonjour,

Nous revoilà, un peu plus grassouillets grâce (ou à cause ?) de la délicieuse nourriture et des nombreux repas partagés avec les charmants turcs rencontrés sur notre route.

Alors reprenons notre récit au 24 mars. Nous fêtons comme il se doit les 7 ans d’Agathe et les 9 ans d’Antoine. Jour de repos dans la maison de la communauté cyclo d’Eskişehir où nous sommes hébergés. La veille au soir, nous avions fait la fête avec ces belles personnes à notre arrivée avec barbecue, musique, … Le lendemain, le jour J, nous nous rendons tous les 5 dans un parc avec jeux en plein air et resto à la clef. Les enfants sont ravis (et surexcités) et nous aussi. Il nous tenait à cœur de faire quelque chose de différent le jour de leurs anniversaires. Nous resterons 2 jours de plus à Eskişehir, laissant la vague de froid passée. Cela nous permet de visiter le superbe musée de sciences (prix dérisoire de l’entrée : 35 lires turques soit 1 euro).

Nous remontons par la suite sur nos vélos, continuant dans les montagnes. Les champs d’oliviers ont laissé place aux bergers (qui montent sur un âne) avec qui on papote lors de nos pauses pique-nique. On aura le plaisir de goûter leur bon fromage et d’apprendre qu’il y a des loups et des chacals dans les montagnes. On comprend mieux la présence systématique de deux chiens de troupeau avec les moutons. On aura même la chance lors d’un bivouac, d’entendre une meute de chacals contourner notre campement en aboyant.

Un soir, nous nous arrêtons pour chercher une petite supérette. On demande à Yüksel notre route ; on finira par camper dans son jardin et Süheyla, sa femme, nous apprendra à faire du pain. Les enfants devaient faire leurs devoirs, le thème sera … travaux pratiques. Le soir, après la rupture du jeûne (nous sommes encore dans le mois du ramadan), nous partageons leur repas, véritable festin. Le lendemain, du lait frais nous attend. Ils ont été traire les vaches de la tante habitant à côté pour qu’on se régale.

Cela fait 6 jours que nous roulons sans pause et avec nos 600 m de dénivelé positif quotidien, les jambes ont besoin de repos et d’un peu de confort malgré des spots de bivouacs sauvages magnifiques.

Quand tu cherches un hôtel indiqué sur Google Maps et que tu ne le trouves pas, tu demandes ta route. Cumhur nous indique que l’hôtel est fermé mais que sa maison, elle, est grande ouverte ; cela crée encore une jolie rencontre ! Les parents d’Aydin et Medine, qui eux vivent en France (merci à eux pour les traductions via Whatsapp vidéo !) nous ouvrent grand les portes de leur maison et nous offrirons une journée de repos dans la maison de vacances d’Aydin en partageant temps et repas avec toute sa famille. Ils nous emmèneront même visiter une ville souterraine datant de 2700 ans !

Nos journées sont chaudes mais dès 18h, il fait très froid, nous sommes en altitude. Nous refusons parfois des invitations car nous voulons poursuivre tout de même la route ! Nous avons en vue la Cappadoce ! Nous quittons le Sufi trail pour rejoindre Beysehir où nous attend Mustafa, un homme chaleureux et très attentionné dont nous avons eu le contact via le réseau warmshowers. Responsable du club de vélo de la ville, il  nous annonce que le sponsor du Club nous offre 2 nuits d’hôtels avec petit-déj et nous offre 4 superbes t-shirt de vélo ! Il fait 2 degrés, on le regarde tout sourire, les enfants le remercie avec grande joie !

Nos vélos sont laissés dans le garage de l’hôtel. On a décidé de louer une voiture durant 1 semaine et de troquer nos vélos pour nos sacs à dos pour se rendre en Capadoce (la route entre Konya et Gorême est assez monotone avec 300 kms de ligne droite dans une plaine désertique et nous ne voulons pas arriver trop tard en Grèce pour la chaleur). Nous partons donc faire de l’itinérance mais à pied cette fois-ci.

On partage le cadeau d’anniversaire des enfants avec émotion : un tour de montgolfière au milieu d’une centaine de montgolfières (lever très matinal à 4h30 du matin !). Féérique ! Nos bivouacs sauvages nous permettent d’admirer les cheminées de fées et les montgolfières, seuls au monde. Nous faisons aussi de l’histoire en visitant : un caravansérail, lieu où les caravanes de marchands faisaient jadis étape sur la route de la soie ; une ville souterraine de 18 étages de plus de 3000 ans (dédale de tunnels impressionnant) ; village troglodyte où turcs musulmans et grecs chrétiens cohabitaient ; château troglodyte,…

Et puis, nouvelle aventure, nous partons avec nos sacs à dos en itinérance mais à pied cette fois-ci avec nos 3 loulous dans un canyon dans la vallée d’Ihlara. Même en mode minimaliste, nos sacs à dos sont bien remplis mais tout le monde joue le jeu. Belle expérience que nous souhaitons renouveler sur certaines parties du parcours restant. Bref, une semaine hors du temps ! 

