La French Family

15 jours, 6 cols dont 2 à plus de 2000 mètres, deux coyotes, un ours et quelques (nombreuses) gouttes de sueur plus tard, nous revoilà !

Voici quelques photos des configurations possibles avec nos montures. On pense avoir tout essayé désormais ! Le changement a permis d’éviter les pleurs et que tout le monde ait le moral au beau fixe. Pour info, le tire vélo a été utilisé sur 3 km en fin de col mais Antoine préfère pédaler seul.

Niveau logistique : plus on est nombreux, plus on est lourd, plus on est lent, plus on doit prévoir nourriture et eau. Du coup on est encore plus lourd, donc encore plus lent et on doit prendre encore plus de nourriture et d’eau … Bref c’est un cercle vicieux.

À l’inverse, être léger est un cercle vertueux. Pour l’eau, nous filtrons de l’eau dans les rivières (nous avons avec nous 3 poches d’eau MSR de 4L, 6L et 10L). Les applications GPS « Osmand » et « Google Maps » en mode hors ligne nous permettent d’analyser le tracé et les rivières précisément afin de remplir nos poches à eau de façon opportune. Autant vous dire que lorsque les 3 loulous sont couchés après un bon feu de camp (qu’ils préparent eux-même désormais), nous étudions carte et itinéraire.

Les enfants nous bluffent. On se posait la question pour un des cols à 2000m. On leur a laissé le choix entre la route et la gravel road avec un dénivelé 2 fois plus important (on est tout de même de gentils parents). Et ils ont voulu partir sur les chemins caillouteux de montagne. On ne s’est pas fait prier! 

« If you loose faith in humanity, just grab in bike, and travel. » Et effectivement, nos rencontres sont source d’inspiration : arrivés à Seeley Lake après 6 jours dans les montagnes, seuls au monde, on se fait héler au niveau du marché. Une femme nous offre 4 énormes muffins au chocolat. Miam ! S’ensuit une discussion avec elle et son mari, et ça papote ça papote. 30 minutes plus tard, notre tente est plantée dans leur jardin. Et une rencontre fabuleuse se réalise.

Avione et Chelsea ont 5 enfants de 2 à 12 ans. Chelsea fait l’école à la maison, excellente cuisinière et boulangère, elle vend ses pains et pâtisseries au marché ; Avione travaille le bois, répare et revend toute sorte de matériels. Les enfants font beaucoup de travaux manuels dans la journée (le plus grand, par exemple, travaille le bois et vend des planches à découper au marché). Les enfants se débrouillent pour tous les gestes du quotidien : faire à manger, créer, entraide entre eux, aller nourrir les chevaux en quad, … Bref on a rencontré la famille de Capitaine Fantastique ! 

Nous traversons en ce moment des villages où seules les stations services peuvent nous nourrir à coup de barres chocolatées, chips, glaces, sans aucun fruit, légume ou féculent (autre que du pain de mie). Cette superbe famille nous permet de repartir avec fruits et légumes.

Nous passons des heures à discuter et les enfants à faire du trampoline et des batailles d’eau ensemble. Nous avons l’impression de nous connaitre depuis toujours. Nous repartons de chez Avione et Chelsea le cœur serré (bon… Anna ne compte pas, elle ronflait…), avec la chair de poule et les larmes aux yeux de les quitter. Merci à vous 7, vraiment, pour ce partage, ces fous rires, ces recettes (et nourriture saine dans nos sacoches), et émotions ! Comme dit Avione, ce n’est pas une coïncidence de s’être croisés!

Deux jours plus tard, nous ferons un lunch chez sa sœur et son beau frère habitant sur le chemin de la great divide ! Une autre rencontre magnifique. Quelle famille !

Niveau nuits insolites, nous avons été servi : dans une ancienne prison à Ovando (on a été pris en excès de vitesse aux jumelles) et dans une cabane de trappeur chez Barbara et John.

Ce couple accueille chaleureusement tous les cyclistes de la Great Divide depuis 16 ans. Ils n’acceptent aucun don ou argent. Ils partent du principe que la générosité qu’ils nous offrent à ce moment de vie, nous la retransmettrons à d’autres personnes dans le futur. Quelle magnifique philosophie, on espère que cela aura planté une graine dans le cœur de nos enfants ! 

Anna est élue le bébé le plus jeune passé sur cette route. La palme était jusqu’alors détenue par un bébé âgé de 10 mois (Olivier, s’agissait-il de Paul ?).

La route empruntée croise des villages ou de très petites villes. Les autres cyclistes nous font de la pub. Partout où on arrive, tout le monde nous attend, nous offre nourriture ou logement. On nous appelle la « French Family ». 