Nous repartons maintenant  pour notre deuxième stage montagne de Turquie, dans les monts Taurus cette fois ci. 400 kms et pas moins de 6000m de dénivelé pour traverser puis longer cette chaine de montagnes sur la côte Lycienne. Ça devrait être magnifique, riche en patrimoine historique, et un peu dur aussi …

A bientôt, la French Family

Le coin des anecdotes

A Eskişehir, on nous demande si on peut nous interviewer. Nous acceptons et passons une soirée mémorable de fous rires. Il ne doit pas y avoir trop de bruit pour le son (reportage vidéo) : cela commence par Anna qui fait cogner la gourde contre la table, puis une meute de chiens qui aboie pendant 30 minutes, un train de marchandises qui passe, des avions de chasse en plein entrainement puis Antoine et Agathe qui en ont marre et commencent à jouer en faisant un max de bruit, sans oublier l’appel à la prière. Cela devait durer 15 minutes, on en a eu pour 2h30. On a finit par prendre l’apéro tous ensemble le temps que le calme revienne. 

Dédicace à nos coiffeuses de tout temps (Maryse, Claudine, Ghuilaine et Coralie) :  tu oses demander à tes hôtes si le lendemain, un rendez-vous chez le coiffeur est possible. Et bien, on vient de finir le repas et le thé, il est 22h et ils te disent : les hommes, vous partez au salon de coiffure ; les femmes, vous, vous allez partir chez la voisine (les femmes se font toujours coiffer à la maison). Antoine et Julien partent au salon avec Cumhur : le salon est ouvert tant qu’il y a du monde. Poêle à bois dans le salon, une théière posée dessus, coiffeur avec la clope au bec. On a remonté le temps et c’est génial. Des ambiances comme ça n’existe presque plus chez nous. Concernant les filles, nous partons avec Kezban, sa fille et sa belle-sœur chez la voisine (dans la salle de bain de la voisine pour être tout à fait exact) dans un espèce de tuc-tuc. Heure de la coupe de cheveux sans que cela ne pose le moindre problème : 22h30. Vive les Turcs, leur sens de l’accueil et leur gentillesse. On a beaucoup ri avec Agathe quand la coiffeuse nous dit : la coupe vous plaît ? Bah… on ne sait pas, il n’y a pas de glace…

Petit instant émotion pour finir l’article (si vous versez une petite larme et que cela vous brouille la vue, au moins vous aurez tout lu).

Le contexte : problème de roue sur le Trek + problème de manette de frein sur le Pino = on s’arrête à un magasin de vélo. Il est 14h30 ; on repart du magasin à 17h, il nous faut sortir de la ville pour trouver un lieu de bivouac. Une voiture se met en warning, un homme nous interpelle. Comme Anna dort dans la remorque, Julien lui dit : « désolé, le bébé dort,  je ne m’arrête pas. » Je m’arrête à sa hauteur : Hassan nous demande de dormir chez lui. On lui dit que pour nous tout est ok, qu’on ne veut pas déranger. Hassan me dit que ce n’est pas une question, qu’une invitation ne se refuse pas et me met son téléphone dans la main en me disant de le garder car il y a son adresse indiquée sur Google Maps. Nous les suivons et 30 minutes plus tard, nous apprenons leur histoire.

Hassan et Selver sont originaires de Malatya. Ils ont tout perdu lors du tremblement de terre ayant frappé leur ville il y a un an. Selver était alors enceinte de 8 mois et leur premier enfant avait à ce moment là 2 ans. Ils ont été pendant 1 mois dans la rue et ont décidé de déménager loin de cette ville avec leurs 2 mamans. Ils sont traumatisés et ne veulent plus jamais retourner là-bas. Leur histoire  nous laissent sans voix et très émus. Ils se font une joie de passer du temps avec nous alors qu’ils n’ont plus rien. Cette leçon de vie, de partage et de courage !

Nous découvrons avec eux une nouvelle religion, l’alévisme. Cette population était à l’époque nomade ou semi-nomade, ce qui explique nos repas pris avec eux par terre autour d’un grand plateau. Bravo pour ce que vous êtes et ce que vous dégagez Hassan et Selver. Ils ont donné comme nom à leur petite fille : Güneş, qui signifie soleil en français.