Nous partons vers Helena, chez Scott et Murray, rencontrés à Ovando et qui nous ont invités chez eux.

Le coin de la petite anecdote :

Dans un col de montagne, nous plantons notre tente. Vers 23 h, du bruit dans les buissons environnants, comme dans Jurassic Park quand le T-rex arrive en couchant les arbres !

Shoot d’adrénaline assuré ! Ce n’est pas une petite biche mais bien un ours !

Julien, en tant que bon chef de famille hurle (je n’ai pas bien compris ce qu’il disait), tel un guerrier, faisant déguerpir l’ours. Armés de nos 2 bombes à ours et de la lance « fait maison » de Ju, nous ouvrons la tente pour vérifier : RAS.

Nous avions respecté à la lettre les consignes de sécurité. 15 mn après, nous nous rendormons sur nos deux oreilles.

Tout va bien pour nous, le Montana mérite vraiment sa réputation.

Lorsque nous avons du wifi (environ 1 fois par semaine), nous faisons un moment « messages » dans la tente où nous lisons tous vos messages. Cela fait vraiment plaisir, merci !

A bientôt et prenez bien soin de vous.

La French Family

L’aventurière en herbe

Je viens de fêter mes 7 mois et je n’ai pas encore eu le droit à la parole. Des personnes nous demandent des astuces et des conseils pour emmener un bébé en voyage itinérant et mes parents ne prennent même pas le temps de répondre !

Ne vous inquiétez pas, je vais tout vous raconter !

Niveau vestimentaire : je suis en body et legging en laine mérinos évolutifs (j’ai 2 ensembles, le grand luxe !).

La nuit : turbulette manymonths + petite couverture polaire et duvet enfant quand il gèle. Durant 2 nuits, j’ai dormi avec maman dans son duvet car les nuits étaient vraiment trop fraîches.

Vu que mes parents m’ont fait naître sans cheveu, je suis toujours avec mon bonnet ou mon chapeau. Quelques paires de chaussettes, 1 pyjama et le tour est joué !

Niveau couches : je fais un mix avec les couches lavables T-mac de chez Hamac (franchement c’est THE couche pour les bébés aventuriers, top super pratique) et les couches jetables pour la nuit ou quand il fait trop froid pour que l’absorbant des couches lavables sèchent (et oui le fait de faire laver à la main mes affaires à mes parents n’est pas très efficace, ils ne font pas 800 tours/mn pour le séchage).

NB de mes parents : le lien sur les couches hamac qu’ils m’ont choisies : https://www.hamac-paris.fr/s/39200_couches-lavables-tmac

Niveau transport vélo : je fais mon bébé koala pour mes siestes :

  • la plupart du temps dans le dos de maman (elle chantonne du Jean Jacques Goldman pour me bercer, des fois elle chante un peu faux mais je ne dis rien …) ;
  • parfois dans le dos de mon papa (il fuse comme un éclair sur le vélo mais qu’est ce qu’il transpire, je suis trempée à chaque fois …).

Le reste du temps, quand je suis réveillée, dans ma remorque. Bientôt je vais avoir un siège vélo à l’avant, j’ai hâte !

Niveau matériel de puériculture : adios le lit bébé, la chaise haute et la poussette. Ca gagne de la place ! Mon incontournable et indispensable : le porte-bébé ergobaby

Niveau alimentaire : mon frère avait « du fait maison bio », ma sœur avait un « mix maison/industriel et bio » et moi… oh bah là maxi relax cool : je mange du pain, du fromage, du beurre de cacahouète et de la glace ; et j’en passe …

Pour rattraper un peu la diversification alimentaire catastrophique (je n’y mets pas du mien non plus, je ne veux pas de compote), maman m’allaite et je mange aussi de la mangue et de la banane pour lui faire plaisir. Et puis la route m’a menée vers Chelsea qui m’a offert des fruits freezedry (pomme, pêche, mangue,…) qu’elle fait elle-même. Je vais enfin avoir une alimentation équilibrée, merci Chelsea!

Pour de vrai, je suis une petite gourmande et comme dit mon père, quand j’essaie de lui attraper ce qu’il boit ou mange, « il ne faudra pas s’asseoir à côté d’elle à table quand elle sera plus grande ! »

Niveau jouets : j’ai 4 jouets « standards » dans ma remorque. Mais franchement, les bâtons, les duvets, les lunettes (j’adore celles de mon frère), les tasses me vont très bien pour me divertir.

Mais mon jeu préféré reste de faire sourire  tous les gens que je croise. Je me régale, on en voit plein de nouveaux tout le temps et je leur tends les bras pour un petit câlin !

Niveau motricité : je joue dans la tente le matin avant de prendre la route, dans l’herbe le midi et en fin d’après-midi et de nouveau dans la tente en soirée. Je veux bien être un bébé koala pendant qu’on roule mais j’ai besoin de me défouler le reste du temps.

Je crois que mes parents prennent des paris dans mon dos pour savoir si je vais passer  la frontière mexicaine en marchant. 

Niveau éducation: je suis tout le temps avec ma famille et il y a toujours quelqu’un pour me montrer des choses (flore, faune, …). Par contre, mes parents ont réalisé que je les comprenais, du coup ils commencent à me fâcher quand je n’en fais qu’à ma tête. Ça fait bien rire mon frère et ma sœur.

Niveau câlins : oh bah là rien à redire, j’en ai tout plein. Je ne sais même plus où donner de la tête. Ce que j’adore le plus : être toute seule avec mon frère et ma sœur dans la tente. Ils me font faire plein de bêtises et on se marre bien.

Niveau sommeil : pas de souci pour mes siestes en journée, je suis bercée au rythme des coups de pédales. La nuit, je vis au rythme des bruits des duvets, des fermetures éclairs, mais je suis contente d’être entourée et puis bientôt je pourrais me déplacer et choisir où dormir ! Mes parents m’ont pour le moment attribué une place et ont mis en place des rituels. Ca me fait bien marrer, je leur souris, ils sont contents mais je me réveille quand même quand j’ai envie!

Niveau douche : à la maison, j’étais toujours baignée à la même température. Là, les températures de mes douches (je ne peux pas appeler cela un bain) varient entre 12 et 25 degrés. 95% du temps nous n’avons pas d’eau chaude. Je suis baignée soit dans les rivières ou les lacs. Si cela est vraiment trop froid, mes parents font chauffer des gourdes d’eau au soleil. Je ne crains pas du tout l’eau froide/tiède. Une petite douche tous les 2/3 jours fait l’affaire.

Niveau vaccin : je suis à jour de mes vaccins jusqu’à mes 6 mois. Pour mes vaccins des 11 et 12 mois, papa me les fera après s’être entraîné avec le médecin les mois précédents.

Bref, soyez rassurés, un bébé en voyage, si on le sent, ça se fait ! Et promis je suis sage comme une image! Si vous avez des questions, continuez à nous demander des détails via le formulaire de contact du site, je vous répondrais volontiers. 

See you later! Your little Anna

L’Amérique !

Spéciales dédicaces !!

– à nos merveilleuses rencontres de la semaine : Chris le menuisier, Loïc et Lou (rdv au Mexique et encore désolé de vous avoir emmené sur ce chemin caillouteux mais heureusement le bonheur était au bout du chemin!), Denis responsable d’un camping en bord de lac nous ayant offert la nuit et qui a gâté les enfants comme jamais, John (merci pour la super tenue Trek, tu fais désormais parti du voyage!), Valerie et Kevin qui nous ont accueillis comme si nous étions de leur famille ;

– à Aude qui voulait un audio des enfants mais aussi des parents ;

– à Lulu et Benoît pour le choix de la musique (on la chante à longueur de temps sur nos vélos désormais ! On verra demain en montant le col si cela chantonne encore !) ;

– à Marion et Alice, les premières leçons sont données ! On suit précieusement vos conseils ;

– à Joe Dassin évidemment (Pierrot, tu crois que cela fait collier à boules ?)

– et à vous tous : 1000 mercis de nous transmettre votre énergie et vos ondes positives !

À bientôt !

Bises de nous 5 (désolé, la bise d’Anna est un peu baveuse, elle fait ses dents …)

On s’baladait sur la Great Divide… le cœur ouvert à l’inconnu !

Après les questions sur la communauté indienne et les ours est venu le temps de nous pencher sur les mines. Traversant Sparwood, ville minière depuis 1900, nous avons pu nous y intéresser de près.

Nous avons ensuite été hébergés à Fernie par Lisa et Randal. Quel accueil et quel plaisir de partager de nouveau du temps avec une famille canadienne. Leur petite ville entourée de montagnes est magnifique. Belles maisons individuelles en bois avec de jolis jardins arborés, ordonnées à l’anglo-saxonne : avenue pour l’axe Nord-Sud, street pour l’axe Est-Ouest. Une ville à taille humaine avec tout ce qu’il faut pour être  heureux : piscine, cinéma, bike parc et terrains de sport, des circuits VTT, 1 rivière où il fait bon se baigner, des montagnes, un centre historique, une brasserie  et un bon glacier. La ville idéale ! 

Nous avons repris la gravel road. Linka, une slovaque, et Miha, un tchèque, ont partagé avec nous la fin d’une étape (un peu dure car 34km en chemin avec pas mal de dénivelé). Antoine est parti avec eux devant pour trouver un spot pour la nuit. En règle générale ,le paysage est sublime mais comme les règles de grammaire françaises il y a une exception. Nous concernant, ce sera la higway 3 prise entre Sparwood et Fernie, trop, trop de trafic …

Quelques informations générales en vrac : nous pouvons avoir des variations de température d’environ 25 degrés sur 24h, nous avons établi une liste de courses nous permettant d’être autonomes 5 jours en nourriture (sachant qu’on filtre l’eau et que nous en trouvons partout). Les emplacements dans la tente et le chargement sur nos vélos sont désormais établis. La nourriture et notamment les fruits et légumes sont hors de prix. Il y a des canadiens vraiment friendly.

Pour les enfants :

  • Antoine est épatant sur son vélo, il aime écrire dans son cahier de bord et acquière tous les jours de l’autonomie sur le montage du camp. Il est encore en forme le soir pour se baigner, jouer, … Notre petit Robinson Crusoé. 
  • Agathe pédale quand elle le veut, elle est d’une grande aide dans les grosses montées pour pousser nos montures les unes après les autres, nous organise la tente aux petits oignons, est très autonome sur les tâches quotidiennes et commence ses leçons de lecture avec plaisir. Nous avons gagné un temps fou pour son choix de vêtements chaque matin ! Sa garde-robe étant bien plus restreinte.
  • Anna : elle sourit à tout le monde, sait désormais se tenir assise et se retourner sur le ventre. Une belle relation est installée avec son frère et sa sœur qui jouent souvent avec elle au moment des pauses et des bivouacs. Elle observe plantes, insectes et autres animaux durant de longues minutes. Et … ne fait toujours pas tout à fait ses nuits.

Il y a une réelle inertie avec 3 enfants que nous acceptons. Nous partons souvent le matin à 11h30 mais profitons tous les 5 tranquillement. Nous faisons des rencontres superbes, prenons plaisir à parler anglais et prenons, comme nous le voulions du temps pour nos enfants. Pour nous, parents, nous avons pris nos marques, nous nous sentons très bien et sommes juste heureux !

Nous quittons le Canada pour les States après avoir passé 3 nuits et 2 beaux jours de repos à Moon Lake avec Emilie, Loïc et leurs 2 enfants, Augustin et Achille, des cyclos suisses. Rendez-vous pris ensemble pour la Baya California au Mexique.

Le coin des anecdotes :

  • j’étais dans un supermarché avec Antoine et Agathe qui étaient un peu excités et une employée fait 1 annonce micro en anglais. « Elle a dit quoi maman ». « Qu’elle voyait 2 enfants faire un peu les fous et que si ils continuaient, ils allaient devoir sortir sans avoir fait les courses avec leur maman ». Je ne leur ai jamais dit mais impeccable, ils ont été par la suite d’une sagesse impressionnante !
  • Un cyclo nous double et lance en anglais à Julien qui roulait  avec Anna en porte bébé : « je vais être papa dans 1 mois, je veux juste être comme toi après ! »
  • Une dame nous interpelle au bord de cette fameuse highway3. Elle nous arrête et nous tend 4 petits cartons. Ce sont des bons cadeaux pour avoir des glaces. Elle nous a doublé, elle a trouvé notre convoi « amazing « , est allée au magasin de glaces et est revenue sur la route pour nous offrir les bons. Les glaces étaient délicieuses, merci madame ! Nous sommes désolés pour vous, Happy Cow,  n’a que deux magasins,  tous deux dans les rocheuses!!!! Pas de vélo, pas de glaces happy cow ! Mais on en dégustera pour vous!

Rubrique matos, pour ceux qui savent calculer le développement d’un braquet :  Loïc a électrifié leurs deux vélos de voyage avec un kit Canadien de chez Green technologie. Et il recharge une batterie en 5h de soleil avec un panneau solaire de 100w.  Un combo qui permet  de gagner en distance et en vitesse. Une idée à creuser !

Allez, see you later les copains/famille et tous ceux qui nous suivent ! A bientôt pour de nouvelles aventures!

Nos premiers jours d’itinérance

Waouh ! ce lot d’émotions depuis notre départ !

Départ de la première journée sous 36 degrés et arrivée avec la pluie, on a pu tester la crème solaire, les pares soleil de la remorque, les vêtements de pluie,… : test réussi avec 42 kms à la clef. Pas le choix pour sortir de Calgary… Une chance inouïe : Paul nous a accompagné et nous a servi de guide ; Antoine était à ses côtés et a avalé les kms. Une si belle rencontre ! Et ce ne sera pas la seule !

Le lendemain, le trafic routier trop important nous dévie de notre itinéraire prévu : on va couper par l’Est par une gravel road. Celle ci traverse une réserve indienne. Aller à la rencontre des natifs serait un beau cadeau de cette journée. Malheureusement lors de l’arrêt remplissage de gourdes chez un couple à la pause de midi, c’est la douche froide. « Vous ne devez pas avoir envie de rencontrer des indiens ! Ils sont ivres et dangereux ; ils peuvent vous menacer ou vous voler de l’argent ! » Le couple nous conseille même de prendre l’autoroute pour ne pas traverser la réserve. Les jugeant un poil conservateur et, pour notre part, plutôt confiants dans la nature humaine, nous tentons malgré tout la voie par la réserve. Hélas, la route est barrée avec interdiction de passer. Les gens croisés sur la route avant la barrière nous tiennent le même discours et confirment qu’il faut demander la permission pour rentrer sur une réserve. Les cicatrices des peuples premiers ne sont donc pas refermées et les deux communautés ne semblent pas vivre ensemble😪. Nous pouvons largement le comprendre au vu de l’histoire, mais on ne se doutait pas que la fracture était toujours si importante. Marion fait le parallèle avec la ghettoïsation des aborigènes d’Australie et l’anéantissement de leur mode de vie par l’homme blanc. Les enfants ne comprennent pas, engendrant environ 200 questions d’Antoine et Agathe à ce sujet.


Notre GPS ne connait pas l’histoire nord amérindienne ni les interdictions de passage… Il est 18h30 et là on découvre la réalité canadienne. Les propriétés sont fermées, sans sonnette, et il est interdit de planter la tente sur le bas côté. Tout cela nous est expliqué par un canadien ayant un pick-up. Nous réfléchissons à une solution de repli et là… il nous propose de nous charger dans le pick-up et de nous emmener au camping. Merci Hira ! Les enfants étaient fous de joie.

Nous sommes passés par Canmore où nous avons pu faire la connaissance de Marion pour le bonheur de chacun. Entre Paul et elle, nous avons pu comprendre la culture canadienne, monter notre itinéraire pour que notre début de voyage sur la great divide soit réalisable (réservation de camping, transport d’Antoine sur une section très difficile, réponses à nos questions sur leur vie quotidienne…).

Nous commençons donc la Great Divide Bike Moutain Road dans de superbes conditions.

Perdus dans la montagne, nous croisons Paulo, fan de photographie avec qui nous passons une journée de repos, encore une rencontre riche!

Nous sommes actuellement à Elkford après 15 jours d’itinérance.

Les enfants sont épatants, ils prennent tout avec le sourire. Les camions qui passaient à côté de nous en début de parcours sous la pluie:  » waouh cela fait des brumisateurs géants ». Ils rigolent encore à 20 h après avoir pris 5 orages sur la tête, monté des côtes à 20% et 600 m de dénivelé. Heureusement ce jour là, Anna avait décidé de dormir de longues heures.

Nous, adultes, sommes passés par beaucoup d’émotions : la joie de commencer enfin, la fatigue, un chargement très lourd, la bonheur et l’enrichissement des rencontres, la météo défavorable et la sensation de vivre au plus près de la nature et simplement. Bref un beau mélange d’émotions ! La chose la plus importante dans nos sacoches que nous avons pu apporter est l’humilité et l’adaptabilité.

Nous sommes en train de prendre nos marques à 5, avoir quelques automatismes du quotidien, et le sourire des enfants nous donne une si belle énergie! Nous sommes vraiment heureux d’avoir pu commencer cette Great Divide. Nous ne savons pas quand nous l’arrêterons, nous arrivons à transporter 5 jours de nourriture (merci à Paul pour ses recettes de cuisine nord américaines: on se régale !). À ce jour, les villes se font rares. Nous passons plusieurs jours sans voir aucune habitation ni commerce.

Nous avons osé y croire avec nos 3 enfants dont un pédalant seul et un bébé et… notre rêve se réalise.

Merci pour vos messages arrivant par différents biais, cela fait chaud au cœur.

Pour ceux qui veulent suivre de plus près notre parcours, voici ci-joint le lien avec le tracé de la Great Divide Moutain Bike Road, c’est le tracé violet et nous avons commencé de Morley :

https://www.adventurecycling.org/routes-and-maps/adventure-cycling-route-network/interactive-network-map/

A bientot quand nous capterons de nouveau !